Le bel exemple d’Aokas

Le bel exemple d’Aokas

Aux temps obscurs du Reich nazi, le chef de la Hitlerjugend (Jeunesses hitlériennes), Baldur von Schirach, déclara durant un meeting, en illustrant les paroles par le geste : "Quand j'entends le mot "culture", je sors mon revolver !"

Contrairement à ce que la plupart des auditeurs ont cru, la phrase n’était même pas la sienne ; il l’avait empruntée à une réplique d’une pièce théâtrale de Hanns Johst : "Wenn ich Kultur höre ... entsichere ich meinen Browning !." ("Quand j'entends parler de culture... je relâche la sécurité de mon Browning !").

Cette haine de la culture est en réalité une peur !… Parce que le nazisme, comme toute autre idéologie visant la domination totalitaire, sait parfaitement que son pire ennemi, son obstacle le plus redoutable est la connaissance des citoyens, donc la culture.

Partout et toujours, tout régime basé sur la domination a besoin de la garantir par l’absence, l’élimination de toute culture authentique, au sens le plus large du terme : cela va de l’archéologie à la peinture à la poésie et aux romans, jusqu’aux ouvrages de sociologie, en passant par ceux d’histoire et de philosophie. Seules resteront et seront encouragées une conception asservissante en matière spirituelle (religion sinon "morale" dans les pays non religieux, tels l’Allemagne nazie ou l’U.R.S.S. stalinienne) et une présentation ridiculement folklorisante et abrutissante du "patrimoine" national.

Bref, tout ce qui suscite la pensée citoyenne, donc la capacité libre et autonome de raisonner est combattue par les régimes qui ont besoin, pour exister, de l’obscurantisme le plus noir, le plus dense.

Pour y parvenir, les régimes totalitaires ont la solution du culturellement faible, parce que incapable d’affronter les idées par les idées, parce que les siennes sont inconsistantes : l’interdiction, la matraque, le « revolver » !

Il reste, alors, aux citoyens de relever le défi, en bravant le risque de répression. D’une manière pacifique et intelligente. C’est ce qu’ont fait les citoyen-nes d’Aokas, en Algérie. Et ils eurent la géniale idée de marcher en brandissant des… livres. L’"arme" du savoir !

Et notons-le bien : cette initiative n’a pas eu lieu dans la capitale, ni dans une grande ville, mais dans une petite agglomération, et en Kabylie. Et l’initiative ne fut point celle de la "crème" de l’"élite" mass-médiatique du pays, mais de simples citoyens-nes.

Citoyens-nes d’Aokas, vous avez écrit une très belle page du livre de l’émancipation culturelle du peuple algérien ! Je vous suis infiniment reconnaissant.

Je pense que ce 29 juillet 2017 restera une date dans l’histoire de l’émancipation sociale du peuple algérien. Je souhaite, ou, plutôt, j’appelle les compatriotes de tout le pays à faire de cette journée, désormais, un jour de commémoration annuelle. Que chaque 29 juillet, dans toutes les agglomérations du pays (villes, villages, douars), une marche citoyenne pacifique soit organisée, un livre à la main. Avec des slogans du genre : "Que vive la culture !", "Un peuple sans culture est un peuple sans dignité !" Ou, peut-être, même pas de slogan. Qu’y a-t-il de plus clair et significatif comme slogan que celui de brandir des livres en tout genre ?

N’est-ce pas la plus belle démonstration de liberté, de culture, de citoyenneté ? Avec le plus bel impact sur l’ensemble du peuple ?

Et que l’on ne se masque pas l’enjeu réel : l’activité culturelle authentique, autrement dit citoyenne libre et autonome, vise toujours, d’une manière ou d’une autre, l’émancipation sociale du peuple de toute forme d’aliénation, d’oppression, d’exploitation, pour encourager la liberté solidaire. Partout et toujours, les changements sociaux significatifs ont été préparés par des actions culturelles citoyennes. Voilà pourquoi tout pouvoir totalitaire recourt au « revolver » pour les conjurer, et pourquoi les citoyen-nes, soucieux-ses de dignité, chérissent la culture comme moyen pacifique de libération sociale.

Kaddour Naïmi

Courriel : [email protected]

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Commentaires (29) | Réagir ?

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Hend Uqaci Ivarwaqène

Avant, bessah c’était avant. On parlait de la "saisie au kilomètre". On tape son texte d’abord puis on procède à sa mise en forme après. Mais je vous avoue que je préfère les textes bruts de décoffrage, ils sont plus francs et honnêtes.

Bessah atansyou dhaghène jipadi que mes textes sans fautes sont malhonnêtes.

C’est que mon putain de cerveau n’est jamais d’accord avec mes tripes. Et comme c’est lui qui conduit il leur nike leur niya à mes tripes.

Daghène difwa jipalta pour le corrigeage.

Hassoune voumavi kompri si lissancyèle.

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Dhrifa N'targa

Monsieur Naïmi, C’était une plaidoirie pour vous défendre et pas un réquisitoire, parbleu !

Je suis ravi d’apprendre que les enfants de vos frères parlent « à la maison » kabyle Sans aucun problème », malgré les risques encourus.

« sachez simplement ceci : deux de mes frère sont mariés à des femmes kabyles, l’une native d’Oran, l’autre des monts de Béjaia, que leurs enfants parlent à la maison l’oranais et le kabyle sans aucun problème. »

Quelle défense en effet : avec un une parade comme celle-là, j’arrête de requérir. Monsieur Naïmi. Moi j’ai arrêté d’être raciste quand j’ai connu l’épagneul breton de mon frère et le berger allemand de ma sœur.

Expliquer-moi donc bien ce qu’est une langue populaire ? Et si c’est le sort que vous réservez à Thamazight ?

Et, au fait, êtes-vous pour la défense de la biodiversité et la réintroduction des espèces disparues ?

Sans rancune, moi aussi !

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