Dans l’antichambre du pouvoir en Algérie (IV)

Le président Bouteflika fait le ménage en prévision de la présidentielle de
Le président Bouteflika fait le ménage en prévision de la présidentielle de

La crucifixion du Premier ministre, Abdelmalek Sellal, par le clan présidentiel et ses philistins, conforte nos précédentes analyses, plusieurs fois répétées, selon lesquelles, cette personnalité haute en couleur, ne représente pas un réel challenger (1) pour les clans du pouvoir qui ont entamé le processus de la succession présidentielle. Il faut chercher l’explication dans la distribution des rentes qu’il s’est permis d’affecter, gavant un clan plus que de mesure, via notamment son ministre de l’industrie et des mines A. Bouchouareb et le Président du FCE (2).

D’une pierre deux coups, Abdelmalek Sellal étant entarté, il ne reste plus qu’à solder les comptes avec Ahmed Ouyahia (3), via sa fin de fonction au poste de Directeur de cabinet à la Présidence de république puis de son "redressement" pour fin de bail de secrétaire général du RND, instrument politique unique dont notre pays est le géniteur exclusif ! D’autant qu’il vient, encore fois, à la conférence de presse clôturant la session du Conseil national du RND du 11 juin 2017 (4), de faire allégeance à son parrain, en déclarant, toute honte bue : "Cela ne me dérange pas. Je suis heureux et honoré de servir le Président de la République", au lieu d’affirmer qu’il sert l’Algérie, comme tout homme politique digne aurait naturellement soutenu. Mais dans le même temps, il donne des signes à l’Union européenne et aux USA en tenant un discours raciste et xénophobe en direction des migrants africains (5). Dans les deux cas, il s’installe définitivement dans une posture de second rôle et s’exclut, lui-même, d’une succession présidentielle dont il rêve debout, en se regardant "le matin devant son miroir" !

| Lire la première partie : Dans l’antichambre du pouvoir algérien (I)

La désignation d’Abdelmadjid Tebboune (6), au poste de Premier ministre, annoncée depuis plusieurs semaines, dans une de mes précédentes contributions, va permettre, à la fois à rééquilibrer la distribution des rentes entre les clans du pouvoir mais également de délimiter le rôle de chacun et notamment celui des « nouveaux riches » qui s’investissent en politique, souhaitant ainsi s’affranchir de leurs tuteurs politico-militaires. Pour son premier discours devant les députés, A. Tebboune (7) dresse les frontières en déclarant « On va séparer entre l’argent et le pouvoir », ce qui représente une menace doublée d’une injonction pour un retour à l’ordre pour chacune des parties. Enfin, il lance surtout l’opération de préparation d’un « terrain économique propice » (8) pour la mise en œuvre du processus de succession présidentielle, en gestation. Instruit par la Présidence, il est contraint au recours et à la promotion des financements « internes non-conventionnels », euphémisme trouvé pour mettre en œuvre une politique de financement monétaire, par l’injection massive de dinars (9), sans contreparties réelles. L’institut d’émission fera tourner à fond la planche à billets pour renflouer les banques commerciales via le refinancement généreux de la Banque d’Algérie. Cette fuite en avant, caresse le rêve caché d’un renversement de la conjoncture sur le marché international de l’énergie (les prix sont actuellement inférieurs à 50 US$ le baril) et un retour à l’abondance budgétaire factice, générée par la rente et non par la production de biens et services (10). Sur le registre politique, les mêmes fausses promesses sont resservies comme "le renforcement de l’État de droit, des libertés et de la démocratie, la consolidation de la bonne gouvernance, la promotion de l’identité nationale, la lutte contre la corruption (11) …", contenues dans le discours du Président d’avril 2011. En attendant des temps meilleurs, il est de plus en plus difficile (12) de masquer l’image sanitaire invalidante du Président, ce qui soulève des doutes sur ses capacités à assurer ses fonctions régaliennes (13), tant au niveau national qu’international (14). Le pouvoir a donc puisé dans la boite à outil de l’ENA et choisi un de ses produits, formatés dans le profil d’un homme-lige, corvéable, interchangeable et fragilisé par son parcours, afin qu’il exécute, à la lettre, toutes les instructions et en même temps qu’il serve de fusibles, dans le cas, très probable, de troubles sociaux. En effet, le pouvoir n’hésitera pas une seconde à tout lui faire endosser et à le livrer, pieds et poings liés, à la vindicte populaire, les années 2017 à 2019 se présentant sous de très mauvais augures.

