Pour en finir avec le berbérisme : la voie de l'amazighologie (II)

Pour en finir avec le berbérisme : la voie de l'amazighologie (II)

Malgré tout, l'analyse de S. Aounallah et Z. Ben Abdellah est plus en détaillée car tous les deux intègrent les différents compartiments de l'onomastique romaine en faisant valoir successivement : la dénomination régulière des "esclaves et affranchis", des "pérégrins" et des "citoyens romains" et les cas particuliers suivants :

- Initiales du nom et surnoms

- l'onomastique des pérégrins

- Les porteurs du nomen unicum

- Noms uniques ave le patronyme

- Noms unique avec double filiation

- Double nom

Ces considérations onomastiques sont relayées par des listes nominales.(13) Cela dit, la seule romanisation nominale des Nord-Africains ne résout par tous les problèmes des appellations parce qu'en parallèle, subsiste à croire L. Galand une onomastique libyque. Sous la forme d'une délicate hypothèse, il reconnaît que le domaine de l'onomastique est délicat parce qu'"on s'efforce à éclairer les noms à partir du berbère actuel", dit-il.(14) Et dans une situation du bilinguisme punico-berbère, il préconise de faire la part entre les noms libyques et les noms puniques. H. G. Pflaum aborde le générique du nom à partir des critères géographique, chronologique, juridique et sociaux parce qu'il considère ce qui est vraiment propre à l'Afrique est la fusion de deux systèmes de nomenclature qui se produit d'une part par l'insertion des noms romains dans la formule lybico-punique, d'autre part par l'intrusion d'éléments indigènes dans les tria nomina romains. Entre autres, il fournit une liste de surnoms tirés (ILAlg.II) de l'ethnique, (terme discutable, nous préférons géographique ou générique), suivante :

Africanus

Africana

Amsiginus (du fleuve amsagas)

Bacquas

Cirtésia

Gaetulus

Gaetula

Getula

Giribilanus

Maurus

Maura

Numidianus

Punica sign. (15)

Il semble que le mot ethnique prête à confusion parce qu'il ne désigne pas toutes les tribus nord-africaines antiques mais des attaches territoriales du genre, Gétulie, Maurétanie, Numidie, Africa, Garamantie etc. A peu de choses près, P. Duprat établit une onomatologie à partir de quatre noms "génériques" que sont: les Gétules, nom qui provient de Djedallah ?, les Garamantes (Gherma), les Machlyes (Hérodote) ou Mazike (Ptolémée) et enfin Amazig ou Amarig qu'il traduit par Hommes libres, terme provenant de la veille langue des Libyens.(16) Il faut bien reconnaître que les 'quatre origines" posent d'autres problèmes à la nomenclature générale des tribus nord-africaines antiques parce que d'autres ensembles tribaux comme les Numides, les Maures, etc., leurs sont contemporains et par conséquent une confusion subsiste dans la définition du mot "ethnique". Cela dit, il est utile de rappeler que le nom générique amazigh est d'une création récente tandis que l'ethnique du nom semble avoir prédominé l'onomastique latine. Dans tous les cas, L. Galand établit une liste des ethniques qui se termine par "is" suivant les règles procédurales de la langue latine.(17)

