De l’utopie à la réalité : propositions

Jean-François Milet : "Le semeur".
Jean-François Milet : "Le semeur".

La dernière contribution parue sur ce journal (1) a fourni un commentaire dont la pertinence appelle des éclaircissements. Voici le texte :

"Merci pour cette excellente analyse que je découvre ce matin. Je reste néanmoins sceptique sur votre approche de solution qui s'appuie sur une dynamique sociale utopiste, si je m'en tiens à l'état des lieux de notre pays. Néanmoins,

- Sans un minimum de foi en l'humain, à son génie créateur, rien ne pourra germer.

- Les acquis sociaux même s'ils sont modestes pour la majorité de la population algérienne, ils sont palpables. Il est vrai que nous aurions pu faire beaucoup mieux depuis notre indépendance.

- Comment concrètement arriver à créer une dynamique sociale, sans un noyau dur, fédérateur, vu le faible niveau de culture associative dans notre pays ?

- Votre proposition mérite, réflexion et actions. (...)

Fouad K*..."

Examinons point par point ces observations. Le scepticisme est parfaitement compréhensible, considérant la situation du pays.

Cependant, combien de fois, dans tous les pays et aux diverses époques, n’a-t-on pas constaté une situation du peuple autorisant et justifiant le pessimisme ? Citons, pour se limiter à quelques exemples historiques, la Rome impériale d’avant la révolte de Spartacus, la France d’avant 1789, le même pays avant le déclenchement de la Commune de Paris de 1971, la Russie d’avant le soulèvement de 1905 puis de 1917, la Chine d’avant l’élimination de l’empire multi-millénaire en 1911, l’Algérie d’avant le déclenchement de la guerre de libération nationale, la Hongrie de 1956, jusqu’à la France d’avant le mouvement de mai 1968.

Dans chaque cas, l’opinion générale se limitait à constater l’abrutissement du peuple, son aliénation, son fatalisme, son servilisme, sa réduction à « ghâchi ». Même les plus informés et les plus intelligents, bien qu’ils se consacrassent à l’arrivée de l’événement changeant le système social, n’avaient rien vu venir. Dans ce dernier cas, les plus fameux exemples sont les suivants : Karl Marx fut surpris par le surgissement de la Commune de Paris de 1971 ; Lénine et Trotski aussi bien par le soulèvement populaire de 1905 que par celui de 1917 ; la caste impériale chinoise fut surprise de sa chute ; l’élite intellectuelle algérienne, laïque et religieuse, fut surprise par le déclenchement de la guerre de libération nationale ; juste avant l’irruption de mai 1968 en France, on déclara le fameux « La France s’ennuie ! » ; les révoltes populaires en Algérie, notamment à Alger et en Kabylie, ont également surpris, au point que même un soit disant bien informé a traité la révolte d’octobre 1988 de « chahut de gamins » !

À propos, donc, du mouvement populaire, il me semble que l’observation la plus juste fut celle-ci (je cite en substance, de mémoire, sans me rappeler l’auteur) : la rupture sociale apparaît quand ceux d’en bas ne peuvent plus supporter, et ceux d’en haut ne peuvent plus gouverner.

Le diagnostic est clair. Mais reste un problème : il est très difficile de se rendre compte du moment précis de la rupture. Je l’ai dit : les plus informés et les plus intelligents n’ont pas su détecter son surgissement.

Dès lors, étant donné ce que l’histoire montre et enseigne, est-ce que le scepticisme est de mise ?

Ne faut-il pas, selon une expression consacrée (encore une fois j’en ai oublié l’auteur) suivre le précepte : scepticisme de la raison, optimisme de la volonté ? C’est ce que que Fouad K*... a ainsi exprimé : « sans un minimum de foi en l'humain, à son génie créateur, rien ne pourra germer. »

Cela revient à dire : que lque soit le scepticisme dicté par la situation du peuple, il faut néanmoins manifester de l’optimisme dans sa volonté de s’affranchir de sa situation d’exploité-dominé. Car il est difficile de croire qu’un être humain, une fois conscient de sa situation servile, se complaise à l’aimer et à s’en accommoder, même s’il est victime des trois malédictions : le bâton de la répression, la carotte des subventions limitée, et l’opium d’une religion trafiquée. Il faut ne pas connaître le peuple, il faut avoir une mentalité d’étatiste élitaire et/ou de mandarin courtisan (serviteur volontaire, trouvant son avantage à sa situation) pour mépriser le peuple au point de le croire susceptible de se complaire dans sa servitude.

