Vers un gouvernement de "clones" en Algérie : le pouvoir seul face à "sa crise "
Le refus du MSP de participer au prochain gouvernement, chamboule les projets du pouvoir algérien. Jamais l’alliance islamiste, alliée historique, n’a semblé aussi éloignée des sphères décisionnelles.
Abdelmalek Sellal, qui avait entamé des négociations avec le MSP pour former son nouveau gouvernement, devra désormais, piocher ses hommes du même panier "clownesque" de "clones" (FLN, RND, MPA et TAJ), dont le programme, n’est autre que celui du président Bouteflika.
Le MSP prend (tardivement?) la vague de l'abstention
Le forcing de Abderrazak Makri semble avoir pesé dans la balance, puisque ses menaces de démission ont débouché sur une décision pour le moins inattendue. Le même Makri, expliquait hier lors d’une conférence de presse, que le MPS avait décidé de ne pas faire partie du nouveau gouvernement à cause de la fraude massive qu’a connu le scrutin législatif du 4 mai dernier. " La décision de ne pas participer au nouveau gouvernement traduit un refus de la base de cautionner les dernières législatives. Nous sommes un parti souverain qui ne reçoit pas ses ordres par téléphone ", s’enorgueillit-il.
L’alliance islamiste, a pris une décision qu’elle croit stratégique pour l’avenir puisque, pour se refaire une virginité auprès de ses militants, le MSP surf après coup, sur la vague d’abstention qu’il n’a pas vue venir en participant aux législatives. " Nous avons les mains propres, et n’avons pas fraudé ", expliquait encore, l’homme fort du mouvement des frères musulmans algériens.
Aussi, la décision de siéger au nouveau parlement ne serait pas tranchée selon des indiscrétions proches de l’alliance. En tout cas, c’est une question qui devrait être tranchée très bientôt a estimé Makri lors de son intervention.
Les clones sont (toujours) prêts à (re)prendre du service
Ammar Ghoul, se voit déjà dans le prochain gouvernement, et l’a déclaré hier Samedi, lors d’une conférence de presse qu’il a animée au siège de son parti. Le président de TAJ, a par ailleurs considéré que la décision du MSP de ne pas participer au prochain gouvernement ne le regardait pas. " On croit à TAJ, que chaque parti a le droit de participer ou pas. Nous ne pouvons pas nous ingérer dans les décisions des autres partis politiques. C’est une ligne rouge qu’on ne peut franchir ", expliquait-il l’air dépité. Pour Ghoul, les postes ministériels dont son parti va hériter importent peu. " L’essentielle, reste l’intérêt suprême du pays, et rien d’autre. La formation d’un gouvernement est du ressort du président de la république ", déroulait celui qui proclame sa formation comme la troisième force politique du pays (19 sièges).
Les petites révolutions d’Ouyahia
Le contact, on le sait, n’a jamais été facile entre Abdelmalek Sellal et Ahmed Ouyahia, le premier ayant pris la place du second à la tête du gouvernement en 2013. Rivalité oblige, Ouyahia, président du RND, aurait même refusé, selon El khabar, de se déplacer pour rencontrer l’actuel premier ministre au palais du gouvernement. Abdelmalek Sellal aurait pris l’initiative d’aller rencontrer le directeur du cabinet du président dans son bureau. Mais toujours selon El Khabar, les choses ne se seraient pas bien passées, puisque Ouyahia considère que les consultations sont une initiative personnelle de Sellal, qui n’aurait pas reçu d’ordre dans ce sens ! Ouyahia, se verrait-il en prochain Premier ministre? Rien n’est moins sûr, mais les 100 sièges octroyés gracieusement par le pouvoir peuvent être un signe dans ce sens.
Sellal en chef d’orchestre cacophonique
Sonné par le refus de ses alliés du MSP de participer à une coalition gouvernementale, Abdelmalek Sellal, qui aura essuyé un cuisant échec, minimise l’effet d’une telle décision. " Nous avons sollicité l’alliance du MSP, mais elle n’a pas répondu favorablement à notre requête " expliquait-il. Dans un autre registre, et en marge de la graduation de la 46e promotion de l‘ENA, le Premier ministre révélait que l’annonce de l’équipe gouvernementale sera faite le 23 mai prochain, juste après l’installation officielle du nouveau parlement.
Concernant son avenir, Abdelmalek Sellal a laissé planer le doute puisqu’il a déclaré que son maintien "était entre les mains du président Bouteflika, seul habilité à le maintenir en poste".
Reste à savoir, si, afin de briser l’isolement politique dans lequel il se trouve, le pouvoir en place n’a pas déjà approché les formations dites démocratiques (FFS, RCD, PT). Pour nombre d’observateurs, cela reste peu probable, du moment où le clan Bouteflika, ne voit pas en elles, (contrairement à la mouvance islamiste) un "pare-chocs" efficace, à même de lui éviter de gros dégâts, au moment du grand crash annoncé.
Hebib Khalil
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merci
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