Du fait de la prédominance de l'ethnique comme référence principale de l'historiographie gréco-latine, il se peut qu'à cause du glissement analytique dû à l'onomastique, il y a un risque d'une interpénétration entre la linguistique comme mode opératoire de la connaissance du passé de l'Afrique du Nord et l'idéologie au sens de K. Marx ou celui du métadiscours élaboré par la philosophie du langage. A cause de cela, concentrons-nous sur l'analyse en reprenant les propositions de F. Chériguen. Malheureusement ce dernier ne comble pas le "vide" historique de la générisation nominale de la population nord-africaine (amazighophones) à partir de l'ethnique d'une tribu amazighe de l'antiquité. Il s'évertue à citer les auteurs qui se sont intéressés à l'ethnonymisation de la population de l'Afrique du Nord. Il en faut beaucoup plus pour distinguer le générique de l'ethnique. Il ne suffit pas de citer, sans discernement, les noms attribués par les auteurs gréco-latins ou musulmans pour départager la berbérisation comme facteur de barbarisation des différentes appellations attribuées aux autochtones. Et sans aucun sens critique, il ne différencie pas le mot issu de la géographie, des caractéristiques sociologiques ou "raciologiques" (Nous employons le sens tout désigné du début de l'anthropologie physique) de la population et à plus forte raison de la représentation comportant toujours des préjugés raciaux. La mise en exergue des citations de E. Mercier et autres écrivains de la colonisation ne résout pas le problème de l'ethnonymie et à plus forte raison le contre sens de la raison ethnologique qui s'abat sur les Berbères. (18)

En effet, l'auteur ne fait preuve d'aucune attention particulière pour faire sortir de l'oubli, une appellation propre aux Berbères, le cas échéant de l'émergence du néologisme, ou d'analyser les conditions de son enfouissement dans la mémoire historique. Dans tous les cas, il faut donner au nom Amazigh (Ethnonyme) ou à la Tamazgha (Géographie), une existence historique pour valider l'incohérence des savoirs historiques- nous donnons au mot incohérence le sens de "Tahafut" qui multiplie à l'infini, l'intensité analytique des savoirs historiques qui empiriquement dans une telle situation ont débouché sur une pensée paralytique. Il faut bien admettre que la pensée "arabe" a inventé le mot Tahafut pour fait état de l'impasse de la philosophie par devant la théologie en Islam. Ce qui a valu une réponse nette d'Ibn Rochd à l'imam Al Ghazali. Pour notre part, nous devons innover pour donner à la langue berbère des outils linguistiques indispensables à la mise à niveau conceptuelle. Peut-être à partir du mot "abrid" -le chemin- que nous pouvons fabriquer l'équivalent du mot "impasse" (Whel, akmim?), éléments indispensables à la Tidmi (pensée) pour traduire l'aporie des philosophes. C'est le non chemin, l'aporie ou l'équivalent des "chemins qui ne mènent nulle part, dixit, M. Heidegger. (19) Au pire, la situation présente reflète la barbarisation de l'Afrique du Nord et au mieux une méconnaissance de la population locale qui rappelle pour beaucoup la fameuse inconnue d'Edmond Frezouls. Tout compte fait, mis à part, les avertissements de Y. Moderan sur les transformations onomastiques de l'ethnique des tribus nord-africaines antiques, nous ne possédons pas une étude complète du changement de nom des tribus nord-africaines et de leur arabisation. (20) Sur la période antique, nous possédons, quelques listes des tribus nord-africaines tandis que celle de la rupture conventionnelle des historiens musulmans reste tributaire de la liste de Corippe ou des tribus nommées par Procope. Aussi bien Y. Moderan que V. Zarini utilisent à bon escient les historiographies vandales et byzantines pour étayer leurs thèses respectives. Nous ne revenons pas sur les travaux décisifs de Moderan Yves sur la transformation onomastique et de sa critique de D. Mattingly au sujet de l'appel de l'Ouest des tribus de l'Est (Orient) mais toujours est -il que V. Zarini nous offre le regard de l'auteur byzantin sur les populations nord-africaines. Combien même que le thème de l'idéologie se recoupe avec celui de l'ethnicité, il n'en demeure pas moins que le regard de l'ethnographe antique contribue à établir un tableau de habitants de l'Afrique du Nord. En premier, il traitre des caractères psychologiques des Maures appelés globalement de : Mauri, Massyli ou Mazaces. Ils sont qualifiés de barbari ou barbarici suivant la longue tradition romaine. En plus de ces appellations, Corippe emploie le terme "gentes" pour désigner la dénomination générique de la population locale. (21) Entre les Maures et les Romains, il existe une autre catégorie (Afri) composée d'Africains qui vivent more Romano, selon l'expression de V. Zarini. Pour valider cette insertion, il recourt au fameux texte de P.A. Février qui voit dans le bon Afer et le mauvais Maurus l'avers et l'endroit d'un même médaille.(21) Il rapporte que "le poète invite donc sans hésitation les Afri à regarder du côté non des Mauri, mais de ces Romani avec lesquels ils partagent une civilisation fondée sur la ciutas."(22) Cette citation reflète à tout point de vue, la réalité sociale et politique de l'Afrique romaine dans laquelle les autochtones représentent le monde barbare. Quoique nous fassions, le mot berbère est étroitement lié au terme barbare. Finalement, le lien indéfectible noué par les auteurs gréco-latins et arabo-musulmans entre l'ethnie et la psychologie, dénote la nature du pouvoir de la domination noologique qui surimpose une image sur l'autre pour le ravaler à un statut d'infériorité. Le traitement infligé aux Maures par Corippe n'est pas trop différent de celui d'Ibn Khaldoun envers les Berbères. Nous rappelons que l’l'historien Maghrébin, traite de barbares, les locuteurs campagnards et de surcroît amazighophones. Il fait preuve d'une surestimation de sa lignée dans son autobiographie. Il traite son grand rival hafside de Berbère. Il s'agit d'Ibn Arafa, le grand théologien de Tunis originaire de la tribu des Werghimmi. (23) Pour rappel, la rivalité entre les deux hommes est un cas typique de l'adunation qui fait valoir un système de références dominant. Dans cette longue chaine de transmission des noms, le travail transversal (qui prend en compte aussi bien la diachronie que la synchronie) de Salem Chaker permet de faire la jonction entre les deux importantes périodes historiques de l'Afrique du Nord. Pour rappel, le linguiste algérien s'est beaucoup occupé de l'onomastique berbère.

