Talaie El Hourriyet ne croit pas à la "campagne contre la corruption" du pouvoir

Talaie El Hourriyet ne croit pas à la "campagne contre la corruption" du pouvoir

Le Bureau Politique de Talaie El Hourriyet qui a tenu sa réunion mensuelle ordinaire le samedi 12 août 2017, au siège du parti, sous la présidence de M. Ali Benflis, Président du Parti, a rendu public un communiqué. Extraits.

"Le Bureau politique a relevé, avec une extrême préoccupation, la confusion créée au sommet de l’Etat par l’exacerbation de la lutte des clans au sein et à la périphérie du pouvoir, avec en perspective l’échéance de 2019. Cette situation, qui influe négativement sur la gestion des affaires de l’Etat est significative d’une aggravation de la crise de régime et de la profondeur de l’impasse politique générée par la vacance qui perdure au sommet de l’Etat, impasse qui a dégénéré, en un délitement des institutions et constitue un danger pour la stabilité du pays et la sécurité nationales.

Le Bureau Politique a noté que le pouvoir a entrepris un ravalement de façade du régime pour donner l’illusion du changement, déclinée dans des velléités déclarées du gouvernement :

- de lutter contre la corruption avec la mise en cause de certains milieux d’affaires et de personnalités politiques,

- de séparer l’argent et la politique,

- de dénoncer et de responsabiliser le gouvernement précédent accusé de complicité ou du moins de laisser-faire dans le préjudice causé à l’économie nationale

Le Bureau Politique se demande quel crédit peut être accordé à la "campagne contre la corruption", le pouvoir n’ayant jamais fait montre de volonté politique de lutter contre ce fléau qui gangrène l’économie nationale et la société toute entière ayant miné les fondements de l’Etat, que dans les rares affaires de dilapidation de deniers publics qui ont été jugées, les personnalités impliquées ont été préservées, voire promues à des postes supérieurs dans les institutions de l’Etat ? Il est, à cet égard, difficile aujourd’hui de faire croire à l’opinion publique que le gouvernement est dans une logique de lutte contre la corruption.

Le Bureau politique ne nourrit, à cet égard, aucune illusion quant à la sincérité du pouvoir en place. Il ne croit pas que le pouvoir en place, puisse combattre sa raison d’être. Il ne faut pas être dupe pour s’attendre à ce que ceux qui ont siphonné les fonds publics et ceux qui les ont aidés et accompagnés pour le faire soient sanctionnés. Ce serait faire le procès de tout le système politique en place.

Le Bureau Politique a la ferme conviction que les milieux d’affaires qui soutiennent le régime, n’auraient jamais été mis en cause s’ils n’avaient pas été suspectés de vouloir peser sur les choix liés au rendez-vous électoral de 2019 qui constituent, pour le pouvoir, une ligne rouge à ne pas franchir. La guerre n’est pas menée contre la corruption, mais contre ceux qui auraient tenté de franchir cette ligne rouge, qu’ils soient personnalités politiques ou détenteurs des produits de la rente.

Le Bureau politique est également convaincu que seule une justice indépendante et une volonté politique affirmée mettront fin à l’impunité.

Le Bureau politique a, par ailleurs, exprimé de sérieux doutes sur la volonté du pouvoir de tracer une ligne de démarcation entre l’argent et la politique, pour la simple raison que les forces de l’argent douteux sont la création même du pouvoir en place, qui leur a permis d’investir les institutions de l’Etat, dans leur seul intèrêt. L’incursion de ces forces dans le champ de la décision économique et politique a été, constamment, dénoncée par l’opposition, notamment Talaie El Hourriyet

En conséquence, le Bureau Politique impute la responsabilité politique pleine et entière du pillage de l’économie nationale au pouvoir en place. Il dénonce l’appui et le laxisme des gouvernants qui ont permis aux milieux d’affaires mis en cause aujourd’hui de s’emparer des marchés, d’accéder aux crédits et au foncier agricole et industriel, souvent dans des conditions marquées de suspicions. Les gouvernements qui se sont succédé et pas seulement le précédent, auront servi de couverture institutionnelle et politique pour laisser émerger des forces à l’influence devenue considérable.

La vacance du pouvoir et la neutralisation des contrepouvoirs ont facilité la mise en place d’un système opaque basé sur une collusion d’intérêts entre des gouvernants et des milieux d’affaires.

Dans un tel contexte, le Bureau Politique doute de la volonté et de la capacité du régime en place de pouvoir totalement s’émanciper de la force de l’argent douteux. L’unique antidote à l’ingérence des forces extraconstitutionnelles et de l’argent douteux dans la gestion de l’État, est l’émergence d’un régime démocratique basé sur la volonté populaire et l’instauration d’un Etat de droit. En fait, le système rentier n’a pas changé et n’est pas prêt de changer. Son crédo c’est sa pérennité par le maintien du statu quo. Ce qui a changé, c’est qu’il n’a plus les moyens pour entretenir l’ensemble de ses clientèles.

Abordant la situation économique, le Bureau Politique constate que le gouvernement n’a toujours pas de stratégie claire pour faire face à la crise et que tout en parlant de nouvelle démarche économique il continue à se référer au programme "virtuel" du Président de la République, au Nouveau modèle de croissance, et au Pacte de croissance économique et social resté lettre morte pendant longtemps et qui vient d’être ressuscité à la faveur "d’une querelle de famille".

Le gouvernement ne précise pas comment il compte financer les projets et les mesures préconisées dans le cadre de son Plan d’action. Il y a incontestablement une absence de vision claire sur le financement de l’économie.

Le Bureau Politique estime que la remise en cause des choix et décisions pris par le gouvernement précédent, notamment dans les domaines de l’industrie, de l’agriculture et du tourisme, trois secteurs prioritaires pour la diversification de l’économie, confirme l’absence de stratégie économique. Les choix économiques se succèdent au gré des changements de gouvernements ou de ministres, sans lien entre elles.

Acculé par une crise économique aiguë, le pouvoir politique en place, se propose comme chaque fois qu’il est en difficulté, de lancer une consultation sur les choix économiques pour impliquer ses partenaires dans la paternité d’une politique d’austérité qui porte, en vérité, la marque de sa seule responsabilité et de son échec. Le bureau Politique réaffirme sa conviction que la crise est d’essence politique. Elle est le produit de la vacance du pouvoir qui a mené à l’impasse politique. Sa solution ne peut être que politique.

Le Bureau Politique a par ailleurs constaté que les libertés continuent à subir les assauts du pouvoir en violation des dispositions de la Constitution et des conventions internationales : atteintes à la liberté d’association, de manifestation et d’expression. Des rassemblements et marches pacifiques de citoyens revendiquant leurs droits sont violemment réprimés. Le Bureau politique, réitère à cet égard, sa solidarité avec tous ceux qui luttent pour leurs droits légitimes par des moyens pacifiques.

Le Bureau Politique regrette que les autorités n’aient pas su anticiper le phénomène de la migration de nos frères sub-sahariens pourtant prévisible pour offrir aux demandeurs d’asile et aux migrants, l’accueil, la protection et la sécurité et condamne l’exploitation politicienne du drame humain que vivent ces populations.

Le Bureau Politique dénonce la déliquescence de l’action publique dans des domaines comme l’éducation, le logement, la santé, l’approvisionnement en eau et la gestion des catastrophes naturelles tels les feux de forêts. (...)"

Le BP de Talaie El Hourriyet

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Commentaires (12) | Réagir ?

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algerie

جزاكم الله خيرا

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adil ahmed

merci

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