La France a poursuivi ses essais militaires en Algérie jusqu’à 1986
Contrairement à toutes les dénégations, la France a bien continué à tester ses armes chimiques et bactériologiques en Algérie jusqu’à l’ère Chadli Bendjedid, soutient le général à la retraite Rachid Benyellès dans son ouvrage à paraître prochainement à Alger chez Barzakh éditions.
Le général Rachid Benyellès enfonce la porte blindée de la très secrète base française B2 Namous située à Beni Ounif, dans le sud algérien. L'armée française y faisait, sous une couverture civile, des essais d'obus, de mines, de grenades, de bombes et des missiles à munitions chimiques. Cette base n’a pas été fermée en 1978, comme l’avait révélé Le Nouvel observateur, mais bien plus tard. Soit en 1986, comme l'affirme le général en retraite Rachid Benyellès dans son livre "Dans les arcanes du pouvoir (1962-1999)". (Voir plus bas le témoignage de Pierre Mesmer).
C’est Le Nouvel observateur qui a révélé en premier l’existence de cette base B2 Namous en 1997. L’hebdomadaire français affirmait que cette base répondant au nom de code B2 Namous, situé dans le Sahara algérien servait à l’armée française pour tester des armes chimiques et bactériologiques jusqu’à 1978. Année qui correspondant à la fin de règne du colonel Boumediene. Ce dernier qui avait pourtant fait de la lutte contre l’impérialisme et le colonialisme son cheval de bataille a donc laissé les Français poursuivre leurs activités de recherches militaires en Algérie. Raison d’Etat oblige, le secret a été très bien gardé jusqu’à aujourd’hui.
En effet, tous le général Benyellès est le premier officier supérieur à évoquer cette affaire. Tous les officiels ont démentie voire nié l’existence de cette base secrète. Redha Malek, ancien chef de gouvernement et ayant fait partie de la délégation du GPRA à Evian, a démenti tout accord secret, voire avenant entre l’Algérie et la France. Même position de Benyoucef Benkhedda (ancien président du GPRA) qui a également affirmé, de son vivant, qu'il n'avait pas d'avenant secret aux accords d'Evian. Pourtant Pierre Mesmer, ancien premier ministre a confirmé l'existence de cette base française. Le mensonge d'Etat est éventé.
Mieux. "Dans les arcanes du pouvoir (1962-1999)", de Benyellès jette un vrai pavé dans la mare des relations entre l'Algérie et la France. Il renseigne finalement qu’entre les discours patriotards tenus par nos présidents et les faits gardés secrets, il y a loin de la coupe aux lèvres.
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Il reste à savoir si le maintien de cette base d’essais militaires était acté dans quelque avenant gardé secret des Accords d’Evian ou simplement un accord entre les autorités de l’Algérie indépendante (Ben Bella, Boumediene et Chadli) et les autorités françaises ?
C'est depuis 1930 que l'armée française a commencé ses essais toxiques de toutes sortes dans la région de Beni Ounif. Ce centre d'expérimentation d'armes chimiques s'étendait sur 100 x 60 km. On sait les effets dévastateurs des cinq essais nucléaires sur les populations locales, qu’en est-il alors de tous les tests chimiques et bactériologiques réalisés donc jusqu’à récemment par les scientifiques militaires français à Beni Ounif ? La France a refusé d’indemniser les victimes algériennes des essais nucléaires. Qu’en sera-t-il demain de ces derniers tests ?
Yacine K.
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Vidéo sur B2 Namous de Pierre Mesmer, ancien premier ministre français :
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