Dès lors, l’accélération du processus de passation du pouvoir, entre les clans, devient d’une nécessité vitale pour sa pérennité et d’une exigence prioritaire, pour éviter une rupture de la paix sociale dévastatrice. Nous allons donc assister aux grandes manœuvres de la guerre, après que l’ordre du jour ait été lancé par un clan qui compose le pouvoir réel, obligeant le clan du statu quo à jouer sa dernière carte (15) afin de maintenir en l’état la situation actuelle, du moins, jusqu’à Avril 2019. Les arguments de stabilité et de sécurité du pays, développés par le clan présidentiel, ont vécu et ils se sont mêmes retournés contre leurs propres promoteurs, puisque tous les instituts internationaux d’analyses politiques influents et les chancelleries des pays qui pèsent dans l’échiquier algérien, sont unanimes à affirmer que la dilution du pouvoir entre plusieurs clans engendre une situation chaotique porteuse « d’instabilité et d’insécurité dans notre pays et dans la région... ». Ce qui signifie, en clair, que ce n’est donc ni la rupture de la paix sociale (16), ni le risque terroriste (17) et en moins la "main extérieure" (18) qui menacent la stabilité et la sécurité de l’Algérie mais bien l’absence sanitaire longue de cinq ans, du Président de la république (19) et sa conséquence directe, à savoir, son incapacité présumée à prendre des décisions et à assurer ses fonctions régaliennes (20). Le rejet des élections législatives par une large majorité d’électeurs, est démontré par la victoire massive de l’abstention, qui, contrairement à la fraude, est plus facile à percevoir, à déceler et à apprécier (21) et se transforme rapidement en un signal politique fort, de la société en direction du pouvoir, quel que soit, par ailleurs, le résultat du scrutin que l’on sait préfabriqué. L’entrée en lisse des réseaux sociaux va permettre au corps électoral de prendre conscience que l’abstention devient l’arme ultime à laquelle il peut avoir recours, pour montrer et démontrer son rejet du système, sans craindre de représailles mais tout en indiquant clairement que la patience populaire a des limites supportables, avant la rupture de la paix sociale et donc de l’aventure...

Pour le reste et comme planifié préalablement, le FLN et son excroissance le RND ont obtenu la majorité absolue des sièges de ce scrutin, le FLN avec 160 sièges (perdant 60) et le RND 101 sièges (gagnant 33), totalisant 261 sièges des 462 possibles. La mouvance islamiste vient en troisième position, avec entre 70 et 80 sièges. Il est significatif de noter que 39 sièges ont été distribués aux autres clients du pouvoir en guise de récompense (22). Les partis indépendants ont obtenu, 14 sièges pour le FFS, 11 pour le PT et 9 pour le RCD. Enfin, les partis tiroir-caisse, comme le Front el-Moustakbal, TAJ ou le MPA, sont gratifiés de respectivement 20, 19 et 13 sièges. En fait, le pouvoir a pris bonne note qu’officiellement 35,3% seulement du corps électoral a voté, avec « falsification des PV et bourrage des urnes", dénoncés par certains partis (23). Il est admis, officieusement, que seuls 10% des électeurs sont allés voter et que le véritable vainqueur est le boycott, ce qui conforte les partis qui ont appelé au boycott, comme Jil Jadid et Talaie El Hourriyet… il faudra s’en souvenir pour la prochaine étape. Les législatives de 2017 ont donc clairement démontré que l’abstention (24) a constitué officiellement plus de 65% (officieusement le chiffre affolant de 90% est avancé) du corps électoral soit un potentiel de 15 millions d’électeurs, non structuré et sans parti formel, qui ne demande qu’à être mobilisé. L’allocation des quotas de députés, pour chaque parti politique, entre dans la stratégie de construction de la nouvelle « majorité parlementaire coalisée», susceptible, le moment venu, de soutenir le candidat du pouvoir, dans la désignation élective présidentielle de 2019. Cette construction ne doit pas permettre à un parti de truster une large majorité de leadership (25) qui pourrait peser sur les prochaines présidentielles, d’une manière ou d’une autre mais créer un équilibre majoritaire instable, entre le FLN, le RND et les islamistes ablutionnés, plus facile à redresser en cas de besoin.

