Non ! nous ne lirons pas vos mémoires M. Belaïd Abdesselam !
Quand on lit les chroniques mémorielles de nos politiques, anciennes ou nouvelles générations de dinosaures FLiN-tox, on se retrouve souvent envahi par le même sentiment d’incrédulité face à des révélations qui n’ont comme unique objectif que celui de se dédouaner, par moult envolées, destinées à accuser les autres, de la faillite du pays
Sans verser dans une analyse de haute voltige de ce que contient le résumé des mémoires de notre baroudeur des Industries, sous Boumediène, récemment publié sur les colonnes du Soir d’Algérie, il est utile de rappeler à Monsieur l’ancien premier ministre, certaines vérités qu’il présente sous une vision diamétralement opposée à ce qu’en a retenu tout citoyen lambda, témoin des folies politico-dictatoriales que le pays traverse depuis des décennies, et qui n’ont comme seul résultat que celui de mettre l’Algérie à genou et, comme unique but celui d’en piller les richesses et les partager entre ces clans de malfaiteurs qui ont confisqué le pays et les rênes de nos destinées.
Ainsi donc, Monsieur Abdesselam se présente en ennemi déclaré de l’islamisme et des islamistes, et ce jusqu’aux sommités les plus éclairées, comme le vénérable Taleb-Ibrahimi, un homme qui, malgré un semblant de QI supérieur, est irrécupérable pour une société qui aspire à s’atteler à la modernité, du simple fait d’avoir été formaté, dès le berceau, à la cause du délire et des cyclones d’obscurantisme qui se propagent sans cesse depuis l’épicentre d’Arabie !
Mais si telle position est facile à afficher et tisser, à travers moult blablas offensifs, qu’en a-t-il été sur le terrain, du temps où notre ancien ministre, aux portefeuilles multiples, était aux commandes ?
Rappelons-nous de cet été 1976 ou 77, quand la décision unilatérale fut prise de faire basculer le pays du week-end universel à celui de la sallat el-djamou3a et de ses rassemblements stériles ! Comment diable un anti-islamiste déclaré peut-il accepter tel basculement fatal à l’origine de la plupart de nos déboires, sans essayer d’en dissuader ses supérieurs, quitte à les envoyer paître en claquant la porte s’ils ne se montrent pas conciliants ?
Quel que soit l’angle sous lequel on analyse notre Histoire récente, il est difficile de ne pas admettre que l’élément fondamental, la condition initiale du développement rapide du phénomène islamiste, lequel a mené l’Algérie vers le cataclysme et l’inertie sociétaux que nous vivons, est le remplacement, par le militaire des frontières qu’était votre "ami" (pour éviter d’écrire maitre) Boumediene, du week-end universel samedi-dimanche par celui du jeudi-vendredi.
Ce basculement unilatéral est, sans le moindre doute, la source principale de tous nos maux. Car, imaginez un peu que, du jour au lendemain, les dimanches de repos, de culture, de cinéma, de théâtre, de petites promenades décontractantes, de visites familiales, de barbecues, d’excursions et de découvertes du terroir, de petites bières au soleil, des dimanches de Vie tout simplement, soient remplacés soudainement par des journées de dévotion stricte, avec un facteur exponentiel de ferveur religieuse pour tous les laissés pour compte et autres désœuvrés de la société. Cette journée de convergence vers les mosquées pour les mâles, a entraîné un enchaînement irréversible du fait religieux et des discours, bien souvent immatures, d’imams formatés pour obéir à la violence des "textes", à l’image de cet énergumène d’Ali Belhadj. Lui dont le QI déficient était hermétique aux programmes universels de connaissances, au point de rater x fois son bac, a bien failli prendre les rênes de nos destinées, avec comme unique bagage intellectuel quelques versets coraniques. Des versets et des sourates appris par cœur, sans chercher à en percevoir la moindre signification, qu’elle fût positive ou négative, pour l’évolution de la race humaine, mis à part les menaces habituelles de géhenne, édifiée par un créateur féroce pour y précipiter la race des "kafafirs" qui commettent le délit satanique de s’écarter de la sirrat el-moustaqim.