Pour revenir à l’Algérie, les divers soulèvements de résistance populaires qui ont surgi après l’indépendance nationale sont des preuves que le peuple algérien ne se réduit pas à une « populace fataliste ». Chacun sait que les mouvements populaires ont donné quelques résultats. Comme le d’éclaire Fouad K*… : « les acquis sociaux même s'ils sont modestes pour la majorité de la population algérienne, ils sont palpables. »

Bien entendu, ils sont trop modestes et aléatoires (2). Ce qui explique, en cet automne 2017, ce que chacun sait : que le temps est à la révolte populaire. Cependant, Fouad K*… pose cette réflexion : « nous aurions pu faire beaucoup mieux depuis notre indépendance. » Assurément. À ce propos existent deux visions.

Tou-tes voient ce « mieux » dans une Algérie qui n’aurait pas connu le conflit qui exista durant la guerre de libération nationale, et qui déboucha sur la dictature militaire, suivie par une « démocratie » très limitée.

Quant à la nature de ce « mieux », la majorité le voit dans l’établissement d’institutions parlementaires de type capitaliste ; elles auraient permis au pays un développement dans tous les domaines, notamment grâce à l’existence des hydrocarbures. C’est là, évidemment, une conception étatique élitaire, où le peuple demeure une simple masse à manœuvrer, comme c’est le cas, aujourd’hui, dans tous les pays capitalistes.

Nous sommes une très petite minorité à concevoir ce « mieux » de manière différente.

L’Algérie et son peuple auraient connu un réel développement sur tous les plans, et démocratique dans le sens authentique du terme, si l’expérience d’autogestion sociale, qui émergea juste après l’indépendance, avait pu être consolidée et généralisée. Nous n’aurions, alors, pas eu le capitalisme d’État benbelliste et boumédiéniste, avec ses tares et ses faillites, suivi par la privatisation mafieuse actuellement en cours, avec ses lots de tragédies passées et ses crises actuelles. Au contraire, on aurait eu une société où liberté et solidarité co-existeraient, avec une possession collective des moyens de production, de distribution et de consommation, auto-gérés par les citoyen-nes eux/elles-memes. Ce qui aurait donné des résultats semblables à ce que les autogestionnaires algériens avaient obtenus juste après l’indépendance, et ce que les autogestionnaires espagnols avaient commencé à réaliser durant les trois années 1936-1939 de la guerre civile dans leur pays.

On arrive donc à la question fondamentale de Fouad K*… : "Comment concrètement arriver à créer une dynamique sociale, sans un noyau dur, fédérateur, vu le faible niveau de culture associative dans notre pays ?"

Les pistes de solutions sont à chercher, à mon avis, de plusieurs manières.

1. Information

Il faut d’abord s’informer sur les diverses expériences, algériennes et étrangères, passées et présentes, en matière de culture et de pratique associatives de citoyens libres, autonomes et parfaitement démocratiques, autrement dit autogestionnaire.

Il faut absolument insister cette exigence d’information pour un motif qui n’est pas évident pour la très grand majorité : c’est que tout a été fait et continue d’être fait pour occulter les expériences autogestionnaires qui ont été et qui sont réalisées dans le monde, y compris en Algérie. Ce qui donne à la majorité des personnes l’impression, plus exactement la fausse opinion, que l’autogestion est une utopie, une conception irréalisable, parce que non réalisée nulle part de manière satisfaisante. Ce qui est TOTALEMENT FAUX ! La preuve : combien de personnes, y compris parmi celles qui se croient les plus informées connaissent l’existence et ont lu des ouvrages comme ceux de Voline et de Gaston Leval, des témoignages de première main d’auteurs engagés directement dans l’action, fournissant des documents concrets irréfutables et vérifiables, ou des ouvrages sur l’autogestion algérienne ? (3)

2. Enquêtes

Il faut, ensuite, fréquenter le peuple, connaître suffisamment sa vie matérielle, ses conceptions idéologiques et ses aspirations concrètes. Cela nécessite des approches personnelles, complétées par des enquêtes objectives sur le terrain, systématiques et approfondies.

Personnellement, ma famille étroite et élargie est typiquement populaire. Mais vivre en son sein ne suffit pas à connaître le peuple dans ses diverses composantes et multiples réalités concrètes. Par conséquent, même si l’on fait partie d’une famille authentiquement populaire, il est nécessaire d’élargir, d’approfondir, de compléter les connaissances concrètes par la fréquentation suffisante des autres parties du peuple, dans les villes comme dans les campagnes.

À ce propos, que l’on me permette de relater une expérience personnelle.