| Lire la première partie : Pour en finir avec le berbérisme : la voie de l'amazighologie

A la recherche d'un noyau dur permanent de la langue berbère et pour ce qui nous occupe, il affirme : "Dans la perspective de l'utilisation du nom comme indice d'identité culturelle, on n'oubliera pas le risque permanent de distorsion lié à un phénomène sans doute très général de "dédoublement anthroponymique" soumis à des dénominations étrangères depuis l'aube des temps historiques, les Berbères ont très souvent pratiqué le double nom: un nom "officiel", imposé ou inspiré par l'autorité politique du moment (et donc à consonance latine ou arabe) et un nom indigène berbère, employé lorsqu'on s'exprime entre Berbères entre autochtones."(25) Cette longue citation en dit long sur la réalité linguistique de l'Afrique du Nord mais n’exprime en rien les choix délibérés des élites locales responsables de la transformation onomastique globale. En ce qui nous concerne et mis à part l'omission de la participation individuelle des autochtones qui sont toujours portés à changer de nom, l'affirmation du linguiste doit être soumise à un examen particulier parce que des cas célèbres ont participé activement au jeu du simulacre identitaire. Admettons que la période romaine ne concerne qu'une catégorie des autochtones et singulièrement des Africains romanisés, alors et du reste, on ne peut pas nier que des dynasties berbères de l'antiquité, ont élaboré des politiques linguistiques fondées sur le bilinguisme. Tout autant, Il en est de la punicisation comme premier facteur de la dénaturation volontaire des Autochtones.