Pourtant, une analyse approfondie nous montre que les élections législatives ont été neutralisées, dès le début du mandat présidentiel, en 1999, du fait de l’utilisation abusive et systématique de l’ordonnance, comme instrument législatif, pour minimiser le pouvoir des deux chambres, puisque les ordonnances présidentielles sont prises, par le Président de la république, en intersession et adoptées, par les deux chambres parlementaires, en séances plénières… sans débat. Force est de constater, que les lois les plus sensibles et les plus controversées (lois de finances et celles complémentaires (26), loi sur les hydrocarbures, loi sur le code des investissements, celui de la famille…) ont été adoptées à travers la procédure de l’ordonnance et entérinées par les deux chambres. Seules les lois n’ayant pas d’enjeux politiques sont présentées aux pouvoirs législatifs pour débat et adoption, sans que, pour autant, les propositions d’amendements des députés et sénateurs ne soient prises en compte par le gouvernement qui reste le maître du jeu parlementaire, en violation flagrante du principe démocratique de séparation des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire.

Dans le domaine de la gouvernance, c’est la non-gestion (27) qui caractérise les équipes gouvernementales qui se succèdent, ce qui menace les fondements sur lesquels le système redistributif est construit. Cette forme exacerbée de populisme, ruine toutes les politiques économique et sociale, construites pour tenter de sortir de l’économie de rente, qui consiste à dépenser des ressources financières rares qui ne sont pas générées par la production nationale mais essentiellement issues de la rente des hydrocarbures… lorsque le marché international le permet ! Le retournement à la baisse durable du marché des hydrocarbures va donc créer un gap entre la volonté populiste de maintenir le système rentier en l’état et l’impossibilité financière de rétablir les équilibres macro financiers.

Enfin, la corruption est devenue, en Algérie, une catégorie économique courante qui entre de plain-pied dans le calcul économique et sa logique s’installe dans les mœurs économiques et financières de notre pays, autorisant des concentrations de richesses colossales et une généralisation de sa pratique, à tous les secteurs et à toutes les institutions, phénomène appelé, non sans humour, la "démocratisation de la corruption". La traduction politique (28), de cette situation économique, est l’émergence d’une classe de "nouveaux riches" (29) qui, après avoir accumulé d’énormes richesses, de provenances douteuses voire mafieuses, prétend s’émanciper de leurs protecteurs civils et militaires et conquérir directement le pouvoir politique (30) ! Les différentes consultations électorales ont monté des transformations sociétales des prétendants à la députation, qui comme le souligne N. Djabi "Nous sommes en présence d’un nouveau profil politique qui n’aspire pas à représenter les citoyens... mais d’avoir une immunité, une proximité avec la rente et les centres de décision au niveau central". Ce nouvel intrus politique (appelé oligarque dans certains pays), dans la "zaouïa républicaine" créée par le clan présidentiel depuis 1999, exige, aujourd’hui, le droit de partager le pouvoir et de participer aux décisions politiques majeures subséquentes, de manière à séculariser sa situation de rentier et de la défendre le plus longtemps possible, pour ne jamais avoir à rendre des comptes, à quiconque, sur l’origine douteuse de sa richesse (31). Ce qui est certain, c’est que le pouvoir actuel ne pourra plus contrôler une autre explosion sociale sauf à prendre le risque d’un nouveau bain de sang, aux conséquences incalculables, qui devra, obligatoirement, passer par l’engagement, une fois de plus, de l’institution militaire (32) ! Il se doit donc de composer avec cette nouvelle donne politique, ce qui retarde la décision de succession, faute d’un consensus. En apparence, la solution semble très simple, puisqu’il s’agit uniquement du "remplacement" du Président elliptique (33), processus technique très usité dans nos mœurs politiques (34), à condition, bien sûr, qu’un clan du pouvoir se sente suffisamment puissant pour prendre l’initiative d’écarter l’autre clan, avec l’"autorisation" du ou des chefs de l’institution militaire (35).

