Taiwan : l’ONU abandonne-t-elle la démocratie ?

La Chine met la pression sur Taïwan.
La Chine met la pression sur Taïwan.

En laissant le gouvernement communiste chinois opprimer Taiwan, l’ONU donne le mauvais exemple au monde entier.

L’Organisation des Nations unies semble préférer un pays communiste agressif comme la Chine a une démocratie vivante et dynamique comme Taiwan. C’est ce que l’on pourrait déduire de ses récentes actions. Il y a quelques jours, trois étudiants originaires de Taïwan et leur professeur, Li-chuan Liuhuang, ont été empêchés d'assister à une session du Conseil des droits de l'homme à Genève. Sans qu’ils les en aient été avertis à l’avance, l'ONU a décidé de ne plus reconnaître leurs passeports taïwanais. Cet organisme qui se dit le haut lieu de la démocratie sur la planète force maintenant Taiwan, une démocratie, à utiliser des documents de la Chine communiste. Pékin devrait pourtant faire attention en imposant à l’ONU le respect du principe d’une seule Chine. Taiwan est en très bonne posture pour être considéré comme le gouvernement légitime du continent chinois.

Le gouvernement de la République de Chine qui était alors contrôlé par le Kuomintang s'y est réfugié en 1949, après avoir perdu la guerre civile contre les communistes. Bien que Pékin considère Taïwan comme une province qui s’est rebellée il y a 70 ans, une autre interprétation pourrait laisser voir que c’est plutôt le parti communiste chinois qui est l’usurpateur dans cette histoire.

S’il se sent obligé de respecter le principe d’une seule Chine, l’ONU devrait au moins choisir le plus démocratique des deux gouvernements pour établir ses relations diplomatiques. Si Taïwan et la Chine continentale doivent demeurer une même nation, ne devrait-elle pas avoir le meilleur des deux gouvernements? Par quelles règles les Chinois n’ont-ils pas droit de décider démocratiquement de leur destinée? Comme tous les citoyens de la planète, les Chinois méritent de vivre en démocratie et en liberté. Si la Chine communiste uniformisait au continent l'expérience de Taïwan, il y a de fortes chances que ses citoyens ne s’en porteraient que mieux. Le gouvernement communiste chinois a cependant montré dans le passé qu’il est réfractaire à la démocratie. Le 4 juin dernier était le 28e anniversaire de la répression sanglante des manifestations de la place Tian'anmen. Ce triste anniversaire est un rappel que sous des allures posées et raisonnables, la gouvernance communiste chinoise agit en contravention des droits de l’homme et même du droit international tout court. Ce gouvernement qui empêche une Taiwan démocratique d’être entendue aux Nations Unies est le même qui a brutale massacré en 1989 des milliers de manifestants de la place Tian'anmen.

À Taïwan, la présidente Tsai Ing-wen, a d’ailleurs marqué ce 28e anniversaire de la répression des manifestations de la place Tian'anmen en proposant d’aider la Chine à s'engage sur la voie d'une transition démocratique. Plutôt que d’ouvrir la question à son peuple pour qu’il décide en toute légitimité de son avenir, le gouvernement communiste a plutôt érigé une "grande muraille", informatique. L’Internet y est contrôlé par une police spécialisée qui emploie plusieurs dizaines de milliers d'agents qui empêchent les discussions franches et impose les visions du gouvernement.

La Chine communiste agit aussi de manière agressive face à Taiwan. Ses méthodes sont brutales et sans liens avec les droits de l’homme. Elle a fait arrêter le 19 mars un militant taïwanais, Lee Ming-che, pour des activités visant à «subvertir le pouvoir de l'État » et ne l’a révélé que dix jours plus tard. Cette arrestation a donc été faite en violation des lois internationales qui exigent qu’un détenu puisse contacter sa famille et consulter un avocat de son choix. Il y a quelques jours à Pékin, le ministre des Affaires étrangères panaméen a annoncé la fin des relations diplomatiques de son pays avec Taïwan. Les investissements massifs de la Chine communiste avaient aussi servi à faire couper les liens de l’État africain de São Tomé et Principe avec Taiwan en décembre. Pékin tente aussi de l’isoler en bloquant sa participation à l'assemblée de l'Organisation mondiale de la santé comme observateur, statut qu’elle avait depuis 2009.

Les citoyens de Taïwan vivent dans une démocratie, pas ceux de la Chine continentale. Les différences sautent aux yeux. Alors que les communistes répriment par la force toute variation au modèle social qu’ils proposent, la justice de Taïwan vient d’accepter le principe du mariage homosexuel. Son gouvernement a même engagé un débat pour supprimer la peine de mort, ce qui montre sa modernité. Ne serait-il donc pas plus simple pour l’ONU de permettre a une Taiwan démocratique, pacifique et humaniste d’avoir un siège aux Nations Unies plutôt que de l’obliger à se soumettre a une Chine communiste qui ne respecte ni les droits de l’homme, ni la démocratie? La position la plus pacifique et sensée ne serait-elle pas celle de la présidente de Taiwan qui est opposée au principe de "la Chine unique" ?

Même en respectant ce concept de Chine unique, l’ONU pourrait laisser plus de place à Taiwan. En comparant les qualités des deux gouvernements qui se disputent ce territoire, une assemblée délibérante libre de contraintes pourrait facilement pencher vers la démocratie et Taiwan comme le lieu de la gouvernance unique. Tsai Ing-wen, ne cesse d’ailleurs d’appeler le gouvernement chinois à une transition démocratique comme celle qui a été faite en 1980 à Taiwan. Pourquoi l’ONU cède-t-elle devant un pays qui opprime son peuple? Les Chinois ne méritent-ils pas d’avoir un gouvernement qui utilise les mêmes règles de démocratie qu’elle utilise pour gérer le monde ?

Michel Gourd

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Commentaires (5) | Réagir ?

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adil ahmed

Merci pour cet article

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chawki fali

Thanks a lot for this article. I interested with this

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