Certes, en termes de linguistique générative, il est exact de dire que la langue berbère recèle des unités lexicales fondamentales qui ont résisté à la guerre des langues. Mais aller jusqu'au affirmer qu'"un nom peut donc en cacher un autre et l'identité "latine" ou "arabe" peut n'avoir été que très superficielle, voire même une simple façade officielle sans aucun ancrage dans le vécu des populations" ne permet pas de comprendre séparément la romanisation (la latinisation) ou l'islamisation suivie de l'arabisation de l'Afrique du Nord. (26) En ces termes, si l'auteur de ces lignes consent à admettre une continuité linguistique du berbère, il est difficile d'établir une similitude entre la romanisation et l'islamisation. Du coup s'il y a bien une continuité linguistique du berbère, il faut bien intégrer la variation onomastique pour différencier les degrés de la transformation des noms des personnes et des lieux. La rupture islamique consommée par une très large majorité des Autochtones doit nous inciter à beaucoup plus de prudence pour saisir les réalités historiques d'autant que l'auteur sait faire la part de choses lorsqu'il ne s'alarme pas trop sur la situation du berbère et surtout lorsqu'il distingue la linguistique de la politique. (27) Comme nous ne cessons de partager des moments de réflexion avec le linguiste algérien devenu directeur de "L'Encyclopédie berbère", nous regrettons son manque d'audace conceptuelle et qu'il reste encore prisonnier d'une terminologie désuète que nous avons critiqué dans d'autres circonstances. En vain, les mots du genre : conservatoire, permanent, résidus, survivances, etc., comportent tous une connotation idéologique négative provenant des études berbères ou du berbérisme.

A toute fin utile, nous regrettons que ses prises de position politiques qui prônent l'autonomie des régions berbérophones, marginalisent un peu plus la question amazighe en en cédant la vaste Tamazgha aux Berbérophobes.

A point nommé, l'interpénétration de la langue et de la religion nous permet de mieux saisir l'interférence et l'utilitarisme de l'instrument linguistique au service de la religion. Il est bien connu que l'islamisation a été un facteur déterminant de la conversion religieuse des Maghrébins. Et du reste, l'arabisation de la population nord-africaine s'est faite grâce au Coran. Ces deux phénomènes bien connus des historiens se conjuguent à l'effort d'assimilation qui s'est généralisé tardivement avec la politique linguistique des Etats nationaux créant du même coup, une crise identitaire qui donne paradoxalement beaucoup plus de relents à la revendication amazighe. Du reste si l'islamisation s'est étalée sur plusieurs siècles, l'arabisation intégrale ne s'est globalisée qu'avec la colonisation. Le cas des Aurès qui ne s'est arabisé qu'au XIXème siècle, est un exemple parmi d'autres des zones restées amazighophones jusqu'à début du XXème siècle ou pratiquant le bilinguisme. Rien n'y fait, si ce n'est la radicalité religieuse d'Abdelmoumen adepte de l'almohadisme qui a inauguré l'ère de l'ostracisme religieux et linguistique après l'échec d'un islam spécifiquement amazigh initié par Ibn Tumart, le Maître spirituel de l'Etat almohade. Malgré cet échec, de vastes zones ont pratiqué un islam adapté à la réalité locale. Si depuis le VIIème siècle, l'islam maghrébin a imposé l'omnipotence d'Allah signe de l'indépassable religion, il est clairement établi que l'interférence religieuse sur la langue est très ancienne en Afrique du Nord. Quelques chroniqueurs n'hésitent pas à établir une similitude entre la punicisation et l'arabisation, phénomènes proprement linguistiques et facteurs déterminant de la conversion religieuse. Le dieu phénicien Melqart, aurait contribué à la "sémitisation" des anciens Libyens. (28) Les commentaires de P. Duprat investissent la figure de Melqart d'une double mission, celles de la mythologie et de la linguistique. Sur ce dieu devenu Hercule qui aurait plusieurs fois terrassé Antée le fils d'Atlas, nous conduit à évoquer la religion ancienne des Amazighs.