Nous nous acheminons donc vers un schéma classique de passation de pouvoir entre clans aux appétits féroces et prêts à utiliser tous les moyens, y compris la violence, pour maintenir intact leurs privilèges, ceux déjà acquis et ceux futurs.

Le successeur caché ne fait très certainement pas parti de la liste des hommes politiques (36) que la presse cite, à satiété (souvent encouragée par les prétendants eux-mêmes et par le pouvoir pour amuser la galerie), question de se faire rappeler au bon souvenir des décideurs, exhibant, toute honte bue, leurs "faits d’armes" dans l’obséquiosité et la servitude, vis-à-vis des différents clans du pouvoir. La traitrise et la volteface étant de rigueur, dans les mœurs politiques de notre pays, seule l’assurance et la garantie, qu’aucune entreprise d’évaluation de la gestion des vingt dernières années, ne sera mise en œuvre, détermineront le choix du successeur. En effet, les clans du pouvoir et le sérail n’ont pas intérêt à ce que l’on ouvre la voie à des poursuites judiciaires (37) tout azimut, ce qui pourrait remettre en cause les « biens acquis » par tous les saprophytes du pouvoir. Sortir du pouvoir en « bon ordre » et sans y "laisser des plumes"… C’est la quadrature du cercle actuel pour le clan présidentiel ! (A suivre)

Dr Mourad Goumiri

Professeur associé.

Notes

(1) Selon N. Beau, A. Sellal « tient la canne par le milieu », en tentant de faire allégeance au Président elliptique tout en flirtant avec le chef d’état-major et vice-ministre de la défense, sous l’ombre de l’ex-général Toufik. Il semblerait qu’il devra remplacer A. Ouyahia, comme Directeur de cabinet à la Présidence de la république, pour le maintenir sous surveillance et éviter qu’il n’ait de mauvaise fréquentation !

(2) Selon le nouveau Premier ministre A. Tebboune, « une cagnotte astronomique de 6 Milliards de US$ a été engloutie par l’ancien ministre de l’industrie A. Bouchouareb » à travers les « importations déguisées, de nombreuses failles dans le cahier des charges, des défaillances dans le domaine des mines et des zones industrielles ». L’entreprise ETRBH d’A. Haddad va faire l’objet d’un audit de type instruction judiciaire.

(3) Prétendant, non assumé, à la succession présidentielle, A. Ouyahia n’a pas été choisi comme Premier ministre, signe avant coureur de sa décapitation politique. En outre, il n’a obtenu que trois ministres, ce qui va fragiliser sa position au sein du parti, alors qu’il ambitionnait de faire jeu égal avec le FLN. L’institution militaire, celle visible et l’autre invisible mais efficace, va-t-elle une nouvelle fois l’imposer ? Rien ne l’indique mais si ce cas d’école se réalise, il devra affronter au clan présidentiel, à visage découvert et sans tuteur, exercice qu’il n’a jamais encore pratiqué !

(4) La campagne intense, menée par A. Ouyahia, lors des élections législatives, n’a trompé aucune personne avertie, considérant qu’il roulait pour lui-même à l’instar d’une espèce d’élection présidentielle « à blanc ». Le RND, parti de l’administration, n’avait certainement pas besoin d’un tel déploiement d’énergie pour arriver à ses fins, étant considéré comme l’enfant SNP du FLN.

