Combien de manipulations ?
Il est clair qu'en 1979, l'occupation soviétique de l'Afghanistan aurait favorisé pour la première fois l'émergence d'un mouvement de résistance islamique national qui a eu, plus tard, une grande influence sur la création d'Al-Qaïda, la naissance des Talibans et, quoique dans un contexte différent, la nébuleuse monstrueuse de Daech.
On remarque également que cette date marque l'apparition d'un djihadisme nouveau, agissant par la seule terreur et ayant pour base idéologique le Wahhabisme saoudien. Et pourtant, personne n'a pensé jusqu'au début des années 1980 de relier le terrorisme à l'islamisme ! Comment donc ce renversement de logique assez rapide fut-il possible alors que toute l'histoire de la décolonisation a prouvé que la violence n'a été le recours que des mouvements révolutionnaires séculiers ?
En réalité, la machine de propagande américaine y était pour beaucoup ! Il y a même certains intellectuels occidentaux qui s'étaient rendus en Afghanistan en 1981 pour aider les rebelles moudjahidine aux côtés de centaines de miliciens volontaires, venus du monde arabe dont Oussama Ben Laden. Craignant à l'époque le communisme, ces derniers ont soutenu l'islamisme comme une force de frappe anti-communiste avant de changer le fusil d'épaule lorsque celui-ci a retourné ses armes contre l'Occident dès septembre 2001. Cela est d'autant plus vrai qu'en Palestine par exemple, les mouvements islamistes dont le Hamas étaient même encouragés durant les premières décennies de l'occupation sioniste pour affaiblir l'O.L.P et bien d'autres fronts laïques résistants. De même, en Égypte et en Algérie, les Frères musulmans et l'association des oulémas dont descend en partie le mouvement islamiste de la fin des années 1970 ont joué jusqu'en début des années 1950 la carte de «l'intégration» et de «l'assimilation» aux puissances coloniales !
Notons aussi, pour rappel, que bien d'autres mouvements extrémistes ayant recouru de par le monde à la violence et à la guérilla terroriste sont laïques. Ce fut le cas notamment de la fraction armée rouge (RAF) en Allemagne, l'armée rouge japonaise, les brigades rouges italiennes, les Basques d'Euskadi Ta Askatasuna (ETA), etc. Plus loin, en Asie, à la fin du XXème siècle, les actions terroristes les plus barbares ont été menées par des Tamouls du Sri Lanka, adeptes non de l'islamisme mais de l'hindouisme. Comment cette vision des choses a-t-elle complètement changé alors ? En ce qui concerne l'espace arabo-musulman, cela n'a été possible qu'au lendemain de l'effondrement total de l'alternative socialiste du Nassérisme et du Baâthisme. Prenant leur relais, le fondamentalisme religieux, porteur de nouveaux défis contre l'Occident impérialiste, en a exploité toutes les failles à sa faveur dans une atmosphère d'indifférence généralisée pour s'imposer.
L'idée de «Al-gha'zw al-thaqâfi» (l'invasion culturelle occidentale) fut sur toutes les lèvres pour justifier, auprès des classes défavorisées, la confrontation avec les ex-colonisateurs sous la bannière de l'islam. La répression et la corruption des régimes totalitaires (Shah d'Iran, les partis Baâth syrien et irakien, ou le F.L.N en Algérie) ont popularisé un islam nationaliste qui a vite dérivé vers l'intégrisme religieux, vu par certains intellectuels salonnards occidentaux comme l'image représentative et réelle mais combien caricaturale et «stéréotypée» de l'islam. La quête de l'égalité sociale par les activistes islamistes, leur glorification par le biais des discours triomphalistes de la pureté des origines, leur mépris de l'existence matérielle et surtout leur investissement massif dans les milieux éducatifs (en particulier sous l'Égypte de Moubarak) ont pu rallier toutes les voix opposantes ou dissidentes à leur camp.
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merci bien pour les informations
merciii pour l'information