A ce jour, il n'existe pas dans la littérature des études sur la religion des Préhistoriques nord-africains. Tout cela nous conduit à indiquer les insuffisances de la recherche pour l'esquisse d'un panorama global de la religion ancienne des Amazighs. Le travail de A. Belfaida présente par beaucoup d'aspects le syncrétisme à l'image du Saturne que le panthéon libyen ou de son renouvellement. (29) Ce faisant, le rapport entre la langue et la religion captive l'intention des meilleurs esprits par la teneur des enjeux idéologiques. Ce point focal de la définition de soi cristallise la supériorité idéologique utilisée comme un redoutable instrument de domination noologique. Il en résulte tout un répertoire qui classe par ordonnancement les catégories linguistiques et religieuses. Ipso facto, les Amazighs ont été affectés par la bipolarisation de la religion et de la langue. Il s'avère qu'au commencement de la punicisation de l'Afrique du Nord, la religion phénicienne a contribué à définir l'origine (mythique) de l'appartenance. Mis à part, la guerre territoriale, on ne sait pas à ce jour s'il y a eu, une différentiation ethnolinguistique et culturelle entre les Numides et les Carthaginois. A l'aube de l'histoire, on ne sait pas non plus si les relations entre les Libyens et les Egyptiens ont été l'objet d'une distinction d'ordre "raciale". Toujours est-il que l'effet de domination culturelle a tout bonnement trouvé en terre nord-africaine, le lieu et l'endroit de la barbarisation de la population. Cette catégorisation a été manifeste aussi bien chez les Grecs et que chez les Romains, et de plus, elle a été particulièrement sinueuse par l'instrumentalisation de la religion par les Arabes de la religion.

Certes, il est difficile de distinguer la part de l'énonciation qui départage la religion de la langue mais, il faut reconnaître que l'entremise de l'origine comme fondement identitaire a permis d'intensifier la guerre des langues qui a pour principale finalité, l'élaboration d'un supradiscours mythique de "l'origine unique de la supériorité" auquel ont fortement contribué aussi bien la Bible que le Coran. Comme nous l'avons déjà indiqué, P. Duprat fonde toute sa thèse de l'origine des Berbères à partir de la Bible qui corrobore l'idée de l'orientalisation et de la sémitisation de la population nord-africaine. (30) Loin s'en faut de croire que les choses sont restées en l'état, on est saisi par l'ampleur de la mystification de l'orientalisme de tout genre qui a simplement façonné la dénaturation de l'ethos amazigh. Nous ne reviendrons pas sur les travaux qui ont contribué à diffuser les idées d'une origine orientale des Berbères mais il faut admettre que la malédiction qui poursuit les Autochtones contribue à prolonger le calvaire identitaire formulé en fonction d'une ouverture angulaire maximale de la négation de soi ou du mépris de soi. Bref, le discours de la religion consiste à désigner la langue du paradis. (31) Pour mieux saisir l'enjeu d'une telle sacralisation de la langue, il nous reste qu'à analyser l'ampleur de la perte de la langue (Aglossie) comme phénomène qui lie étroitement la définition de soi (ou de la négation) à la théonomie

Pour finir :

Au terme de ce travail, il est donc utile de rappeler qu'à titre provisoire, les fondements théoriques de l'amazighologie sont de plus en plus solides pour permettre le déploiement des concepts comme l'Adunation que nous avons appelé "systématique des références culturelles" ou de l'Aglossie comme "phénoménologie de la perte de la langue", seuls instruments d'analyse capables de rendre compte de la Théonomie c'est-à-dire d'une "fin en soi en l'autre". Au final, peut-on dire que les Berbères sont une pure production de l’Hétéronomie ?

F. Hamitouche

Notes

13- S. Aounallah, Z. ben Abdellah, Données sur l'onomastique et la démographie, Mourir à Dougga, Recueil des inscriptions funéraires, institut national du patrimoine, Bordeaux-Tunis, 2002. Dans un travail resté inachevé, nous avons essayé de nous intéresser aux cas des Autochtones romanisés. A la suite de l'onomastique des Thuggenses devenus citoyens romains cités par ces derniers, un des cas le plus connu est celui de Julianus de la tribu des Zegrenses.

14- L. Galand, le berbère et l'onomastique libyque, Colloques internationaux du CNRS, 564, L'onomastique latine, p. 300.