(5) L’EU considère que l’Algérie doit servir de rempart à l’émigration subsaharienne comme la Turquie pour celle du Moyen-Orient qui lui rapporte 2 Milliards de US$. Ce discours est un gage à l’UE au cas où il succède à A. Bouteflika.

(6) Ceux qui s’attendaient à une nouvelle stratégie de développement avec l’arrivée d’A. Tebboune, peuvent faire leur deuil. Dans son intervention à l’APN, il a confirmé le maintien du « programme économique du Président de la république ». Mais sa mission réelle est de rééquilibrer la répartition des rentes, entre les clans du pouvoir, pour corriger le gavage du clan d’A. Sellal.

(7) A. Tebboune a chargé son Ministre de l’industrie, M. Bedda, de tirer à « boulets rouges » sur son prédécesseur A. Bouchouareb, pour atteindre son clan. Selon lui, il aurait fait main basse sur « une cagnotte 70 Milliards de DA » ! Cynique, A. Ouyahia, auteur de l’opération « main propre » sacrifie A. Bouchouareb, son pion historique et l’éloigne en lui confiant les relations extérieurs du RND, justifiant son absence en Algérie !

(8) Dès son arrivée, comme Premier ministre, A. Tebboune a commencé par annuler toutes les décisions d’attributions de privilèges (terres agricoles, foncier industriel, monopoles, privatisations, carriers d’agrégats, biens immobiliers, marchés rentiers, nominations, licences d’importation…) qu’A. Sellal avait signé ! Ceci expliquant cela, un autre clan va profiter de cette manne.

(9) L’injection massive de dinars dans l’économie va accélérer l’inflation qui va raboter le pouvoir d’achat des salariés et des retraités qui constatent déjà ses effets. Une dévaluation du Dinar n’est pas à exclure car les surplus monétaires ne s’orienteront pas vers l’investissement mais iront grossir la spéculation et le marché informel et notamment celui des devises (Place Port-Saïd).

(10) Il faut bien comprendre le refus du pouvoir à l’endettement extérieur proposé par le couple FMI/BIRD. L’endettement extérieur conduira à un renforcement de la traçabilité et à la rationalité de la dépense ainsi qu’à une plus grande transparence dans les opérations, ce qui réduira l’espace de la corruption.

(11) Plus le pouvoir déclare lutter contre la corruption plus elle fleurit. Ainsi le transfert illicite de capitaux par la surfacturation sur les importations représente 18 Milliards de US$ soit 30% du montant total des importations en 2014, évalué à 58,8 milliards de US$. Cette corruption est également générée par la conclusion de marchés publics et la mauvaise gestion, la surconsommation de budgets, suite aux réévaluations successives des enveloppes financières.

(12) La dernière sortie présidentielle, pour remplir ses obligations de participation aux élections législatives, a montré une personne affaiblie avec une motricité difficile. Le Conseil des ministres, qu’il a présidé le14 juin 2017, était une obligation incontournable et vient après celui de… décembre 2016 !

(13) Le Président A. Bouteflika n’a fait aucun discours à la nation depuis 6 ans, ni visité aucunes wilayates, ni assisté aux cérémonies officielles (civiles, militaires, religieuses), ni participé aux réunions internationales (bilatérales, multinationales, régionales). Il a reçu très peu de personnalités nationales et étrangères, a présidé un à deux Conseils des ministres par an. Il s’est rendu à l’étranger (Paris et Grenoble, en France) uniquement pour des contrôles médicaux obligatoires.

(14) C’est d’ailleurs le volet international qui inquiète le plus les clans du pouvoir, qui sont sous pressions afin de rapidement procéder au remplacement du Président elliptique, dans la paix entre clans et sans troubles sociaux, pouvant être fomentés par des balthaguias.

(15) Selon les observateurs avertis, les élections législatives ont servi à gagner du temps et à ne pas procéder immédiatement au remplacement du Président elliptique. Il est évident que ce Parlement sera dissout, dès l’arrivée, à échéance ou pas, du prochain Président.

