Mohamed Benchicou : " Les présidentielles, une farce cynique !"
" Il faut arrêter de parler d'élections. Il n’y a pas d’élections. Il n’y a qu’un régime désavoué, vieilli et corrompu qui se reconduit par une farce cynique. Les élections font partie de la supercherie démocratique : créer l’illusion du pluralisme. Le régime algérien a bien saisi que, dans un monde où la démocratie et les élections étaient devenues la seule source de légitimité reconnue, il faut organiser des « élections » mais qui n’assureront aucune alternance ! Alors il fait semblant de « solliciter » du « peuple » le renouvellement périodique de son mandat perpétuel. Le peuple a compris que les élections n’étaient qu’une illusion de pluralisme politique, de démocratie. Dans ce pays, il n’a pas eu d’alternance politique depuis 1962. Les Algériens savent que ces élections ne sont là que pour légitimer le pouvoir en place."
C'est ce qu'a déclaré Mohamed Benchicou dans une interview à afrik.com (lire l'interview)
A propos du rôle de la pseudo-opposition dans la supercherie démocratique :
L’opposition ne déstabilise pas le pouvoir, elle participe à le légitimer. L’opposition est désavouée. Les opposants n’accompagnent jamais un mouvement social. Ils ne sortent pas de leurs bunkers. Ils font partie du décor d’une démocratie travestie, une « démocratie sans représentation » avec ses partis sans militants et ses initiés bien rémunérés qui se font passer pour les opposants les plus bruyants au régime. Louisa Hanoune, la candidate trotskiste du Parti des travailleurs est nécessaire à la crédibilité de ce régime autoritaire (...) Ceux qui s’étaient représentés en 2004 se sont réfugiés dans le silence. Ou sont-ils d’ailleurs passés ? Je me le demande. L’opposition n’a jamais accompagné la société algérienne, elle profite juste des luttes populaires pour négocier avec le régime. Par exemple, le RCD (le Parti du Rassemblement démocratique populaire) a négocié avec le régime en 1999 alors qu’il avait boycotté les présidentielles.
A propos de l'abstention :
Vous savez, il y a vraiment un divorce qui s’est opéré entre le régime et la société. Cette rupture est très inquiétante. Elle est liée à Bouteflika qui ne cesse d’accentuer la corruption, la mal gouvernance et étouffe les forces démocratiques. Le régime est obsédé par le taux d’abstention, car il sait que la population est en train de lui tourner le dos. Le fait de s’abstenir est une manière de s’opposer, donc de s’exprimer.Les Algériens savent que ces élections ne sont là que pour légitimer le pouvoir en place. Elles visent à conforter la position Abdelaziz Bouteflika. C’est pour ces raisons que la population ne vote pas depuis plus de cinq ans. A quoi bon se déplacer pour voter alors que le président est sûr d’être reconduit pour un troisième mandat ? Qui peut contrôler une farce ? La présence des observateurs internationaux est une scène nécessaire à la parodie électorale. D’ailleurs, j’ai appris que certains n’allaient pas venir pour les prochaines élections.
A propos de l'avenir :
Le régime sait qu’il est de plus en plus désavoué par la population. La modification de la Constitution en novembre dernier qui lui permettait de briguer un troisième mandat a marqué les Algériens. Abdelaziz Bouteflika est dans rapport d’affrontement avec la société, il va par conséquent accentuer la répression. Il a d’ailleurs déjà commencé avec le directeur du quotidien algérien El Watan qui vient de recevoir 14 convocations de la part de la police. C’est un message lancé à la presse afin d’interdire les propos contradictoires. Une correspondante du quotidien français Le Monde s’est vu récemment refuser une accréditation pour couvrir la campagne électorale. Tout cela s’inscrit dans le nouveau profil totalitaire que s’apprête à prendre le pouvoir algérien durant ce troisième mandat de Bouteflika.
Les Algériens ne vont pas accepter cela. Ils vont s’exprimer au sein des partis, mais ils vont emprunter d’autres canaux. Maintenant, je ne peux pas vous dire comment cela va se passer, je ne suis pas médium. Il y a néanmoins un élément nouveau qui mérite d’être souligné : la chute du prix du pétrole. Avec cela, le pouvoir ne va plus être en mesure de financer un modus vivendi. Il faut s’attendre à ce que le peuple algérien réagisse.
Commentaires (15) | Réagir ?
l'algerie c'est le titanic bis... pendant que le bateau coule, si abdelkader el mali (grand heros du 20° siecle) danse sur la passerelle... hayya ou hadi ou zid hadi... l'autre illuminé nous menace que celui qui ne vote pas est traitre (eh oui d'zair b'nina)... je suis fils de chahid, je ne voterai pas.
Le monde se demande ou sont passés les grosses pointures (ca reste à prouver qu'elles le sont déjà) comme Khalida, Benyounés et consorts. Et bien mon avis c’est des gens qui ont infiltrés l'opposition pour finalement repartir à leur milieu naturel. Alors il ne faut rien attendre de leur part.