15- H.G. Pflaum, Spécificité de l'onomastique romaine en Afrique du Nord, Colloque du CNRS, 564, l'onomastique latine, p.322.

16- P. Duprat, Essai historique sur les races anciennes et modernes de l'Afrique septentrionale, Libraire Jules Labitte, Paris, 1845.

17-L. Galand, La formation des ethniques dans l'Afrique du Nord romaine, 3ème congrès international de toponomie et d'anthropologie, Bruxelles, 1949, pp 785-786.

18- F. Cheriguen, Barbaros ou Amazigh. Ethnonymes et histoire politique en Afrique du Nord, revue Mots no 15, octobre 1987. Les auteurs cités sont le Dr Bertholon, le Gal Faidherbe et E Mercier. Nous rappelons qu'il existence toute une pléiade d'auteurs qui se sont intéressés à la question d'origine des Berbères. Pour résumer, à l'origine moyen-orientale propagée par H. Tauxier, une autre celle de l'Inde est défendue par P. Duprat et consorts. Si pour la première thèse, la critique de Y. Moderan est toujours valable, la seconde ne nécessite pas de critique parce qu'elle n'a pas fait long feu et cela est du vraisemblablement au fait que l'origine du peuplement indo-européen de l'Afrique du Nord n'a pas trouvé beaucoup d'échos et s'est vite estompé avec l'extinction de l'indo-européanisme comme mode de pensée anthropologique. C'est dans le cadre des débats de l'école d'anthropologie de Paris que nous pouvons détecter les prémisses de l'évolution de la pensée anthropologique avec la montée en puissance de l'Ethnographie et de la Préhistoire qui de fait, ont réduit l'influence de l'indo-européanisme au seul domaine de la linguistique.

19- Tout comme la Tidmi, nous testons quelques termes en berbère pour donner plus de force d'argumentation aux outils de la pensée afin de conceptualiser une réalité dépourvue de sens ou singulièrement cantonnée dans le folklorisme. Cette réalité de la pensée redécouvre le champ délabré du vide historique (Ilem Amezruy) pour refonder une existence propre. Cette existence propre exige une remontée difficile et périlleuse parce qu'elle bute sur les travers de l'histoire. En plus des mots employés dans 'Autour de quelques concepts : raison, Tradition (archaïsme) et Modernité, Esquisse des principaux concepts de la pensée amazighe", notre exercice se veut une contribution à l'enrichissement du vocabulaire en berbère. D'autant que quelques essais nous ont conduit à préférer le mot Abrid pour désigner le chemin ou la voie de la pensée. Nous butons sur l'équivalent de l'aporie ou de la tahafut. Faute de mieux, nous traduisons littéralement par " Ulac Abrid" en attendant un meilleur outillage capable de refléter la pensée amazighe. Dans le même cadre, nous avons choisi le mot " Amazruy" au lieu de "Tamaccahut" ou "Taqsit" pour parler de l'Histoire. Du coup, et avec toutes les réserves d'usage, nous optons pour " Ilem-Amazruy" pour traduire le "vide historique"

Dictionnaires utilisés :

Internet : Amawal et Asegwal

J.M. Dallet, kabyle-français et français-kabyle (Mots : BRD Abrid = voie, chemin)

J.Delheure, ouargli-français (expression: d axammam i u tlisan abrid = c'est une pensée qui n'est pas le chemin (erroné) et mozabite-français, (Mot BRD Abrid = chemin, voie)

J. M. Cortade, français-touareg (Mots : aberdekha = chemin de travers, télléit, Tallain)

J. Lanfry, Dictionnaire du vocabulaire libyen (Ghadamès), Editions Achab, 2001. Pour le "vide historique" et après comparaison avec plusieurs dictionnaires, nous préférons en définitive le composé " Ilem-Amezruy au lieu de "Amacluc-Tadyant"

20- Y. Moderan, De bellis libycis, Berbères et Byzantins en Afrique au VIème siècle, doctorat d'histoire, 3 Volumes Université de Nanterre, 1990.

