OMC : la corruption continue à être un frein sérieux au développement de l’Algérie
Incapable de s’adapter aux règles les plus basales du commerce mondial, l’élite corrompue de l’Algérie la condamne à signer des contrats désavantageux avec des pays beaucoup plus puissants qu’elle.
En affirmant le 29 juin que son gouvernement n'était pas disposé à adhérer à l'OMC, le Premier ministre Abdelmadjid Tebboune mettait en danger la santé financière de son pays pour ne pas toucher la corruption généralisée qui y sévit. S’il est vrai que l’Algérie a un important potentiel de développement, il est largement freiné par le désir de ses dirigeants de garder leur culture de corruption bien vivante.
Contrairement à ce qu’affirme Abdelmadjid Tebboune, les raisons de cette non-adhésion ne sont pas les efforts de défense des intérêts de l’économie algérienne. C’est plutôt en raison de la corruption de ses dirigeants que l’Algérie ne s’est pas intégrée à l'Organisation mondiale du commerce qui régit les relations entre plus de 160 pays qui représentent plus de 95 % du commerce mondial. Adhérer à l’OMC obligerait de créer des conditions égales entre tous les entrepreneurs. Dans l’OMC, les pays ne peuvent discriminer entre leurs partenaires commerciaux sur des bases autres que commerciales. Ils devraient établir les mêmes règles pour tous les membres de l’OMC. Les dirigeants algériens ne pourraient accorder une faveur spéciale à un ami du pouvoir sans risque de poursuite. L’adhésion à l’OMC permettrait de plus d’assainir les finances publiques. Cet organisme exige de couper les subventions non conformes au commerce mondial. La mise à niveau du cadre réglementaire du commerce permettrait une meilleure compétitivité des entreprises algériennes et de leurs produits sur les marchés internationaux. Les règles de protection des consommateurs sont également obligatoires pour adhérer à cet organisme.
Plusieurs des normes que met en avant l’OMC auraient aussi pour effet d’améliorer la qualité de vie des Algériens. L’organisme considère l’environnement comme un bien collectif et vise la préservation des équilibres écologiques. L’Algérie devrait s’engager à mettre progressivement en œuvre les recommandations des chartes internationales sur l’énergie et l’environnement. Certaines autres règles obligent l’application de règles sanitaires et phytosanitaires pour protéger la santé humaine et animale. Le gouvernement algérien aurait aussi l’obligation d’observer les règles de protection de l’environnement. En ce qui concerne le côté négatif, l’Algérie devrait aussi supprimer certains droits de douane et des taxes sur plusieurs produits industriels. Les industries algériennes protégées verraient la suppression des obstacles tarifaires et non tarifaires qui les favorisent.
Ce refus a des conséquences dramatiques pour les commerçants algériens. L’adhésion à l’OMC leur aurait ouvert les portes du monde entier et aurait augmenté de plusieurs multiples leur pouvoir de négociation. En n’adhérant pas à l’OMC qui lui aurait donné accès à 95 % du marché mondial, l’Algérie doit signer des ententes de pays à pays. Petit poisson parmi les requins, elle devra donc signer des accords commerciaux désavantageux avec ses partenaires étrangers qui vont continuer à la piller. L'ambassadrice américaine Joan Polaschik a beau jeu d’évoquer des opportunités d'investissement en Algérie. Les États-Unis se trouvent en position de force par rapport à l’Algérie. Les avantages qu’aura la superpuissance mondiale dans une entente seront donc beaucoup supérieurs à ce qu’elle aurait si l’Algérie pouvait écouler ses produits dans plus de 160 pays. Il en va de même pour toutes les structures étatiques mondiales qui font actuellement la file pour signer un accord commercial avec le nouveau gouvernement algérien.
Pendant ce temps les réserves de change continuent de baisser et ont chuté de près de 6 milliards de dollars depuis le début de l'année. Alors qu’elles s'élevaient à 194 milliards de dollars à fin décembre 2013, elles sont actuellement d’environ 108 milliards de dollars et décroissent de minute en minute. Cette seule constatation, couplée au fait que le prix du baril de pétrole navigue actuellement depuis des semaines sous la barre des 50 $ le baril qui est la base du budget 2017, devrait faire comprendre au gouvernement que le statu quo n’est plus viable. Le dinar s'est déprécié de 29 % par rapport au dollar depuis le milieu de l'année 2014. Cette dépréciation a une influence directe sur la qualité de vie des Algériens qui voient ainsi les prix des produits étrangers augmenter d’autant. Le niveau global de la liquidité bancaire a donc connu, ces deux dernières années, une contraction drastique de près de 67 %. Il y a actuellement une hémorragie de capitaux algériens.
En conclusion, il faut malheureusement constater que la fraude électorale du 4 mai 2017 n’a fait que changer quelques noms dans le système qui gère l’Assemblée. Bien qu’il existe dans le gouvernement algérien quelques bons éléments, on peut regarder du côté des ministres féminins pour s’en persuader, ils sont cependant insuffisamment nombreux pour le convaincre d’adopter d’autres paradigmes. Le plan d’action du gouvernement Tebboune ignore donc la réalité économique mondiale et préfère lui substituer la propagande gouvernementale qui vise à maintenir l’élite et son processus de corruption étatisé au pouvoir. La règle dite 51/49, qui régit l’investissement étranger en Algérie oblige les entrepreneurs du monde entier à s’associer avec un acteur approuvé par le système de corruption algérien.
Ceux qui tirent les ficelles restent les mêmes et la corruption généralisée qui les nourrit n’a pas changé. Pour continuer à bénéficier de leurs privilèges, les dirigeants algériens exportent le bien-être de leurs concitoyens dans des pays étrangers qui les en remercient de mille façons. Ils n’ont aucun intérêt à voir l’Algérie adhérer à l’OMC.
Michel Gourd
Commentaires (6) | Réagir ?
thanks for this beautiful article
merci bien
كلية الحقوق و العلوم السياسية
faculté de droit et des sciences politique