Ali Yahia Abdennour : "L’Algérie indépendante n’a pas fait l’économie du pouvoir militaire"

Ali Yahia Abdennour.
Ali Yahia Abdennour.

L'Association Allagh de la commune Bouhinoune (Tizi-Ouzou) a remis à Ali Yahia Abdennour le Prix Taous Amrouche pour l'authenticité et la modernité. A cette occasion, l'ancien avocat, militant nationaliste et des droits de l'homme, Ali Yahia Abdennour a envoyé à l'association Allagh ce texte que nous rendons public pour nos lecteurs.

En écrivant ce texte, je sens tout d’abord le devoir, le doux devoir, d’évoquer la mémoire de tous les Algériens et Algériennes qui se sont sacrifiés pour la libération du pays du joug colonial. Je le fais avec d’autant plus d’émotion que toute pensée s’oriente vers leur mémoire et le courage avec lesquels ils ont trouvé la mort. Le chemin de la liberté est celui des maquis où est née, a grandi et acquis ses titres de noblesse l’Armée de Libération nationale.

Vivre libre ou mourir est la devise des révolutionnaires. Les martyrs appartiennent au peuple acteur principal de la guerre de libération nationale, et particulièrement à leurs familles, à leurs héritiers, à leurs enfants, la chair de leur chair.

La révolution inachevée et détournée a dévoré ses propres enfants, justifiant par avance les crimes commis en son nom.

Ouali Bennai, Amar Ould Hamouda, M’Barek Aït Menguellet, Salah Aït Mohand Said et tant d’autres, qui ont récupéré l’histoire et la mémoire du peuple amazigh qui existe avec ses racines, sa culture, sa langue, son génie propre, ont été assassinés parce qu’ils sont revenus à l’esprit de résistance de Massinissa, Jugurtha, Kahina et Fadhma N’Soumeur. Ces visionnaires qui ont redonné souffle, élan et vitalité à l’amazighité digne de respect, de dévouement et de sacrifice, avec son ethnie définie de façon privilégiée par la culture et la langue maternelle, fécondée au cours des siècles par la philosophie grecque de liberté et d’égalité, et par l’héritage commun de l’humanisme, aux quels elle a apporté sa noble et précieuse contribution, ont fini par avoir raison.

Abane Ramdane et Larbi Ben M'hidi ont fait leur devoir au service de la révolution jusqu’au sacrifice de leur vie. Parmi tant d’images qui affluent dans ma mémoire, je revois celles de nombreux cadres et militants issus de toutes les régions d’Algérie, qui par la voie du devoir, ont libéré le pays que le colonialisme a marqué de ses destructions et de ses cruautés. Dans ce cadre restreint je me contente pour l’exemple d’évoquer la mémoire de deux héros de la région.

Le colonel Amirouche était un guide éclairé et compétent, attentif et averti des événements de la vie, de cette Algérie qu’il a tant aimée, et à qui il a donné le sacrifice final. Il a disparu dans un respect unanime, laissant un sillage lumineux. Son souvenir comme son exemple seront vivants dans nos cœurs.

Krim Belkacem, maquisard de premier plan, diplomate de talent, fut le défenseur avisé et compétent de son pays, le représentant le plus qualifié de la patrie, par ses éminentes qualités de création, d’organisation, de dynamisme, et son sens de l’honneur. Une telle activité suppose manifestement des qualités d’initiative, de ténacité et de diplomatie rarement réunis en une seule personne. Le devoir fut la ligne de conduite de sa vie qu’il mena du 1er novembre 1954 aux accords d’Evian qu’il signa, accomplissant cette noble tâche, au service de l’indépendance de l’Algérie.

L’Algérie indépendante n’a pas fait l’économie du pouvoir militaire. La seule source du pouvoir n’est pas le peuple comme le proclame la constitution, mais les décideurs de l’armée, car qui commande l’armée commande le pays. L’Algérie n’est sortie de l’ère coloniale que pour entrer dans l’ère de la dictature.

L’histoire qui est un lieu de mémoire collective explique que les habitants de ce pays sont des Amazighs amazighophones et des amazighophones linguistiquement arabisés, appelés arabes. Il faut appeler ce pays par son nom l’Algérie et ses habitants par le leur, Algériens et fiers de l’être.

La Kabylie

La Kabylie où le sang du peuple s’est mêlé à la terre, a une histoire, une géographie visible et bien délimitée, qui ne se plient pas au jacobinisme du pouvoir. Elle est le creuset de la culture et de la langue amazighe qu’elle a placé au premier rang de ses préoccupations, parce qu’elles ont fait d’elle une démocratie jalouse de son identité et de sa liberté. Tournée vers l’avenir et fidèle à son histoire, elle refuse toute culture qui cherche à la phagocyter, à la dominer, à l’intégrer ou à l’assimiler, à l’éloigner de ses racines et de son identité. Le libre usage que le peuple a de sa langue maternelle, le mode de vie et l’identité culturelle ne connaîtront pas d’érosion. Le lien entre la langue et la culture est fondamental, car la culture est transmise et enseignée par les moyens de la langue maternelle. La culture amazighe basée sur un sentiment très vif de ses racines et de sa source, a une belle puissance de vie qu’elle a gardée avec son vocabulaire, sa phonétique et sa syntaxe.

