Jil Jadid boycotte les élections et dénonce "une présidence qui relève du délire"
Le Conseil National de Jil Jadid s'est réuni samedi 16 septembre 2017. Il a adopté au terme de ses travaux et à la quasi unanimité la résolution suivante :
Jil Jadid note avec satisfaction l’intérêt des citoyens Algériens pour le débat sur la mise en œuvre de l’article 102 de la Constitution. Dans la rue ou sur les réseaux sociaux, ils sont aujourd’hui une majorité à appuyer cette revendication. Le pays est en train de prendre conscience des conséquences désastreuses d’une présidence à vie qui relève du délire et qui démontre une complicité coupable des institutions, censées pourtant être là dans l’intérêt du pays. Le Conseil constitutionnel, le parlement et le gouvernement en entier sont parties prenantes de la trahison de l’Algérie.
En particulier, le Conseil Constitutionnel s’est totalement discrédité par un état d’allégeance totale à M. Bouteflika.
Rappelons que l’Etat de santé du Président, qui est à l’origine du désordre dans le pays, n’est pas nouveau. L’acceptation de la candidature de M. Bouteflika en 2014 avec un dossier médical lourd mais à l’évidence trafiqué, était tout simplement anti constitutionnelle. Cet acte restera inscrit dans la mémoire collective comme une forfaiture contre la Nation. Aujourd’hui, la transgression répétée de l’esprit et de la lettre de la Constitution par le Président de la République est indéniable.
Ainsi, et pour l’exemple, le Président de la République n’accomplit plus ses devoirs constitutionnels pourtant obligatoires. Il ne s’est plus adressé à la Nation depuis 2012 (article 84) et il ne reçoit plus les lettres de créances des ambassadeurs (article 92), fonction qui ne peut d’ailleurs être déléguée (article 101). La fonction de représentation de l’Etat n’est plus remplie (article 84).
Qu’en est-il des autres prérogatives dont l’exercice se fait dans la plus grande opacité et par de tierces personnes ?
Quant aux partis politiques du pouvoir, ils participent allègrement au dépeçage programmé du pays. La corruption généralisée et de grande ampleur concerne leurs premiers responsables politiques et leurs familles ! Cela n’est point une surprise. Après avoir dilapidé aux quatre vents des centaines de milliards de dollars et après s’être engraissés d’argent public jusqu’à la nausée, les voilà applaudissant l’anéantissement de l’économie nationale par des mesures dramatiques d’extrême urgence.
Cette politique drastique aurait pu être évitée : les surfacturations des importateurs véreux à elles seules et aux dires d’un ex-ministre en fonction alors, coûtent autour de 20 milliards de dollars par an (soit 30% des importations) !
Tous les grands projets d’Etat sont rackettés à hauteur de 20% par les hommes d'affaires parrainés par le pouvoir. Au lieu de plaider l’assainissement des milieux d’affaires, les partis du pouvoir crient à tue-tête qu’ils soutiennent le Président de la République alors qu’en ces moments précis il aurait fallu exprimer son soutien aux Algériens qui ont été trahis, trompés et volés par les rapaces, justement nommés par le Président de la République ! L’incompétence des gouvernements successifs et la nuisance avérée du pseudo programme du Président, démontrent, s’il en était encore besoin, la faillite de ce régime.
Mais la singularité de la situation est renforcée par les partis politiques, dits de l’opposition, qui ont fini par briser le silence confortable dans lequel ils se confinaient pour critiquer et se démarquer de la revendication de l’application de l’article 102, inventant pour certains, de fallacieux arguments pour se justifier face à une opinion publique incrédule.
Jil Jadid, comme une partie de la société civile, agit pour l’application de l’article 102 de la Constitution en tant que premier pas vers un changement profond du système. Un plan de sortie de crise et du système politique actuel, a même été présenté. Bon ou mauvais, il n’est qu’une possibilité parmi d’autres… tant que la rue n’aura pas pris le relais ! C’est cet objectif qui a justifié le boycott des élections. Aujourd’hui, hélas, il est devenu clair pour les Algériens, qu’il ne peut y avoir de solutions venant de l’intérieur du régime, largement dégradé par la corruption et l’irresponsabilité. La solution, si elle advenait, viendra de l’extérieur du système. Elle viendra du peuple. Mais pour éviter le chaos, il faut concevoir et défendre une solution. Celle-ci se construit patiemment grâce aux bonnes volontés. Encore faut-il que les opposants joignent le geste à la parole et se décident à orienter leurs attaques contre le pouvoir illégitime au lieu de les braquer sur celles et ceux qui agissent pour le changement.
Le recours à l’article 102 aurait pu être appuyé par exemple, par les députés des partis dits d’opposition, puisque l’article 187 de la Constitution donne le droit de saisine à 50 députés. Cela aurait été bien plus concret et plus utile pour le pays que la soit disant "tribune pour se faire connaitre", bien stérile d’ailleurs, pour justifier une participation au jeu des élections truquées.
Malheureusement, ces partis, qui n’avaient de cesse de dénoncer à très haute voix, la mascarade des élections, ont préféré briser une solidarité naissante contre le système et enterrer les revendications communes, pour obtenir une poignée de sièges.
Après avoir négocié et signé des communiqués de l’ICSO consignant la constatation de la vacance du pouvoir et réclamant des élections présidentielles anticipées, ils se sont délestés, un à un, de cet engagement devenu subitement trop lourd pour eux. Et au lieu de dénoncer les turpitudes du pouvoir, les voilà qui bottent en touche toute revendication de changement, préférant garder un Président absent car, clament-ils, le départ de Bouteflika ne garantit pas le départ du système. Dans leur logique, mieux vaut garder les choses en l’état. Le système refuse de partir ? alors on garde le Président et… le système ! Que cache en réalité ce choix ?
Dans ce climat chaotique, les élections communales ne seront qu’une autre occasion pour que le peuple se démarque de ce régime de corrompus et de ses affidés, par un boycott aussi large que celui des élections législatives. Jil Jadid maintient sa position de principe, et se range du côté du peuple. Il ne participera donc pas aux tentatives de légitimation d’un pouvoir définitivement condamné par l’histoire.
Le Président
Soufiane Djilali
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merci
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