En 1973, Abdelkader Alloula, alors directeur du Théâtre Régional d’Oran, me demanda d’écrire une pièce de théâtre sur la "gestion socialiste des entreprises". J’ai répondu ceci : bien qu’étant fils d’ouvrier, et ayant fréquenté l’usine de chaussures où il travaillait, j’estimais ne pas connaître assez la réalité du monde du travail pour écrire et mettre en scène une œuvre sur ce thème. Je demandai donc la possibilité de faire une enquête personnelle sur le terrain, étendue à l’ensemble du territoire national. Elle me fut accordée. Mon enquête dura un mois. Il m’a fallu trouver les moyens pour ne pas me contenter des visites officielles, et de constater ce que les directeurs d’entreprises et les responsables syndicaux inféodés voulaient me cacher. Grâce à la complicité solidaire de camarades travailleurs ou syndicalistes honnêtes, j’ai pu, alors, constater la réalité vraie des travailleurs, et ce qu’était réellement la réforme dite « socialiste » des entreprises. En fait, c’était l’élimination totale de ce qui restait de l’autogestion, et la mise en place d’un capitalisme d’État. C’est uniquement par cette enquête sur le terrain, systématique et objective, que je me suis rendu compte de la situation réelle des travailleurs dans les entreprises publiques algériennes.

De retour à Oran, j’ai déclaré mon incapacité d’écrire une pièce de théâtre sur les travailleurs, parce que j’aurai dénoncé la mystification officielle, ce qui était impossible (4).

Retournons au peuple. Ne commettons pas la stupide erreur de croire que les membres des services de répression (mouchards, policiers et soldats) ainsi que les délinquants (voleurs, violeurs, trafiquants de drogue, proxénètes, prostituées, etc.) ne font pas partie du peuple. Simplement leurs caractéristiques sont différentes, matériellement et psychologiquement.

Ne font pas partie du peuple uniquement celles et ceux qui l’exploitent et le dominent directement : les membres de la caste étatique et des castes privées (mafieuse, compradore et capitaliste classique). Quand à la classe moyenne, il faut garder en vue deux éléments :

- sa composition en trois catégories absolument différentes : couche supérieure (matériellement et idéologiquement proche des castes dominantes), moyenne et inférieure (cette dernière matériellement et psychologiquement proche du peuple)

- les oscillations de la couche inférieure de la classe moyenne, tour à tour désirant jouer au garde-chiourme des castes dominantes (quand elle bénéficie d’avantages matériels suffisants), ou se révoltant (dans le cas contraire) en se considérant partie du peuple exploité-dominé (5).

3. Organisation

Il faut, enfin, s’organiser en associations libres, autonomes, démocratiques et pacifiques pour examiner les résultats des enquêtes, présenter des propositions. À ce niveau des problèmes surgissent. Le premier est de ne pas se cantonner à former des organisations élitaires, coupées du peuple, mais de s’efforcer (ce n’est pas facile) d’associer des membres du peuple à ces organisations. Tant qu’ils ne sont pas présents, hommes et femmes, l’association demeure élitaire, parasitaire, stérile. Le prétendu « noyau dur » est, en réalité, faible.

Si l’on est incapable de convaincre, avec pédagogie et patience, des citoyen-nes exploité-es pour s’associer ensemble avec nous qui, éventuellement, disposons d’une conscience sociale plus avancée, comment, par la suite, espérer former un mouvement social réellement populaire ?

Est-il logique et raisonnable de reprocher au peuple son incapacité à agir de manière conséquente, alors que, dans le même temps, nous sommes incapables, nous, de savoir le convaincre ? Alors, que valent nos connaissances ? Un problème plus grave pourrait être l’interdiction de ces activités pacifiques, pourtant conformes à la Constitution, par les autorités. Dans ce cas-là, il faudrait recourir à l’intelligence pour trouver néanmoins le moins de se réunir et de débattre.

Non ! Pas de clandestinité. Pour plusieurs motifs. Il y aura assez de mouchards pour être rapidement découvert. Il sera facile aux autorités de justifier leur interdiction précisément par cette clandestinité. Il y a le risque de former une « élite » conspirationniste qui se transforme en « professionnels » du changement social, portés à se croire les « meilleurs » et à « diriger », à la manière de tous les « révolutionnaires professionnels » du passé.

Il faut absolument trouver le moyen d’agir publiquement. Que chacun donc recourt à son imagination et à son intelligence pour trouver les moyens.

Bien entendu, comme l’affirme Fouad K*…, un « noyau dur » devrait naître et, pour exister, il doit être solidaire, autrement dit fédéré. Mais, là aussi, attention à ce qu’il ne se transforme pas en une minorité de « guides », de « dirigeants ». Pour deux motifs. Un « noyau dur » est facilement éliminable par la répression. La ghettoïsation groupusculaire est stérile.

Aussi, dès le départ, il faut que les membres de ce « noyau dur » agissent immédiatement afin que tout-e autre membre de l’association soit capable d’assumer les mêmes fonctions, les mêmes activités. Autrement dit, que le « guide », le « dirigeant » (plus exactement la personne qui dispose de plus de connaissance et/ou expérience que les autres) s’attache en premier lieu à aider ses compagnons à être, de la même manière, des « guides » et des dirigeants d’elles et d’eux-mêmes. Voilà la supériorité (mais aussi la difficulté) de l’autogestion sur tout autre méthode de changement social réellement radical.

