Le Café littéraire de Bejaïa menacé
Une autorisation de la wilaya est exigée pour Saïd Sadi s’il veut présenter son livre sur Chérif Kheddam
Inviter Saïd Sadi pour une conférence sur son dernier ouvrage, "Chérif Kheddam, le chemin du devoir", doit être préalablement et dûment soumis à une demande d’autorisation de la part des services de la wilaya de Bejaïa. Après l’accord nous ayant été donné par la direction du TRB pour l’organisation d’un café littéraire prévu pour la soirée de jeudi 17 août 2017, suite à notre demande d’octroi de la salle du théâtre introduite le 1er août, voilà qu’on nous oriente vers la wilaya pour quémander une autorisation pour tenir une conférence sur un livre !
Cette procédure est inconcevable. Se plier à cette exigence voudrait dire qu’il faut accepter de se soumettre au bon vouloir d’une institution politique d’un régime dont nous connaissons bien la nature. Ce chantage est inacceptable. Nous refusons qu’un homme de culture, né et vivant sur sa terre, dans son pays, ayant produit plus d’un livre et livré bataille pour notre liberté, soit encore et toujours soumis à être autorisé pour s’exprimer dans une salle publique.
Nous rappelons qu’en 2015, le même invité a été interdit de présenter son livre sur le colonel Amirouche… par cette même wilaya. C’était au prix d’une rude bataille que le café littéraire a pu tenir son activité malgré cette interdiction. Mais, la mobilisation de centaines de citoyens a dû dissuader les autorités de nous fermer les portes du théâtre. Aujourd’hui, deux ans après, le même problème se pose dans des conditions identiques.
Que faut-il faire devant cette situation ? Accepter cette mesure au motif que Sadi est d’abord un homme politique, comme on nous l’a insinués ? Quand bien même notre invité est souvent présenté sous cette étiquette, cela ne nous suffit pas pour nous plier à cette mesure. Car, pour nous, même un homme politique doit s’exprimer librement sans qu’il ne soit autorisé à le faire par les autorités. La liberté d’expression est un droit imprescriptible, inaliénable, et tout citoyen doit jouir de ce droit, quel que soit son statut dans la société.
Le café littéraire a décidé de ne pas introduire de demande d’autorisation aux autorités locales, car il estime qu’il est temps de revenir au régime déclaratif. Une demande de réservation d’une salle peut amplement suffire pour pouvoir mener ses activités culturelles ou autres. Il est donc impératif que les militants associatifs, les partis, l’élite intellectuelle et l’ensemble des citoyens puissent se mobiliser sans relâche pour imposer ce régime déclaratif pour nous libérer définitivement de ces entraves politico-administratives qui nous privent de nos libertés.
Le café littéraire élèvera dans les tout prochains jours une forte protestation pour dénoncer ces mesures injustes, contraire à l’esprit de la démocratie et de la liberté d’expression. Nous savons que ce combat sera long, rude, mais si une grande bataille pour notre liberté n’est pas engagée, nous en pâtirons encore plus à l’avenir.
Le café littéraire de Bejaïa
Le 2 août 2017
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