(16) Le Fonds de Régulation des Recettes (FRR) a permis d’amortir les chocs extérieurs et intérieurs (notamment la couverture des transferts sociaux). Or, l’étude du Forum officiel des institutions monétaires et financières (OMFIF), publiée lundi 12 juin 2017, note que les actifs du Fonds ont chuté de 85%, soit de 42,4 milliards de dollars, en raison de sa contribution à l’équilibre du budget et a entraîné une diminution de 90% des actifs depuis la fin 2014. La situation du Fonds ne devrait pas s’améliorer, vu l’évolution des cours du pétrole, le Brent à 48,30 US$, a perdu15% de sa valeur. Il ne pourra plus couvrir les déficits publics de 2017 et 2018.

(17) La situation sécuritaire reste globalement sous contrôle malgré les effets négatifs du « printemps arabe » sur certains pays frontaliers.

(18) Les risques d’agression provenant de « l’ennemi extérieur » identifié comme étant soit le Maroc, la Libye, ou même Israël, sont agités, de temps en temps, par des médias aux ordres pour justifier le statuquo intérieur et obtenir, des pays étrangers, un répit nécessaire à la maturation du processus de désignation élective présidentielle.

(19) Force est de constater que le poste de Ministre de la défense n’a été attribué qu’à deux occasions par deux présidents (A. Ben Bella et C. Bendjedid), ce qui leur a coûté leur poste ! Fort de cette expérience, A. Bouteflika a conservé jalousement ce poste à son niveau, durant ses quatre mandats.

(20) La décision d’E. Macron de « téléphoner » au Président algérien et se rendre en visite au Maroc (et sûrement en Tunisie) est prise de manière à éviter de tomber dans la situation rocambolesque de la visite de la Chancelière allemande ou du Premier Ministre iranien. L’agenda de la diplomatie française ne saurait se décider en fonction de l’état de santé du Président algérien, même si ce pays est le seul à connaitre la réalité de sa situation de santé !

(21) Lors de l’élection de L. Zeroual, certains avaient déduit, en Algérie et à l’étranger et notamment en France, que ce scrutin était crédible du fait du taux de participation très élevé et du nombre important d’électeurs qui se sont rués vers les bureaux de vote. Ce taux de participation a longtemps servi de légitimité à son pouvoir, quel que soit, par ailleurs, le résultat !

(22) Pour la consommation extérieure, la représentation par un député pour chacun des trente partis, devait servir à crédibiliser ce scrutin, sauf que l’abstention massive a plombé cette élection.

(23) La Secrétaire générale du Parti des Travailleurs, Louisa Hanoune, a évoqué la fraude durant les élections législatives, accusant nommément le FLN. Elle a estimé que les élections législatives doivent être annulées à cause de la fraude et déclare que « Pour la sauvegarde de ce pays, cette Assemblée ne doit pas siéger ». Le rapport de la mission d’expertise électorale européenne « relève de nombreuses anomalies dans l’organisation et le déroulement des dernières élections législatives ».

(24) Les législatives françaises ont enregistré une abstention de 57,3 %, au deuxième tour, ce qui fait dire à tous les partis politiques que l’électorat est mal représenté et donc la représentativité est toute relative !

(25) Tout le monde se souvient de la séquence de la coalition qui s’est rendue à Saint Egidio avec notamment le SG du FLN, A. Mehri. Cette situation non anticipée avait conduit le général M. Betchine à créer, ex nihilo, le RND, mis entre les mains de T. Benbeibèche, pour contrecarrer cette démarche politique !

(26) Le plus grand hold-up commis par le pouvoir exécutif sur le pouvoir législatif, c’est sans doute celui d’avoir présenté le montant des recettes pétrolières dans les différentes lois de finances, calculées sur la base d’un baril à 19 US$ (puis à 39 US$) alors qu’il caracolait plus de 140 US$ ! La différence avait été affectée à un compte spécial du Trésor public, dénommé Fonds de régulation des recettes (FRR) qui est mouvementé uniquement par décret présidentiel, en violation des règles élémentaires de la loi relative à la comptabilité publique.

