Kamel Daoud : "Les habitudes virulentes de Boudjedra sont connues de tous"
Rachid Boudjedra a finalement réussi à attirer les projecteurs sur lui. Et de quelle manière !
Après la réponse cinglante de Yasmina Khadra, c'est Kamel Daoud, lui aussi gravement mis en cause par Rachid Boudjedra dans son livre "Les contrebandiers de l'histoire" paru en Algérie, de sortir de son silence en portant plainte à Oran contre l'écrivain. Par ailleurs, l'auteur de "Zabor ou les psaumes" a également rendu public dans huffpostmaghreb un communiqué dans lequel il avoue avoir "longtemps hésité à prendre cette décision".
Un tantinet amère envers Boudjedra, Kamel Daoud écrit qu'"il n’est pas facile en effet de réagir aux propos diffamatoires d’un écrivain qu’on admirait tant, une des figures aînées de la littérature algérienne, Rachid Boudjedra, et qui, aujourd’hui, semble s’enfoncer dans les compromissions, opter pour le scandale comme moyen d’expression – au lieu du talent". Il qualifie même la situation d'"un échec pour tous". Au passage, l'écrivain règle ses comptes aussi à l'éditeur auquel il reproche un manque de "rigueur" et "d'éthique".
Puis de se replacer à sa hauteur d'homme : "Mais comme tout Algérien, j’ai le droit à la dignité, à l’honneur préservé, à l’intégrité". Kamel Daoud avoue essayer "d’être un écrivain de cette Algérie qui passionne jusqu’à la douleur ou l’aveuglement sur soi", acceptant même "la critique, la différence, le droit même aux détestations".
"Les habitudes virulentes de Rachid Boudjedra sont connues de tous, et nombreux ont été la cible des humeurs de l’écrivain", écrit-il. En effet, Boudjedra est un récidiviste. Il a déjà lancé ses critiques vipérines contre d'autres auteurs comme Kateb Yacine.
Kamel Daoud s'indigne de la légereté des accusations de l'auteur de "L"escargot entêté". "Cette fois il s’agit d’une diffamation grave, d’une insulte à ma personne, au père et au fils que je suis, à la mémoire blessée de ma génération : lire dans un ouvrage publié que j’ai été « très jeune membre du GIA !», donc membre d’un groupe d’assassins qui a marqué au sang notre souvenir et nos corps, m’est intolérable. Insupportable. Parce qu’il s’agit d’un groupe d’assassins, parce que cela nous a coûté une décennie de massacres, parce que beaucoup ont été victimes de ces meurtriers. S’amuser avec ce sigle pour régler ses rancunes n’est pas une insulte à ma personne, mais à nous tous. C’est une diffamation si grossière qu’elle laisse désarmé".
Et de rappeler sobrement que "durant les années du GIA, j’étais journaliste, exerçant ce métier qui a payé de ses martyrs sa vocation. Je n’avais pas un couteau, mais un stylo." Kamel Daoud est un homme acculé par la bêtise, affligé de devoir répondre à un écrivain aîné. "J’ai tout accepté de cet écrivain aîné et admiré : même les propos faux, les exagérations, les dérives – et depuis des années déjà. Mieux : je l’ai soutenu sans réserve lorsqu’il a été piégé de manière abjecte il y a quelques temps". L'auteur exige désormais des excuses publiques de Rachid Boudjedra. Et annonce son dépôt de plainte au niveau de la justice "pour qu’on consacre le principe du droit à la dignité pour chacun et que cesse cette prétention à l’immunité au nom de l’humeur".
Yacine K.
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جزاكم الله خيرا
merci pour les informations
wanissa