Affaire Mécili: le jeu de Bouteflika

 Affaire Mécili: le jeu de Bouteflika

Des raisons de politique politicienne auraient fait de Mohamed Ziane Hasseni une victime collatérale de jeux d’influence algéro-algériens au sommet de l’Etat.

Selon bakchich.com, c'est le président Bouteflika en personne qui aurait "ralenti" la riposte algérienne à l’arrestation du diplomate puisqu'il a fallu attendre dix jours — soit le 24 août 2008 — pour que les autorités algériennes réagissent enfin officiellement. D’une manière on ne peut plus modérée : au détour d’une conférence de presse tenue à l’issue d’une réunion du conseil de gouvernement, le ministre de la Communication Abderrachid Boukerzaza a qualifié « d’incident regrettable » l’arrestation du diplomate qui «a été victime d’un traitement humiliant de la part de la police française».

Un haut-fonctionnaire algérien qui souhaite garder l’anonymat, révèle que ce silence assourdissant n’a rien d’étonnant et relève de la volonté du président Abdelaziz Bouteflika qui a la main haute sur les affaires diplomatiques et notamment celles concernant la France. « Les diplomates du ministère des Affaires étrangères ont vite rédigé un communiqué dénonçant l’arrestation en France de leur collègue mais la présidence en a empêché la diffusion » affirme-t-il.

La diplomatie algérienne tenue d’une main de fer par Abdelaziz Bouteflika et la présidence est-elle pour autant devenue plus virulente publiquement au sujet du maintien sous contrôle judiciaire de Mohamed Ziane Hasseni et des lenteurs de la justice française que dénonce allègrement la presse algérienne ? Que nenni !

Plutôt que de se fendre d’une déclaration solennelle, voire de convoquer l’ambassadeur de France à Alger pour protester en bonne et due forme, le ministre des Affaires étrangères, Mourad Médelci, a privilégié une communication par dépêches de l’APS, l’agence de presse officielle algérienne, interposées.

Par exemple, le 23 décembre 2008, Médelci s’est sobrement interrogé en ces termes : « nous ne comprenons pas pourquoi la justice française n’a pas pris la décision de non-lieu » avant de déclarer que Mohamed Ziane Hasseni « n’a rien à voir avec l’affaire pour laquelle il est mis en cause ». Faut-il comprendre que cette surprenante mansuétude signifie maintenant qu’un soutien public de Nicolas Sarkozy à la réélection d’Abdelaziz Bouteflika programmée pour avril 2009 serait le bienvenu ?

A l’été 2008, le président Bouteflika a réussi depuis plusieurs mois déjà à rallier les différents acteurs du pouvoir algérien à l’idée de son troisième mandat qu’il a officiellement obtenu lors de la révision de la Constitution en novembre 2008. Mais, selon plusieurs témoins privilégiés, l’ancien homme fort des années 90, le général Larbi Belkheir, n’est pas de cet avis. Il a été envoyé en exil doré au Maroc en 2005 par Bouteflika qui l’a nommé ambassadeur d’Algérie au royaume chérifien et lui tient rancœur.

Faire taire le général Larbi Belkheir

« Dans ce contexte, le président Bouteflika voulait faire taire Larbi Belkheir » explique un homme d’affaires bien au fait des joutes au sein du sérail algérien. Car, depuis quelque temps, le général, qui souffre d’une maladie rare des poumons, milite en coulisses contre le prolongement du bail de Bouteflika à El Mouradia, le palais présidentiel.

«Alors que c’est lui qui a fait Bouteflika président en 1999, il disait qu’il le déferait et organisait des petites réunions pour rallier les gens à son point de vue » explique un témoin. « Abdelaziz Bouteflika est un tacticien machiavélique. Il ne lui a pas échappé qu’une absence de réaction officielle de l’Algérie suite à l’arrestation du diplomate ne manquerait pas de jeter le trouble et de remettre l’assassinat d’Ali Mécili et ses commanditaires sur le devant de la scène en excitant des journalistes français prompts à montrer du doigt les généraux algériens. En 1987, le général Larbi Belkheir occupait un poste clé puisqu’il était le chef de cabinet du président Chadli… ».

Toujours est-il que le général Belkheir a perdu la partie face au président Bouteflika. Comme Bakchich l’a révélé le 1er novembre 2008, il a dû quitter Paris (où, affaibli par la maladie, il se faisait soigner) pour rentrer à Alger le 30 octobre dernier : il était prévu qu’il soit entendu le lendemain par le juge Thouvenot dans le cadre de l’affaire Mécili…

LM. (Sce : bakchich.com)

Plus d'articles de : Actualité

Commentaires (7) | Réagir ?

avatar
Abdelkrim

Avec ce pouvoir nous sommes habitués. C'est le jeu sans frontière aucune: ni morale ni territoriale.

avatar
Numidien

Vous comprenez maintenant pourquoi Boutef a fait l'éloge de l'infirmier Djamel Ould Abbas (DOA) sur la propagande électorale devant tous les mini-stres qui eux lui semblaient laxistes. Que vient faire DOA sur l'affaire de Mohamed Ziane Hasseni et en France par dessus le marché pour faire plaisir à Boutef? Et si la France n'était pas complice de tous les malheurs que vivent les algériens, pourquoi Belkheir a pris le vol sur Alger à quelques heures de son arrestation par la police française pour répondre de l'affaire Hasseni et pourquoi pas de celle de Me Mécili? Boutef et Sarkozy sont complices et celà continuera à détruire l'Algérie tant que les Algériens continuent à rêver de la naissance d'un messie.

visualisation: 2 / 7