Le 14 juillet 1953 : sept Algériens abattus à Paris
Daniel Kupferstein a publié "Les balles du 14 juillet 1953, le massacre policier oublié de nationalistes algériens à Paris" aux Editions la Découverte.
C’est un parmi tant d’autres crimes commis par la police française que décortique cet ouvrage très bien documenté. Réalisateur de documentaire également, l’auteur a mené une enquête pendant quatre ans pour retrouver les acteurs et les témoins de ce massacre oublié. Ce livre démente un mensonge d’Etat tenu dans le silence.
Le massacre a eu lieu à la fin d'une marche organisée par la gauche française le 14 juillet 1953. Soit un an avant le déclenchement de la guerre d’indépendance. Plusieurs milliers de militants du MTLD ont pris part à cette marche avec des slogans propres à ce mouvement.
Quand les manifestants du MTLD arrive à la place Nation éclatent les premiers heurts. Les policiers tirent froidement sur les marcheurs. Bilan sept morts, dans les rangs du MTLD et des dizaines de blessés. S'ensuit une série de mensonges à tous les étages des institutions de l'Etat. Tout a été fait pour camoufler la tuerie. Une véritable machine de désinformation s'est mise en place. "Dès le 14 juillet au soir, la préfecture de police de Paris publie un communiqué affirmant que 82 policiers ont été blessés dont 19 grièvement atteints, hospitalisés", écrit l'auteur qui affirme que les chiffres donnés par les archives de la police ne sont pas les mêmes.
Daniel Kupferstein va plus loin, il revient sur cet événement avec précision, décortique son déroulement presque minute par minute en s’appuyant sur les archives et les nombreux témoignages recueillis auprès d’Algériens et de policiers qui étaient en exercice. Le tout éclairé par des analyses d’historiens. Un véritable travail de bénédictin sur un massacre au cœur de Paris qui n’a pas ému grand monde. Même la presse s'est montré au mieux nuancée, au pire complice. Le Monde a osé cette explication : "Les origines de l'affaire demeurent obscures. La plus a sans doute (...) prédisposé à la nervosité sinon à la violence : le service d'ordre a pu, en toute bonne foi, prendre pour des agresseurs des gens qui cherchaient tout simplement refuge contre l'averse". C'est dire le travail de déni.
"Le mérite du minutieux travail d'histoire de Daniel Kupferstein est de rappeler que la répression des revendications indépendantistes n'a pas concerné que les départements d'Algérie, mais aussi la France métropolitaine et d'éclairer une autre date symbolique coincée entre le 8 mai 1945 et la Toussaint 1954, celle du 14 juillet 1953", écrit Didier Daeninckx dans sa préface. L'auteur donne les noms des victimes du massacre et un visage, il met "au jour" un drame oublié par la France mais aussi inconnu des Algériens.
Un film documentaire sorti en 2011 est également réalisé sur le même sujet par l'auteur. Avec ce livre, Daniel Kupferstein va plus loin et approfondit son travail documentaire.
Kassia G.-A.
Daniel Kupferstein "Les balles du 14 juillet 1953, le massacre policier oublié de nationalistes algériens à Paris" aux Editions la Découverte. Prix : 18 euros.
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merci
merci pour cette article
wanissa