Menouar Hammache : "Nous souhaitons organiser à Paris un festival Tamazgha en 2018"
Menouar Hammache fait figure de baroudeur de la culture. Il a été depuis 30 ans de toutes les actions militantes et culturelles à Marseille. Il a lancé le festival Tamazgha et a créé Sud Culture qui produit et soutient des artistes comme Si Moh.
Le Matindz.net : Comment finalement est né cet évènement annuel ?
Menouar Hammache : Il y a tout un travail en amont ; depuis l’âge de 14 ans j’ai commencé à collecter des poèmes, des chants et tout ce qui concerne le patrimoine oral de notre culture. En arrivant à Marseille, j’ai animé durant sept ans une émission radiophonique de 1993 à 1997 dans trois radios locales ; en même temps j’ai fondé l’association ACA Marseille, puis Sud Culture en 1996. Tout ce travail a donné naissance à ce festival en 2006 dans le but de donner un temps fort à la culture berbère à Marseille.
Qu’est-ce qui est le plus difficile dans l’organisation d’un événement pareil ?
Porter un festival de culture berbère indépendant avec une programmation libre est difficile. Il n’y a pas de réel milieu artistique, la plupart des artistes ne sont pas structurés. Nous n’avons pas les mêmes réalités en particulier les artistes émergents. Chaque édition est différente d’une autre, rien n’est acquis. Nous rencontrons des difficultés à sensibiliser nos industriels à soutenir cette culture : comme disait Bouguermouh "nos riches n’ont pas la culture de leur sou !".
Sud Culture qui porte le festival est aussi une boîte de production. Est-ce viable de produire un chanteur aujourd’hui et comment se porte le disque kabyle ?
Sud Culture est une structure d’accompagnement de projets artistiques et de médiation culturelle. Nous sommes devenus producteur de disques par défaut parce-que nos artistes ne trouvent pas de maison de disques, avec l’effondrement du marché du disque tous les marchands producteurs ont fermé boutique. On essaye de continuer à résister avec les artistes et proposer encore de la musique enregistrée. Le disque n’est plus qu’une carte de visite de l’artiste.
Quel est votre carburant quand on sait qu’il est difficile de porter un festival ?
Mon carburant c’est la passion que je porte à la musique kabyle en particulier et amazigh en général. C’est un vecteur d’expression et de résistance culturelle.
Y a-t-il une édition du festival qui vous aura marqué ?
C’est toujours le début qui est difficile donc la première édition m’a marqué parce que nous avons pris beaucoup de risques sans aucun soutien au départ.
Cette année, vous aurez Lounis Aït Menguellet, Azal Belkadi et Ezza, comment avez-vous fait ce choix, à priori rien ne rapproche les trois artistes ?
Effectivement cette année nous avons programmé Lounis Aït Menguellet pour célébrer les 50 ans de sa carrière, le festival avait déjà organisé un évènement unique en l’honneur de ses 40 ans de carrière lors de la deuxième édition en 2007. Et pour cette année, nous tenons à lui consacrer une soirée exceptionnelle. Azal Belkadi est un artiste complet que j’ai découvert à travers son projet d’album Izlan. Concernant Ezza, c’est un groupe que j’ai vu sur scène et dont j’ai apprécié leur performance artistique et leur musique.
Un regret peut-être ou un souhait ?
Sans regret et notre souhait est d’organiser une version parisienne ou l’équivalent du festival en 2018.
Entretien réalisé par Hamid Arab
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C’est toujours le début qui est difficile donc la première édition m’a marqué parce que nous avons pris beaucoup de risques sans aucun soutien au départ.
C’est toujours le début qui est difficile donc la première édition m’a marqué parce que nous avons pris beaucoup de risques sans aucun soutien au départ.