Situation de la liberté de la presse en Algérie : RSF saisit Tebboune
Au nom de l’organisation de la défense et de la liberté de la presse, Reporters sans frontières (RSF), Christophe Deloire Secrétaire général Reporters sans frontières Reporters sans frontières
Depuis 2014, l’Algérie a perdu plus de dix places au Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF pointant à la 134ème place en 2017. L’année 2016 a été tragique pour la presse algérienne, notamment après la mort en prison, le 11 décembre dernier, du journaliste-citoyen Mohamed Tamalt condamné pour “outrage à corps constitués” pour des propos publiés sur Facebook. Aucune enquête n’a été ouverte sur les circonstances de sa mort, la famille reste ainsi démunie sans aucun élément d’explications de la part des autorités pénitentiaires.
A cette mort tragique s’ajoutent cette année, l’emprisonnement de deux professionnels des médias, Mehdi Benaissa et Ryad Hartouf en juin ainsi que celle du blogueur Hassan Bouras, condamné pour “outrage à magistrat”, “offense” et “diffamation” en novembre. Les trois hommes ont été libérés après de longues périodes de détentions provisoires totalement arbitraires, contraires au code de procédure pénale, tel qu’amendé en 2015.
Ces poursuites judiciaires ont pour point commun d’avoir été engagées sur la base du code pénal, auquel sont toujours confrontés les journalistes pour la diffamation, l’outrage et l’injure. Un amendement de ce texte est nécessaire afin que soient définitivement déprisonnées les infractions de presse, en conformité avec la Constitution algérienne et les engagements internationaux de l’Algérie en matière de liberté d’information et de presse.
Au nom de l’organisation de la défense et de la liberté de la presse, Reporters sans frontières (RSF), dotée d’un statut consultatif auprès de l’Organisation des Nations unies, de l’Unesco, du Conseil de l’Europe et de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), je souhaite vous saisir à l’occasion de votre entrée en fonction le 24 mai dernier pour vous présenter nos principales recommandations en faveur de la liberté de la presse en Algérie.
RSF s’inquiète également du sort réservé aux médias audiovisuels privés qui, lorsqu’ils sont critiques, se voient quasi-systématiquement harcelés voire fermés, sans aucune consultation de l’instance de régulation. Ainsi en 2015, le gouvernement algérien a donné l’ordre de fermer deux chaînes de télévision (El Atlas TV et El Watan TV). En 2016, une action en justice intentée par le ministère de la Communication a mené à l’annulation de la revente du média arabophone El Khabar au groupe NessProd, filiale de l’entreprise Cevital détenue par l’homme d’affaires Issaad Rebrab.
Une cinquantaine de chaînes de télévision émettent ainsi à partir de l’étranger faute de licences. RSF recommande ici au gouvernement algérien d’encourager une régulation du secteur qui passerait par l’Autorité de régulation de l’Audiovisuel (ARAV), instance dont l’autonomie financière et l’indépendance morale doivent être préservées, notamment pour ce qui relève de l’octroi des licences aux chaînes télévisuelles.
Dans son rapport “La main invisible du pouvoir sur les médias” publié en décembre 2016, RSF notait que les autorités algériennes utilisent les des imprimeries publiques et la publicité distribuée par l’agence publique ANEP comme moyens de pressions. Ces établissements publics devraient revoir les critères de distribution de la publicité publique et les échéanciers imposés de manière soudaine par les imprimeries aux titres de presse.
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