Vive l’Algérie des autres !
Imaginez un paradis perceptible par nos regards qui le distinguent de temps à autre, dans ces moments où nous faisons la paix avec nous-mêmes, je peux vous dire que cela arrive à cet instant particulièrement éphémère où le désespoir que nous avons approvisionné au fil de nos déboires, se transforme en un jeu d’illusion dont la mort est ornée d’une foi que nous n’avons jamais eu. Cela vous parait étrange… Je peux vous assurer que ça l’est.
Maintenant relisez l’histoire de ce paradis, la genèse de ce vaste espace généreux, demandez donc à vos parents de vous décrire le peuple, le seul peuple d’en bas qui s’est déchaîné comme un dieu pour l’arracher des mains du ravisseur. Ça vous parait toujours étrange d’imaginer une multitude homogène qui se bat pour un seul but, la terre. Imaginez-la maintenant entraîne de succomber, imaginez un sang purifié par la crédulité, se faufiler massivement aux tréfonds de cette terre. Imaginez un sourire devant la maudite mort, un dernier gémissement pour un lendemain meilleur, offert à un inconnu, un frère, et plus tard… Un imposteur privilégié.
Maintenant n’imaginez plus, ouvrez juste les yeux et regardez autour de vous, si vous arriverez à apercevoir ce jeune homme de vingt ans qui vient de perdre la raison, à entendre le dernier soupir de ceux qui se pendent l’un après l’autre dans les villages, à effleurer les mille et une silhouette des femmes qui remplissent vos rues ! Non, pas celles des autres, juste vos rues, à distinguer le sourire de leurs enfants qui nous dépeint leur ignorance d’une vie qui existe ailleurs, loin de ces murs sur lesquels ils s’alignent. Ou de décrire le regard de ce vieux assis au seuil de sa demeure délabrée, cet être misérable qui vit déjà dans l’au delà en se tenant tout droit dans ce qui ressemble à une vie, c’est que vous n’êtes pas un imposteur ! Ces anomalies ne vous démarquent point, elles ne font pas de vous des gens soumis, abandonnés à leur sort, mais si j’étale ce qui reste des irrégularités, j’arriverai sans aucune incertitude à vous défaire du reste.
Le reste ce sont les privilégiés. Une communauté qui vit parmi vous, vous arrivez parfois à les apercevoir là où vous ne faites que passer. Eux, ne vous voient jamais. En fait… Le privilégié c’est le fils à papa de vingt ans dont la raison fleuri au moment où elle quitte votre jeune voisin, c’est un type qui se lève à onze heure, pour faire un saut à sa boite de communication, ou pour se rendre quelques part à bord de sa Mercedes - offerte par un néo-privilégié en guise de remerciements - afin de s’emparer du projet d’un non-privilégié, ensuite il prend son déjeuner à Saint-George, son dîner à l’Aurassi, se baigne à Club-des Pins, et si l’ennuie d’un "privilégié" s’empare de lui, il s’envole aux Bahamas pour se défaire des maux de privilégiés.
Mais vous ignorez que le privilégié doit ! Oui… Le privilégié a des obligations. En fait, il n’en a qu’une seule, qui consiste à vous dompter durant le jour de la fête nationale. Ce moment où il entonne l’hymne national pour survivre et garder son privilège, pendant que vous le faites pour demeurer dans le coma.
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جزاكم الله خيرا
merci