(27) Notre pays se caractérise, actuellement, par une situation de non gestion, doublée de mauvaise gestion, par pur populisme ! En effet, la non gestion consiste à ne pas prendre les décisions salutaires aux moments opportuns, ce qui les rend impossibles à rattraper par la suite, comme par exemple, l’augmentation graduelle des prix des produits de base, la réaffectation des transferts, l’éradication de l’informel…

(28) R. Tlemcani considère qu’« il n’y a ni gauche, ni centre, ni droite. Tout le monde est ferré par le programme du président de la République, devenu une sorte de cri de ralliement politique des fidèles du chef de l’Etat ».

(29) « Les nouveaux riches » en Algérie, sont définis comme étant une classe socioprofessionnelle qui a accumulé des richesses colossales en un temps record, sans toutefois avoir acquis la culture du riche ni ses comportements subséquents.

(30) Le FCE compte 79 députés au sein de la nouvelle APN issue des élections législatives du 4 mai 2017.Ils appartiennent à plusieurs formations politiques, dont le FLN, le RND, TAJ, et des indépendants principalement.

(31) Les rentiers du pouvoir (marché publics, monopoles, import-import, l’informel, la fraude et l’évasion fiscale…) craignent le plus une implosion sociale dont ils sont sûrs d’être les premiers à en faire les frais. Deux attitudes, dès lors, se dégagent ; l’une consiste en la fuite de leurs capitaux dans des paradis fiscaux (exit panama papers), l’autre en exigeant l’achat de la paix sociale qu’ils sont prêts à financer partiellement. La plupart d’entre eux font les deux.

(32) Les émeutes d’octobre 1988, ont montré et démontré les réticences du ou des chefs de l’institution militaire à se faire entrainer dans un processus de rétablissement de l’ordre public et du coup humain élevé que cela entraine, compte tenu de son impréparation à ce genre de mission. Acceptera-t-elle, sans conditions préalables, de se voire entrainer, une nouvelle fois, dans cette aventure sanglante ?

(33) L’argument juridique est d’origine constitutionnelle et depuis maintenant plusieurs années, beaucoup de personnalités politiques exigent l’application de l’article 88 de la constitution, relatif à l’empêchement présidentiel, que doit prononcer le Président constitutionnel et qui entraine, automatiquement, le transfert du pouvoir présidentiel, au Président du Conseil de la Nation, pour une période intérimaire.

(34) Les coups d’état réels ou institutionnels (en 1962, en 1965, en 1979, en 1992, en 1994 et en1999) ont structuré les mœurs politiques de passation du pouvoir en Algérie. Ces passations se sont toujours réalisées sous le contrôle et l’arbitrage du ou des chefs de l’institution militaire du moment !

(35) Le général R. Benyelles apporte dans ses mémoires une définition originale et féconde du pouvoir de l’institution militaire. En effet, il considère que l’institution militaire est une puissante « masse » du pouvoir mais à la disposition du ou de ses chefs du moment.

(36) Les noms d’A. Ouyahia, C. Khelil, A. Sellal, A. Belkhadem, A. Hamel, L. Brahimi et maintenant A. Tebboune, reviennent dans la presse, comme successeur potentiel, souvent sous leur propre initiative, tout en se gardant bien de démentir ces supputations.

(37) Il ne faut pas oublier les procès de la « déboumedianisation », ouverts sous l’ère de C. Bendjedid, qui ont vu plusieurs dignitaires ou leurs sbires condamnés et emprisonnés, à tord ou à raison. En outre, plusieurs personnalités politiques en ont fait les frais et ont dû fuir à l’étranger dont l’actuel Président… il s’en souviendra, à tous les coups !

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Commentaires (14) | Réagir ?

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algerie

جزاكم الله خيرا

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DSP beddiare

Merci et bonne journée

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