Faillite de l’enseignement supérieur : un simple arrêté pour remonter l'échelle !
Le ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique compte rattraper le retard qui subsiste au sein de ses établissements, en remédiant à la honte des déclassements, sur le plan mondial, des universités, instituts et écoles du supérieur. La trouvaille fut celle d’un arrêté (N° 778, du 8 juin 2017), relatif à "l’évolution des activités scientifiques et pédagogiques de l’enseignant-chercheurs".
Le texte est composé, tout juste de 14 articles et accompagné de deux spécimens de grilles d’évaluations, celle à remplir par l’enseignant concerné en fin de chaque (dite Annexe 1) et celle, d’une fiche d’évaluation du conseil scientifique (Annexe 2). Qu’évalue-t-on à chaque fin de parcours annuel, chez un enseignant soumis à la surcharge des groupes d’étudiants, en cette rentrée 2017-2018 ?
Le ministère exige un certain nombre de paramètres pédagogiques (élaboration et édition d’ouvrages, de cours, de polycopiés, de mise en ligne de cours audiovisuel, de participation à des activités d’expertise ou de conception pédagogique, etc.). De même qu’une évaluation de l’encadrement pédagogique, de la participation aux instances, dites pédagogiques, de la production scientifique, de l’encadrement scientifique et enfin, de la responsabilité et animation scientifique.
Un vaste programme que l’enseignant-chercheur soumet à l’appréciation notée sur 20 points, d’une instance scientifique, à savoir le conseil de la fac, de l’institut ou de l’école. Le tout a pour but de "valoriser l’effort, le rendement scientifique et pédagogique et stimuler le mérite et la compétitivité entre enseignants chercheurs" (Art. 2) visant par-là, une amélioration de la performance de l’établissement universitaire. Une série de rapports- synthèses seront élaborés, dans une cadence hiérarchique, pour aboutir au ministère qui remet le tout dans sa data-base nationale.
Une louable initiative qui semble apporter un certain réconfort moral qu’effectif pour les enseignants-chercheurs. Ces derniers demeurent, pour la plupart d’entre eux, attachés à l’idéal de la réussite dans leurs parcours professionnel et scientifique.
La réalité est plutôt choquante et nécessite plus qu’un énième "arrêté" pour y remédier, sur fond de crises économique, social et culturel. L’état de déconfiture de nos campus se gère par des incompétences flagrantes, regroupant affairisme et népotisme, médiocrité et enseignement archaïque dans des espaces nauséabondes.
L’arrêté 778, ressemble bien à une classification de l’avionneur américain Boeing. Et la question qui se pose est certainement celle-ci : Y a-t-il des instruments fiables pour que le transporteur aérien atterrisse sain et sauf ?
Beaucoup perdent espoir dans la philosophie de réparer l’avion en plein vol. Les institutions universitaires ressemblent, aujourd’hui, à nos aéroports, nos administrations, nos banques et même à ce qui nous reste comme espace vert.
Il ne semble nullement, qu’il y ait une urgence à faire appel aux compétences scientifiques, encore dans l’ombre où sévissent des Homo falvus (Homo fauve) qui détruisent tout à leur passage.
L’arrêté en question n’arrêtera certainement pas les responsables directs des déclassements de nos universités, instituts et écoles du supérieur, face à celles qui collectionnent les prix Nobel et autres distinctions du savoir.
Le ministère en charge des universités devrait, pense-t-on, revoir sa copie en tenant compte du management universitaire en abandonnant les vieux réflexes populistes de l’enseignement et de la recherche.
M. K. Assouane
Université d’Alger-2
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merci
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