Tebboune, Saïd Bouteflika, Haddad : et si nous arrêtions de délirer ?

Tebboune, le "Batman" national tente-t-on de nous faire croire !
Tebboune, le "Batman" national tente-t-on de nous faire croire !

Vous apprenez toutes sortes de choses hallucinantes dans nos colonnes, cet été, n’est-ce-pas ? et ça ne fait que commencer. Rassurez-vous, nous ne comptons pas vous abandonner après l'été, nos besaces de délires sont inépuisables et nous avons de quoi arriver jusqu'en 2019.

Par Mohamed Benchicou

Ah, justement, 2019, The date, comme dirait un confrère très cher qui nous a quitté il y a presque 20 ans, The date autour de laquelle se nouent les intrigues de politiciens et toutes les élucubrations d’éditorialistes. Nous vous avons ainsi annoncé, sans rire, que Bouteflika ne se présenterait pas à l'élection présidentielle en 1919, pour toutes sortes de raisons dont la plus farfelue est l'œuvre d'un confrère oranais dont il est établi qu’il est sain de corps et surtout d’esprit et qui vous annonce que le président compte abandonner la politique pour se concentrer sur la méditation et le rapprochement de Dieu. Mais, cher ami, c’est bien de cela dont il est question, la proximité de Dieu, c’est ça, ce qu’il y a d’irrésistible dans le pouvoir ! L’ivresse d’être aigle, sur le sommet d’une montagne, survolant l’humanité rampante ! La seule manière d’être vu et salué par le plus grand nombre ! Etre au-dessus ! Régner par la seule violence ! La violence du mensonge ! La violence du sang ! Et ce privilège, cher ami, de mépriser les hommes et de les regarder de haut, cette prérogative divine, ne s’acquiert pas par la méditation mais par la seule finalité de la politique : arracher le pouvoir et le garder !

Comment rester dans les mémoires en Nabuchodonosor quand on n’a pas créé les jardins suspendus de Baghdad, en Jefferson quand on n’a pas fait avancer les droits humains ou en Mandela quand on n’a pas vaincu l’apartheid ? Eux pouvaient se permettre de se retirer au terme de leur mandat et laisser la place à d’autres. Ils pouvaient même mourir en laissant aux hommes la liberté de les évoquer ou de ne pas les évoquer, peu ou prou, avec passion ou avec détachement, selon l’idée qu’il se fait de leur œuvre. Mais pour les monarques qui n’ont pas d’œuvre, qui n’ont fait que conduire leur peuple à la faillite et au chaos, que leur reste-t-il sinon s’accrocher au trône ? Quand on n’est pas Mandela, c'est-à-dire un homme dont le parcours ne saurait être réductible à quelque monument aussi pharaonique soit-il, on érige un minaret de 300 mètres pour approcher Dieu ! Ou pour s’imposer comme son plénipotentiaire sur terre. Et c’est ainsi que Dieu a élu domicile à Zéralda. Un Dieu dont on ne voit pas le visage et dont on n’entend pas la voix.

Mais ça, c’est la preuve qu’il existe, l’aphonie et l’invisibilité étant les prestiges et les symboles des divinités. Alors pour en revenir à notre collègue oranais, la question qui taraude les esprits aujourd’hui n’est pas de savoir si Dieu existe ou s’il compte céder la place, mais de savoir si Abdelmadjid Tebboune est son messager, au moins pour cette rencontre à Paris avec le Premier ministre français Édouard Philippe. Des confrères vous décrivent, avec brio, un Tebboune en Spartacus, tantôt Kojak, tantôt Tarass Boulba avec qui il partage le crâne d’œuf, prenant le risque de s’éloigner de la voie qui mène vraiment à Dieu, et qui est celle que Dieu agrée. Nouredine Boukrouh qui cumule les qualités du bon croyant et celles d'un infatigable débatteur pourra mieux expliquer que moi les notions d'iltizâm, d’asl el iman, le minimum de foi que doit porter tout prétendant à la proximité du Dieu de Zéralda. C’est ce qu’avaient admirablement compris le prédécesseur de Tebboune, l’irremplaçable Sellal dont on pensait que le seule ambition était d’égaler Kaci Tizi-Ouzou dans l’art de l’humour approximatif et dont on découvre qu’il cachait une autre, celle de remplacer le maître.

Tout cela n’est pas bien sérieux.

Mais qui a dit que la politique, chez nous, participait du sérieux ?

Cet été donc, nous vous avons créé un personnage singulier, inattendu, à l'intention des veuves et des orphelins mais aussi des citoyens en colère, des patrons ruinés par les spéculateurs de tous acabits, des supporters de la JSK et des républicains sur le tard, un vrai personnage de laboratoire, un homme bon père de famille promu redresseur de torts, qui n’en ferait qu’à sa tête, laquelle tête serait mise à prix par le chef de droit divin lui-même, ce dont se moquerait ledit Tebboune, absorbé par son combat contre les oligarques, vous savez, ces milliardaires qui ont fleuri comme de la mauvaise herbe durant le règne des Bouteflika et que le nouvel héros national serait décidé à passer à la tondeuse.

C’est que nous, journalistes algériens, fatigués de faire des articles sur des personnages sans intérêt et de ronronner sur les sujets qui ne passionnent plus personne, le FLN, la corruption, la question sahraouie ou le dernier scandale de Hannachi, avons décidé de rénover le métier et faire comme nos confrères français ou américains, c'est-à-dire produire des analyses savantes sur le monde politique, entretenir le suspense, révéler des scandales, lever le voile sur les affaires… Mais voilà : chez nous, il n’y a de suspense nulle part et les hommes politiques ne s’expriment que pour faire allégeance à Bouteflika.

Qu’à cela ne tienne : nous créerons des personnages qui correspondront à nos articles. Ainsi est né le Tebboune Batman, le Haddad J.R. de Dallas, le Saïd Bouteflika Raspoutine et le Anis Rahmani Citizen Kane. Avouez qu’il est plus agréable de lire un article sur Tebboune Batman aux prises avec la mafia des oligarques que de l’écouter parler du retard dans la livraison des logements. Bien entendu, rien de tout cela n’est vrai. Mais qui se soucie de la vérité ? A-t-on vu un film de Batman précédé de la mention "Ce film est une fiction, toute ressemblance avec…" ? Ce ne serait pas sérieux, n’est-ce-pas ?

M.B.

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Commentaires (10) | Réagir ?

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algerie

جزاكم الله خيرا

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DSP beddiare

Homme chevronné

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