Ainsi, me semble-t-il, par l’exemple concret, par l’activité intelligente, pacifique, libre, autonome et démocratique citoyenne, petit à petit se répandra la pratique et la culture associative authentique, c’est-à-dire émancipatrice.

À ce propos, il faut rappeler sans cesse et toujours un fait : ce processus d’auto-émancipation demande du temps, des mois et des années ; quelquefois même, oui, des générations. Ainsi fonctionne la société humaine. Il faut donc commencer, associer des « gouttes de pluie » (les personnes de bonne volonté, les membres du peuple et ses ami-es sincères), les faire devenir des « ruisseaux » (associations), qui deviendront des « fleuves » (fédérations), jusqu’à constituer un « océan » (mouvement social populaire général). C’est ainsi que l’histoire humaine fonctionne, partout et toujours. Le temps est un facteur dont il faut tenir compte. Cela ne doit porter ni à temporiser (excuse opportuniste ou lâche) ni à se précipiter (de manière aventuriste, irresponsable, stérile). Mais agir au jour le jour, selon ses propres capacités, en suivant une démarche rationnelle, tenant compte des réalités concrètes.

Le but est de contribuer à ce que les citoyen-nes acquièrent un niveau de conscience élémentaire. L’acquisition de celui-ci devrait permettre de le porter progressivement au niveau le plus élevé, et cela par la pratique de l’auto-organisation, autre terme pour autogestion, pour aboutir à l’auto-gouvernement.

Et ne perdons jamais de vue un aspect. Désormais, l’histoire mondiale, dont l’Algérie fait partie, a démontré que l’humanité est parvenue a une phase nouvelle. Dans celle-ci, ni les révoltes citoyennes violentes (spontanées ou manipulées) ni la violence armée de groupe (quelque soit sa couleur idéologique) ne donnent jamais le résultat escompté, celui en faveur du peuple exploité-dominé. Les révoltes accouchent de quelques concessions au peuple ; elles sont, toujours et partout , progressivement éliminées au fur et à mesure du renforcement de la caste dominante (2). La violence armée accouche, toujours et partout, d’une caste qui domine le peuple, par la même violence institutionnalisée.

Désormais, quelque soit le pays, le changement social radical, autrement dit mettant fin à l’exploitation-domination, ne pourrait se réaliser que par l’action citoyenne libre, autonome, démocratique et pacifique. Toutes les autres solutions ont prouvé leur inaptitude.

Ce processus exige, répétons-le, une phase temporelle plus ou moins longue. Cependant, les résultats sont constatables immédiatement, au fur et à mesure de l’existence d’associations citoyennes fonctionnant de manière autogérée.

Le but est la formation d’un mouvement populaire assez puissant pour effectuer le changement social en sa faveur. Qui donc s’opposerait à l’élimination de l’exploitation-domination sinon celle et celui qui en profitent ? Qui donc désirerait cette élimination sinon celle et celui qui en sont les victimes ? Pour y parvenir, il faut de la volonté généreuse, de l’imagination intelligente, de l’effort soutenu, du temps, de la patience, de l’endurance, le plaisir d’agir pour la beauté et la bonté de soi-même et de l’humanité toute entière dont on fait partie.

Et même si l’on n’a pas le bonheur d’assister et de participer au « grand événement », - le large et puissant mouvement social populaire national, par le peuple et pour le peuple -, on aura du moins la joie d’y contribuer, en citoyen-ne libre, autonome, solidaire, réalisant la plus belle partie de notre humanité.

J’ignore si j’ai fourni les éclaircissement désirés par Fouad K*… Dans le cas contraire, bienvenus son commentaire et d’autres. Faut-il ajouter une précision ? Je n’ai pas la stupide outrecuidance de croire détenir les solutions, mais simplement la volonté, comme citoyen, de stimuler l’existence d’un débat libre et démocratique.

Kaddour Naïmi

[email protected]

Notes

(1) Deuxième lettre aux sincères ami-es du peuple

(2) Voir, par exemple, l’article de Nordine Grim : Les réformes de 1988 passées à la trappe

(3) Voir La révolution inconnue ; La (méconnue) plus importante révolution du XXè siècle ; Belle comme un comité d’autogestion

(4) Plus d’informations à ce sujet ici : http://www.kadour-naimi.com/f-ecrits_theatre.html, Livre 1.

(5) Voir Forces en présence et agent central de changement ; Forces en présence et agent central de changement (II) ; Forces en présence et agent central de changement (III)

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Commentaires (23) | Réagir ?

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fateh yagoubi

merci

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thameur chelali

Merci

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