- Recherches sur les sociétés africaines de l'antiquité, les Berbères de l'Afrique du Nord-Est au temps de Saint Augustin, 5 volumes, Université de Nanterre, 1996.

- les Maures et l'Afrique Romaine, BEFRA, Editions Boccard 2003.

21- V. Zarini, Mauri, Romani, Afri : le regard de Corippe sur l'Afrique byzantine et l'identité de ses populations, identités et cultures dans l'Algérie antique, 2005, p. 412.

22- Idem, p. 413.

23- S. Ghrab, Ibn Arafa et le malikisme, Publications de la faculté des lettres de la Manouba, Tunis, 1992. Cet auteur admet qu'il est difficile d'établir la biographie d'Ibn Arafa. Toutefois, il indique que ces parents sont issus des Wigimma formant une confédération de tribus du Sud-Est tunisien. Il précise que les Arafa sont natifs de Ghomrassen qui est situé à environ 20kms de Tataouine et de 60 kms de Medenine, p. 301. Il reconnaît que "c'est un milieu essentiellement berbérophone de plus en plus arabisé depuis l'invasion hilalienne.", p, 300. Nonobstant quelques difficultés d'ordre onomastique, il finit par colporter ce qui suit :" On trouve n'importe ou n'importe quel nom de tribu" (p.300) alors que c'est un problème fondamental de la stratégie des tribus nord-africaines et du renouvellement de leur système d'organisation politique.

24- V. Zarini, Berbères ou Barbares, Recherches sur le livre second de la Johannide de Corippe, Adra, Nancy, Editions Boccard, Paris, 1997.

25- S. Chaker, Onomastique berbère ancienne (Antiquité et Moyen-Age : Rupture et continuité), BA du CTHS, nouv. série.fasc.19 B, Paris, 1985, p. 484. Les notes 12 et 13 complètent la liste des travaux sur l'omomastique romaine en Afrique du Nord.

26- Idem, p. 484.

27- Nous faisons allusion à un certain nombre d'affirmations controversées du linguiste algérien.

28- P. Duprat, Essai historique, chapitre VI, Phéniciens ou Tyr-Cananéens.

- M. Coltelloni-Trannoy, Hercule en Maurétanie : mythe et géographie au début du principat, Afrique du Nord antique et médiévale, Mémoire, identité et imaginaire, PUR, 2002.

M. Clavel-Levêque, A propos de l'Hercule africain, réflexion sur les modes du syncrétisme, DHA vol.1, 1974. Sur la sémitisation de la population nord-africaine, il existe une vaste littérature d'inspiration orientaliste qui prône une orientalisation sans cesse renouvelée de l'Afrique du Nord.

29- A. Befaida, Religion et sacré chez les Imazighens, IRCAM, Rabat, 2011. Il faut bien reconnaître que les traditions mythico-religieuses sont multiples et éparpillées sur toute la Tamazgha et de ses abords, et qu'il faut le concours de plusieurs spécialistes des différentes matières scientifiques pour pouvoir un jour peut-être écrire l'histoire religieuse des Amazighs.

Les représentations du terrassement d'Antée par Héraclès de Fransisco de Zubaran et d'Antonio del Pollaillo, montrent clairement l'exercice de la puissante narrative de la mythologie grecque, qui du même coup instaure la suprématie idéologique de l’hellénisme et de tout un système de domination noologique au détriment des Amazighs.

30- P. Duprat, Essai historique, chapitre IV.

31- On s'est naturellement inspiré de deux ouvrages :

- L.J. Calvet, la guerre des langues, Payot, Paris, 1987.

- M. Olender, Les langues du paradis, Aryens et sémites : un couple providentiel, Editions du Seuil, Paris, 1989.

Plus d'articles de : Opinion

Commentaires (7) | Réagir ?

avatar
departement education

merci le partage

avatar
adil ahmed

danke schoon

visualisation: 2 / 7