Rahabi vous répond : " Pourquoi mon départ du gouvernement"
Chers (es) amis (es) ,
J’ai reçu a ce jour près de 100 questions et devant la difficulté de répondre à chacun de vous individuellement, - et ce n’es pas faute d’avoir essayé – je vous propose d’essayer de le faire par famille de questions .Ce n’est pas toujours évident mais si cela venait à vous sembler arbitraire je m’en excuse par avance.
A. De mon départ du gouvernement et de ma perception du système :
B. Du pouvoir politique de l ‘armée et des élections - Du clanisme et des clans.
C. De la diplomatie et de l’injustice contre Hasseni :
D. De la démocratie et de la sortie de crise :
E. De la débaptisation des martyrs et de Guelma
A. De mon départ du gouvernement et de ma perception du système :
( réponses à Mak, Yacine, Benomar, Bendz, Cl, Ayazid, Malika, Iflisse, Ali Zimigri, Fares, Aicha ).
1. Il y a une confusion courante chez nous entre servir son pays et s’en servir. Tout comme nous n’admettons pas encore l’alternance des hommes politiques entre pouvoir et opposition .Il y a une telle frontière entre les deux dans l’esprit des algériens nourris à la culture du parti unique que l’on me donne l’impression que je devrais me repentir d’avoir servi l’Etat algérien . A l’opposé de ceux qui font preuve d’une attitude nihiliste je proclame ma fierté de l’avoir servi à tous les niveaux des responsabilités exercées de chef de bureau au MAE en 1978 à celles en 1998 de Ministre de la culture et la communication ,porte parole du Gouvernement .Je l’ai fait sous l’autorité de 6 chefs d’Etat et comme diplomate de carrière sous celle de 10 Ministres des Affaires étrangères avec le même dévouement au service de l ‘Etat et du pays . Je l ‘ai fait aux cotés d’hommes et de femmes compétents et intègres aujourd’hui pour beaucoup marginalisés pour avoir servi dans une période qui donne mauvaise conscience à beaucoup d’actuels dirigeants .
2. Pour ce qui est des conditions de mon départ du Gouvernement, elles n’ont rien d’exceptionnel : Le président Bouteflika fraichement élu n’a pas apprécié le processus de normalisation avec les média engagé avec l’accord du Président Zeroual et le soutien du chef actif du Gouvernement Smail Hamdani . Citons quelques mesures de ce processus que le chef de l’Etat n’a pas appréciées :
- Ouverture des média publics lourds à toutes les sensibilités politiques et sociales,
- Levée de l’interdiction de parution de 32 titres de presse et réintroduction des publications et de la presse internationale interdites depuis 1991.
- Fin du monopole de l’Etat- Anep sur la publicité institutionnelle,
- Adoption par l’APN de deux lois sur la publicité et sur le sondage renvoyées par le conseil de la nation en seconde lecture et inopérantes depuis…. septembre 1999.
- Engagement pour la première fois depuis l’indépendance d’un dialogue et d’une concertation sur les questions culturelles avec les partis de l’opposition le FFS notamment dont j’ai reçu une délégation toute surprise que je lui demande de me faire part de ses préoccupations sur les questions relevant du département de la culture et de la communication. Azzedine Meddour (pure et heureuse coïncidence homonymique avec ma mère et mon voisin à la cité Sorécal Bachajarah de 1987 à 1990) cinéaste de talent partageait mon projet d’accélérer le doublage des films en arabe et en Tamazight pour jeter les ponts entre les deux langues et favoriser l’intra culturalité à mon sens préalable incontournable à l’inter culturalité avec l’étranger .Il est mort trop tôt que Dieu le couvre de Sa Miséricorde.
- Levée de l’embargo à la télé et la radio qui frappait le grand chanteur poète et compositeur Ait Maguellat , célébration officielle de Yennayer , la première fois depuis l’indépendance ….
Ceci m’a valu une étiquette officielle de berbériste diffusé par le cercle présidentiel dans la pure tradition du système de la pensée unique .On n’a rien à vous reprocher alors on va le chercher dans vos gestes, vos gênes, votre alliance ou encore vos fréquentations …Bonjour les tribunaux de conscience.
- Dialogue et écoute permanents des attentes des éditeurs, journalistes, mouvement associatif.
A ce jour et à l’exception de la commercialisation de la presse internationale c’est le statu quo ante. Alors le chef de l’Etat usant de son droit constitutionnel avait décidé de me décharger des mes fonctions le 29 juin 1999 pour me nommer au même moment Ministre- conseiller auprès du Chef du Gouvernement dans des conditions conformes au fonctionnement des institutions. Etant diplomate de carrière et en poste en Espagne au moment où j’avais été appelé à ces fonctions - l’opposition exigeait alors des ministres de l ‘intérieur de la justice et de la communication sans filiation partisane - j’avais cru comprendre qu’il ne s’agissait là que d’une mission ponctuelle.
3. Le nouveau président élu avait fait une série de déclarations dans un jeu de balancier qu’on qualifie de haute politique chez mais qui relève à mon sens d’un double héritage des intrigants de la révolution et du peu de considération pour l’intelligence des autres .Ce jeu que le président affectionne ne réclame si stratégie ni vision mais tout juste une intuition tactique soutenue par la cupidité et la servilité des courtisans. Ses appréciations sur mon action gouvernementales tantôt correctes et mêmes flatteuses à El Djazira et El Arabia , tantôt irresponsables et fausses à la presse algérienne m’ont convaincu d’envisager autrement la suite de ma carrière .
4.. A ce titre je pense que Bouteflika a fait une erreur d’évaluation en pensant que je pouvais m’accommoder d’un quelconque manquement à l’idée que je me fais toujours de la haute fonction publique. Cela est venu sous la forme de sa seule déclaration au journal liberté en aout 1999 qui l’interrogeait sur les raisons de la fin de ma mission, le Président voulant certainement marquer son territoire par rapport aux faiseurs de Roi n’étant alors que Prince m’accuse tout simplement ‘’d’avoir participé directement ou indirectement à la déliquescence de l’Etat’’ dans lequel j’étais supposé encore être membre de son gouvernement puisqu’ il a reconduit celui de son prédécesseur. J’ai trouvé cela doublement inacceptable :
Primo : Un chef d’Etat digne de ce nom devrait avoir plus de réserve et de la hauteur pour ne pas verser dans des commérages incompatibles avec son rang.
Secundo : Cela ne correspondait pas à la réalité en tout cas pas à la mienne mais plutôt à la sienne et il lui plaisait de faire des transferts pour se donner de la verticalité. Je n’ai fui ni mon pays à feu et à sang ni les responsabilités publiques au moment où les primo géniteurs de la crise institutionnelle commencée en 1963 se cachaient honteusement. De plus j’ai les mains propres les poches transparentes et aucun antécédent judiciaire.
Tertio : C’est en toute sérénité et en ne consultant que ma conscience que j’avais décidé début septembre 1999 , à l’âge de 45 ans , de me délier de toute responsabilité publique tant au sein du gouvernement que dans mon corps d’origine le Ministère des Affaires étrangères et de me consacrer à l’enseignement l’étranger et en Algérie. J’ai publié ma lettre de démission dans la presse par devoir de gratitude envers mon peuple et mon pays, pour rompre avec la loi du silence et prendre les algériens à témoin . Je témoigne sur mon honneur que cela s’est passé exactement comme ça et c’est d’ailleurs la première fois que j’en parle personnellement. Tout le reste n’est que spéculation.
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Commentaires (17) | Réagir ?
Peut-être où bon
oui