Président, Bouteflika aura vu passer quatre chefs d’État français (I)
Comme un chat qui a épuisé ses sept vies, Abdelaziz Bouteflika aura vu passé, durant sa longue carrière politique, sept présidents français : trois en tant que ministre et quatre en tant que chef d’État. En terme de longévité, il est difficile de faire mieux!
Il a travaillé avec Charles de Gaulle, George Pompidou, Valéry Giscard d’Estaing, Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy, François Hollande et travaillera bientôt avec Emmanuel Macron, 39 ans et petit dernier de la liste. Il n'y a que François Mitterrand qui manque au tableau de chasse du président algérien, puisqu’ il était, vingt années durant, en safari dans le désert de l’oubli, chassé des girons du pouvoir en 1981. Il choisira Paris pour s’exiler jusqu’en 1987, puis rejoindra le désert, plus clément, des Émirats arabes unis.
Aucun président algérien n’aura visité la France autant que lui, et pas que pour des raisons médicales. Le chiffre sept semble le poursuivre, puisque Bouteflika, s’est rendue en France pour des visites officielles sept fois durant ses quatre mandats. Un président francophile, qui tient une relation passionnelle avec l’ancienne force coloniale qui frise parfois la schizophrénie.
Des relations avec jacques Chirac en mode diesel
En avril 1999, Abdelaziz Bouteflika est élu président. Il a alors 63 ans. De l’autre côté de la méditerranée, Jacques Chirac, de cinq ans son aîné, est à la cinquième année de son premier septennat. À l'issue d’un scrutin trouble et houleux (les six adversaires de Bouteflika s'étaient retirés de la course) Paris se dit " préoccupée " par le déroulement de la présidentielle algérienne . Il ne fallait pas plus, pour que le très susceptible président algérien, n’accuse Paris de " prendre l’Algérie pour un protectorat ". Jacques Chirac n’envoie alors aucune lettre de félicitation officielle. Une première dans les annales de la diplomatie Franco-algérienne !
Bouteflika, qu’on savait tenace et " dribbleur hors pair en politique ", change complétement de ton et appel de ses vœux une " arche de concorde " d’une rive à l’autre de la méditerranée. Il multiplie les appels de pied, envoyant des émissaires algériens, en recevant côté français. Bouteflika aura tout tenté pour se faire inviter par son homologue français. Ce qui fut fait : le 14 juin 2000, Bouteflika est à Paris pour une visite d’état, la première depuis celle de Chadli Benjdid en 1983. Avant de quitter le territoire français, rapportait alors Le Parisien, une déclaration du président algérien va " choquer " Jacques Chirac.
" Avant de quitter le sol français, ce dernier avait, en effet, assimilé les harkis, qui furent les supplétifs de l'armée française pendant la guerre d'Algérie, aux " collabos " de l'Occupation en France lors de la Seconde Guerre mondiale. Quelque temps après, Bouteflika expliquera à Tokyo, toujours au Parisien, que celui qu’il aime appeler son " ami " Jacques Chirac, comprend parfaitement le droit de n'avoir aucune sympathie pour ceux qui ont " donné " Jean Moulin et Larbi Ben M'hidi." De l’avis de tous, et sur ce terrain glissant où se mêlent mémoire, populisme et diplomatie, Bouteflika a été, indéniablement, toujours bien chaussé !
Trois ans plus tard, les relations sont au beau fixe. En mars 2003, c’est au tour du président français, réélu en juin 2002, de rendre la pareille et de séjourner en Algérie pour une visite d’état. Chirac prononcera pour le coup un discours dans l’hémicycle devant les parlementaires algériens où il louait les efforts des deux pays à redynamiser les relations bilatérales. " Ces trois dernières années, nous avons donné une nouvelle vigueur à notre relation. Notre dialogue politique s'est enrichi. Nous avons multiplié visites officielles et rencontres informelles ".
Gravement malade, le président algérien séjournera plusieurs fois à l’hôpital militaire français du Val-de-Grâce (aujourd'hui fermé), ce qui vaudra à son hôte, le chef de l’Etat français, de sévères critiques de la part de personnalités de droite et d’extrême droite. Il est vrai qu’il y a eu, à la fin du mandat de Jacques Chirac, quelques remous concernant la criminalisation de la colonisation que brandissait Alger en réponse à un projet de loi qui louait les bienfaits de cette même colonisation.
Des rapports froids avec Sarkozy
Le 16 mai 2007, la France élit un nouveau président. Un "hyper actif", dit-on, qui n’a alors que 57 ans. À 71 ans, Bouteflika est déjà affaibli par la maladie. Il a séjourné, pendant plus d’un mois, fin 2005 au Val-de-Grâce, pour y subir une intervention chirurgicale à l’estomac. Malgré des relations jugées glaciales, Nicolas Sarkozy a choisi l’Algérie pour son premier déplacement hors d’Europe. Il reviendra pour une visite d’Etat de trois jours, début décembre 2007, sur fond de divergences que la presse française n’hésite pas à qualifier de tempête.
Le Monde écrivait à la veille du déplacement du président français, que les Algériens voudront "faire oublier les propos antisémites tenus, la semaine dernière, par Mohammed Abbès, le ministre des moudjahidins (anciens combattants) algérien. Celui-ci a déclenché une tempête, en déclarant que Nicolas Sarkozy doit son élection au "lobby juif", qui, dit-il, a "le monopole de l'industrie en France".
Le président Bouteflika désavoua publiquement son ministre, mais le mal était fait. Une fois à Alger, à la tête d’une importante délégation d’hommes d’affaires, Sarkozy déclare ne pas être de la génération de la guerre d’Algérie et par conséquent, il n’était pas dans la "repentance " des crimes coloniaux, souhaité par Alger. En rupture de style avec son prédécesseur, et dans un climat tendu, Sarkozy douche les espoirs de Bouteflika. Il n’empêche ; le nouveau président français repart avec un portefeuille de commande bien garnit et 5 milliards d'euros de contrats signés.
Ses relations avec le président algérien demeureront fades jusqu’à son départ. Le seul quinquennat de l’"hyperprésident", Nicolas Sarkozy, aura été pour Alger un véritable cauchemar, notamment pour ses positions jugées trop pro-marocaines. Plusieurs "crises" marqueront le passage de Sarkozy à la tête de l’État français. C’était le cas lors de l’arrestation à Marseille, de Mohammed Ziane Hassani, directeur du protocole au ministère des Affaires étrangère, en août 2008, accusé d’être le commanditaire de l’assassinat d'Ali Mecili, bras droit de Hocine Aït Ahmed, patron du FFS. Ou encore, lorsque Bernard Kouchner, ministre des Affaires étrangères, estime dans un entretien donné au JDD, que les relations deviendront normales avec l’Algérie lorsque "la génération de l’indépendance algérienne" partira du pouvoir.
À suivre.
Hebib Khalil
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Commentaires (4) | Réagir ?
Merci
Si Hamel, détrompez vous sur cet unergumène : il était aux manoeuvres depuis les années 50, sous les ordres de boussouf sont professeur avec le général oufkir ?. Abane Ramdane, et beaucoup ont étaient assassinés sur les recommandations de qui à votre avis ?. Boukharouba, suivais les conseils de qui à votre avis ?. Réfléchissez bien et vous verrez ?. Bonne journée à vous.