Pourquoi la France perd-elle de son influence dans le "monde arabe" ?
Quoique grande puissance coloniale, considérée autrefois par certains historiens comme «le tyran des terres», héritière de la fameuse «Politique Arabe» mise en œuvre par l'empereur Napoléon III (1808-1873) et traditionnellement protectrice des Chrétiens d'Orient, la France se trouve aujourd'hui reléguée au second plan au profit de la Russie de Poutine, devenue maître du jeu en Syrie et principale protagoniste avec les Américains des négociations israélo-palestiniennes!
Pour preuve, en janvier dernier les Palestiniens et les Israéliens n’ont pas participé à la conférence de Paris pour négocier «la solution à deux Etats», proposée par l'O.N.U. Et l’on se rappelle que, pressé en septembre 2013 de «punir» Bachar Al-Assad coupable d'avoir fait usage d'armes chimiques contre les populations civiles d'El-Ghouta, F. Hollande a glissé sur les peaux de bananes jetées sur son chemin par Obama qui s’est, contre toute attente, retiré à la dernière minute de l'initiative interventionniste de son allié. Mais que s'est-il passé pour que la France perde vite ainsi de son influence au moment où, pourtant, le besoin des Etats de la région de s'armer se fait de plus en plus sentir à la faveur de l'émergence de mouvances islamistes radicales, les troubles du Bahreïn en mars 2011, l'éclatement de la guerre au Yémen en 2014, la crainte de déstabilisation du Liban, etc.
Ajoutons à cela le fait que les dépenses militaires au Moyen-Orient sont parmi les plus élevées au monde en parts du P.I.B (de l'ordre de 200 milliards de dollars par rapport aux dépenses mondiales estimées à 1676 milliards d'après les statistiques fournies en 2015 par l'institut international de recherche sur la paix de Stockholm)! Pourquoi alors ce recul des Français, pourtant grands exportateurs d’armes, face aux Russes et aux Américains? Une interrogation d'autant plus logique que l'hexagone semble avoir renforcé depuis 2000 des partenariats d'armement dans la région arabe(vente d’avions Rafales, bâtiments de projection et de commandement, missiles, etc),stationné ses forces militaires en permanence dès 2009 à Abu Dhabi aux Émirats Arabes Unis et lancé l'opération militaire «Chammal» en septembre 2014 en Irak, etc. De même s’y est-il trop investi aussi bien politiquement que culturellement(ambassades, lieux d'enseignement, relations politiques et économiques privilégiées avec beaucoup de pays comme le Liban et l'Arabie Saoudite).
Il s’avère que, affaiblis par la crise économique qui secoue leur pays ces derniers temps et ne pouvant, semble-t-il, agir en dehors du parapluie américain, les officiels français se sont enfermés après des printemps arabes très tourmentés dans l’indécision. Et ce n’est, sans doute, pas la tentative tardive de l’exécutif socialiste conduit par Hollande de supplanter l'oncle Sam dans la coopération économico-militaire avec les monarchies du Golfe, en soutenant le roi saoudien Salmane Al-Saoud qui va changer la donne pour Emmanuel Macron. Car, imprévisible, Trump est loin d’appliquer à la lettre «la politique non-interventionniste» qu’il avait promise durant sa campagne électorale, entreprenant après quelques mois seulement de son investiture des frappes militaires contre l'armée d'Al-Assad, et poussant dernièrement les pays du Golfe à imposer un embargoéconomique au Qatar, accusé d'être le bailleur de fonds du terrorisme international. Une façon de dire que les U.S.A sont toujours là! Mais l’actuel locataire de l’Élysée, réussira-t-il malgré cette influence américaine grandissante dans la région arabe, àmarquer quelques points positifs ?
Kamal Guerroua
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merci pour le sujet
MERCI