"La France n'a pas à s'ingérer dans cette relation si sensible entre l'Algérie et le Maroc"
Emmanuel Macron se rend ce mercredi au Maroc, où il s'entretiendra avec le roi Mohammed VI, l'occasion de conforter le réchauffement des relations diplomatiques entre les deux pays alliés dans la lutte contre le terrorisme après la brouille survenue lors du quinquennat précédent.
En choisissant le Maroc pour son premier déplacement au Maghreb, le président français de 39 ans rompt avec ses prédécesseurs à l'Elysée qui, de Nicolas Sarkozy à François Hollande, avaient réservé leur première visite dans la région à l'Algérie, grand rival de Rabat.
Signe de la sensibilité du sujet, l'Elysée n'a confirmé le déplacement au Maroc qu'après avoir annoncé l'organisation "dans les toutes prochaines semaines" d'une visite en Algérie, sans donner plus de précisions sur la date. "La France n'a pas vocation à s'ingérer dans cette relation si sensible qui existe entre l'Algérie et le Maroc", indique-t-on dans l'entourage d'Emmanuel Macron.
Au programme de la visite à Rabat, une audience royale en deux temps - un tête-à-tête avec le roi qui sera ensuite élargi aux entourages - et un dîner "familial" au palais royal à l'occasion de l'iftar, la rupture du jeûne.
Cette visite s'inscrit dans un cadre "plutôt personnel" pour que le président et le roi "fassent mieux connaissance et posent les bases de cette relation", souligne-t-on à l'Elysée.
"C'est une première étape, c'est un premier rendez-vous entre le Maroc et la France, les questions de fond seront abordées ultérieurement par les ministres", ajoute-t-on.
Aucune rencontre entre Emmanuel Macron et des représentants de la société civile n'est prévue, précise-t-on, alors que les manifestations se multiplient depuis octobre dans le Rif contre la corruption et les abus présumés de l'administration.
L'entretien entre les deux chefs d'Etat sera l'occasion d'aborder "les sujets africains" à l'heure où Paris comme Rabat souhaitent multiplier les partenariats communs, notamment en Afrique de l'Ouest.
"Le Maroc a retrouvé son siège à l'Union africaine et travaille très activement à développer sa présence en Afrique et nous y voyons une opportunité", souligne-t-on dans l'entourage d'Emmanuel Macron.
Golfe et Libye
La question de la coopération sécuritaire sera également évoquée, trois ans après la brouille diplomatique entre Paris et Rabat, liée au dépôt de trois plaintes de Franco-Marocains contre le directeur du contre-espionnage marocain pour "torture" et "complicité de torture".
Après un an de tensions, les deux pays avaient repris langue en 2015 et relancé la coopération sécuritaire et judiciaire. Les questions régionales devraient également être abordées, au premier rang desquelles la Libye et la crise dans le Golfe.
La Libye "est un sujet de très grande préoccupation pour nous et les Marocains avec d'autres pays de la région sont très impliqués dans le suivi de la situation", souligne-t-on à l'Elysée. "Ils ont vocation à jouer un rôle très utile dans les initiatives diplomatiques que nous pourrions pousser dans les mois qui viennent".
Quant aux tensions diplomatiques dans le Golfe, ce "sera utile bien sûr d'en parler avec le roi du Maroc, qui lui-même souhaite agir pour favoriser ce dialogue et intervenir aussi dans la médiation internationale."
Sujet de crispation entre Alger et Rabat, la question du Sahara occidental n'est pas à l'ordre du jour des discussions mais pourrait toutefois être abordée. "La position française s'inscrit dans la continuité, en soutien à la médiation internationale sous l'égide des Nations unies, en conformité avec les résolutions du Conseil de sécurité", souligne-t-on à Paris.
"Le plan marocain fait partie des options sur la table. Comme membre permanent du Conseil de sécurité, nous l'examinerons avec nos partenaires mais de ce point de vue-là il n'y a pas de changement dans la position française".
Reuters
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جزاكم الله خيرا
vive l’Algérie