De mon point de vue, il ne pourrait y avoir de solution qui puisse relancer l’Algérie sur quelconques chemins convergents vers la modernité sans un retour immédiat au week-end universel. Mais pour ce faire, il faudrait des dirigeants aux commandes nantis d’une sacrée poigne de fer, organique et intellectuelle ! Or, nous le savons tous maintenant, ce n’est pas ce fantomatique président, lui dont le seul souci est la façon dont seront organisées ses funérailles, qu’il voudrait aussi grandioses que celles de Boumediene, avec un cercueil suivi par des milliers d’Algérois en transes, scandant à qui mieux mieux "La-illaha-illa-allah, Bouteflika rassoul-ellah" (comme pour les obsèques de son mentor des frontières), qui engagerait tel basculement, pourtant vital pour le pays.
Deuxième souvenir indélébile, pour les citoyens d’en bas que nous sommes, mais que vous n’écoutez jamais, vous les "Zorro" de la politique. Des "Zorro" sans cap, mais une épée constamment dirigée contre le p’tit peuple que vous êtes sensés défendre ! Quand vous étiez Premier ministre, Monsieur Abdesselam, le premier "grand" attentat, celui de l’aéroport d’Alger, annonciateur de la folie islamiste de la décennie noire, à qui donc vous étiez-vous dépêché d’en attribuer la responsabilité ? À la fameuse confrérie des "a3da adjnabia" (les ennemis extérieurs) dont le sommeil est perturbé par les avancées de l’Algérie et qui complotent constamment contre nous ! À d’autres Monsieur Abdesslam ! Les ennemis de l’Algérie sont connus et identifiés ! Ils gravitent tous autour du clan que vous avez servi pendant des années, qui se cumulent en décennies, et la bête immonde que vous avez, ou tout au moins que vous avez laissé, procréer, en connaissance de cause ! Et par telle déclaration insensée, vous n’aviez fait qu’encourager les fous d’Allah à persévérer dans la violence dont vous les aviez disculpés !
C’est bien trop facile de se dédouaner, par les mots, d’un système que l’on a servi, une fois éjecté ! Walakine, ces deux anecdotes sont suffisamment éloquentes pour démontrer que non seulement vous n’avez jamais été contre la poussée de l’islamisme mais qu’au contraire, en tant que ministre et chef de gouvernement d’un pouvoir de chenapans, vous en êtes les proches complices, responsables de leur percée ! De cela, quoique vous disiez ou écriviez, il est impossible de vous en laver !
Par conséquent, ne serait-ce que pour les deux raisons, ci-dessus développées, je ne lirai pas, et ne conseillerai à personne de lire, vos mémoires, Monsieur le ministre ! Le clan Bouteflika saura s’en inspirer pour mieux comploter contre nous, nous dominer et nous emprisonner, du haut d’une manifeste incurie, puisée du désert d’Arabie et de ses édictés préceptes, d’une incroyable fourberie !
Par ailleurs, il semblerait que, dans ses mémoires d’outre-pouvoir, Monsieur l’ex-chef du gouvernement affiche, avec ostentation et fierté supérieures, le fait d’avoir côtoyé les dirigeants du monde de son époque, en insérant, au fil des pages, des photos de souvenirs en compagnie de nombreux présidents et ministres des années 1970, comme pour mieux convaincre les ingrats que nous sommes d’une éminente grandeur que l’Algérie et les clans au pouvoir ont eu tort d’ignorer, car avec lui le pays serait sorti du sous-développement économique et intellectuel depuis longtemps ! La belle blague !
À quand un ouvrage dans lequel, au moins UN ex-dirigeant, s’évertuerait à nous faire part, sans langue de bois ni flaflas, de ses remords exposés sous forme de mea culpa ?
Accuser les autres est un jeu facile et une "performance" que tout être humain est capable d’accomplir avec excellence ! Le plus difficile c’est d’oser se regarder dans la glace, pour soi-même se connaitre et se reconnaitre ! Exercice périlleux et pas très glorieux, n’est-ce pas ?
Kacem Madani
Commentaires (31) | Réagir ?
merci
merci