Barrage de Foum El Gueiss (Khenchela) : les travaux de dévasement abandonnés

Barrage de Foum El Gueiss (Khenchela) : les travaux de dévasement abandonnés

Le projet de dragage de la vase du barrage de Foum El Gueiss, dans la wilaya de Khenchela, vient d'être abandonné par l'entreprise italienne qui a pris en charge les travaux depuis le début de l'année 2017. Le barrage a été officiellement mis à l'arrêt en juin 2015, en préparation de l'opération de dragage de la vase accumulée dans la cuvette de l'ouvrage.

Le constat d'échec fait au sujet de la tentative de vider le barrage de sa vase, constitue un coup dur pour l'économie locale, essentiellement basée sur l'agriculture, particulièrement en ces moments de sécheresse qui a réduit le volume emmagasiné dans les autres barrages au minimum vital.

Envasé depuis le milieu des années 2000, le barrage de Foum El Gueiss, situé à cheval entre les communes de Kaïs et d'El Hamma, dans la wilaya de Khenchela, a été mis à l'arrêt suite à son envasement total. Un grand sentiment de frustration s'est emparé de la corporation des agriculteurs de Kais et de la plaine de Remila dont les récoltes dépendent étroitement de ce barrage. Les responsables de l'Agence nationale des barrages et transferts (ANBT) qui ont pris cette décision, avaient proposé, en 2015, à ce que les parcelles agricoles habituellement irriguées à partir du barrage de Foum El Gueiss (entre 5000 et 6000 ha), soient prise en charge par le barrage de Koudiat Lemdouar situé dans la région de Timgad, à quelque 50 km de la ville de Batna. Mais, cette opération ne semble pas, pour l'instant, réaliste, du fait même de la rareté des précipitations depuis la fin de l'année 2015, phénomène qui a sérieusement ralenti le remplissage des barrages. L'intérêt se tourne aussi vers le nouveau barrage de Taghrist, dans la commune de Yabous, relevant toujours de la wilaya de Khenchela et dotée d’une capacité de stockage de 7,5 millions de mètres cubes. Cependant, les adductions ne sont pas encore réalisées en direction des terres autrefois irriguées par les eaux de Foum El Gueiss.

Les opérations d'extraction de la vase (dévasement), prévues dans l'étude réalisée par le bureau d'études français Hydropolus, avaient traîné en longueur - l'avis d'appel d'offres national et international a été lancé le 16 octobre 2005 par l'Agence nationale des barrages et transferts (ANBT) -, avant qu'elles ne soient confiées à une entreprise italienne. Elles n'ont pas permis de recréer un minimum de capacité qui puisse être exploité par les agriculteurs de la région. Quant à l'eau potable, cela fait longtemps que l'on ne compte plus sur cet ouvrage, particulièrement depuis que le barrage de Koudiat Lamdaouar est mis à eau en 2007, sachant qu'il reçoit aussi des apports importants (200 millions de m3) du barrage de Beni Haroun, situé dans la wilaya de Mila.

Le barrage de Foum El Gueiss, d'une capacité de 2,5 millions de mètres cubes, dont les travaux de dragage viennent d'être abandonnés, fait partie des barrages hérités de l'administration coloniale. Sa construction a commencé en 1910 et sa mise à eau est intervenue en 1939. Son bassin versant, qui s'étend sur 156 km2, est constitué d'un sol fragile, friable, à base d'argiles et des schistes, facilement érodable, d'autant plus que le couvert végétal est réduit à la portion congrue suite à la dégradation de la forêt et des maquis. Cette vulnérabilité du bassin versant à valu au barrage un envasement complet, offrant ainsi l'image d'un vestige antique. Les monts décharnés de Aïdel, Feraoun, Kef Labiodh, à l'Est, et Aourès et Ras Ich Oufertetou, à l'Ouest, qui font partie du système orographique aurésien, ont déversé leurs matières solides pendant des décennies dans le lac du barrage au point de l'obstruer complètement. Ce processus érosif est, bien entendu, amplifié par les pluies torrentielles d'automne qui s'abattent sur la région.

Les opérations de dragage sont lentes et coûteuses. Un principe - basé sur les paramètres techniques et le coût financier -, longtemps répété au sein du corps des hydrauliciens, dit qu' "il vaut mieux construire un nouveau barrage que de désenvaser un vieux barrage". Cette sentence vient d'être vérifiée, en grandeur nature, au niveau du barrage de Foum El Gueiss.

Après le constat de l'impossibilité de continuer l'opération de dévasement, il aurait été proposé que l'ouvrage soit érigé en… site touristique !

Amar Naït Messaoud

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Commentaires (12) | Réagir ?

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fateh yagoubi

merci

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adil ahmed

merci

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