C’est un droit inaliénable que de mener à son terme le combat pour la reconnaissance de Tamazight qui a été une longue attente et une forte exigence, comme langue officielle de l’Etat au même titre que la langue arabe. Lui refuser ce droit, la cantonner au rang de la langue secondaire, la vider de sa substance, c’est renforcer dans les faits, l’injustice et l’inégalité, donc une intolérable discrimination Tamazight langue officielle de l’Etat est un droit, une obligation éthique, une nécessité nationale. L’avenir de tamazight dépend d’abord de ce que les amazighs qui ont le sens de la mesure, le respect du rythme de la nation et de la vie, le sens de la dignité humaine peuvent faire pour elle, avec le concours actif des cadres, des jeunes, des étudiants. La meilleure façon de défendre Tamazight est de défendre les droits de l’homme qui combattent la négation de l’histoire et de la mémoire collective, l’oppression des cultures et la répression des langues.

Des étudiants se sont orientés vers les animateurs du 20 avril 1980 qui sont passés de la colère à la révolte avec leur liberté d’allure et de langage, avec aussi leur remarquable clarté de jugement et un regard sur la question identitaire, afin de recevoir conseils et orientations. Ils se sont dotés d’une structure représentative, afin de participer non seulement à la vie universitaire, mais imprégnés de la vie politique et culturelle, ils étaient au premier rang de la contestation et de la protestation pour défendre la culture et la langue amazighe liées à la démocratie. Cela a constitué un véritable succès.

L’ethnocide est une politique volontaire de destruction d’une culture. Pour qu’il y’ait ethnocide, il faut que les relations ethniques soient établies suivant un schéma de domination dont l’aboutissement logique est la destruction de la culture dominée ou son absorption par intégration ou assimilation. La Kabylie collectivité culturelle a conscience que sa minorisation aboutit en pratique a une profonde aliénation culturelle et même à une acculturation. La conscience identitaire est engendrée par l’oppression culturelle.

Il y’a en Kabylie, là est le véritable problème une volonté profonde de changement de structures des collectivités locales, avec partage des pouvoirs selon la règle d’un Etat central avec des prérogatives régaliennes et nationales : défense, affaires étrangères, justice, finances, police. Aux régions des pouvoirs exécutifs élus, compétents, l’éducation, la santé, l’économie, la culture, la police locale, avec les moyens et les compétences nécessaires. Il s’agit donc de régionalisation et non de régionalisme lequel existe dans les allées du pouvoir, d’autonomie régionale utile à la participation des habitants à l’intérieur d’un cadre où ils partagent le même langage, le même parcours historique, les mêmes intérêts économiques.

Décentraliser c’est distribuer le pouvoir vers les autorités locales, c’est décharger l’Etat de la gestion quotidiennement et laisser aux élus locaux le pouvoir de décision. La régionalisation rétablit et renforce la cohésion nationale et la cohésion sociale.

La centralisation est archaïque, paralysante, ne répond pas aux exigences de la modernité. La volonté centralisatrice ferme, résolue, totalitaire du pouvoir jacobin, a encouragé les autonomistes.

La diaspora

Les Kabyles sont dispersés, résident dans de nombreux pays du monde, s’adaptent aux conditions de vie de la nation où ils vivent. Ils conservent leur identité et leurs spécificités, renforcent leur relation avec leur terre natale. La Kabylie a besoin d’eux pour construire dans les communes, des écoles primaires libres pour inculquer à l’enfant la connaissance, son origine culturelle et la prise de conscience des valeurs historiques nécessaire au développement équilibré du futur citoyen. L’école suscite aujourd’hui un sentiment d’insatisfaction, car elle s’enlise, se fige, perds sa finalité.

Il n’est pas d’hiver qui ne finisse par céder la place au printemps, et dans les situations les plus désespérées, le sursaut qui conduira au salut est possible. La Kabylie force de contestations politiques, a la volonté et la capacité de jouer un rôle de premier plan sur la scène nationale pour conduire au changement du système politique et non à un changement dans ce système.

Ali Yahia Abdennour

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Commentaires (4) | Réagir ?

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uchan lakhla

A Da Abdennour, ça me fait beaucoup de peines de contredire un Homme de votre stature et envergure, jadis devant des Hommes de votre grandeur on observe le silence, je respecte votre combat, je respecte votre courage, je respecte tout ce que vous représentez, toutefois ce que vous proposez, ce à quoi vous rêvez est dépassé, vous l'avez superbement rappelé dans votre papier, tout les Kabyles qui se sont donnés corps et âme pour cette Algérie qu'ils croyaient pour tous, hélas tous sont assassinés pour les idées qu'ils représentaient, tous liquidés pour l'idéal pour lequel il se sont battu, vous êtes un témoin de cette histoire faite de trahisons et de fourberies, puisque vous ^étiez et vous l'êtes encore opposant, vous l'avez chèrement payé, toutefois il faut voir les choses en face, ce que vous proposez est dépassé, je ne veux pas vivre dans une Algérie qui n'a aucune reconnaissance pour ce que je suis, pour mes idées, pour mes rêves, une majorité est contre ce que nous sommes, ce que nous voulons, le fossé idéologique et politique qui a séparé Abane de la clique d'Oujda est toujours d'actualité, le fossé en terme de projet de société celui rêvé par Abane et M'Hedi est plus que jamais vivant et vivace, je ne veux pas me sacrifier aujourd'hui pour que demain les snipers de la démocratie puissent s'emparer à nouveau du pays, pour remettre à l'heure leurs vœux et rêves destructeurs de ce que nous voulons, je ne veux pas commettre encore une autre fois l'erreur de nos anciens, ils se sont fait avoir eux qui croyaient à la parole donnée, à l'honneur, hélas ils avaient en face les hyènes de la politique, je ne veux pas me battre pour que demain la majorité dans les urnes refuserais mes idées et mes projets, je veux vivre dans un pays libre même petit soit il, je veux vivre dans un pays ou on prend en considération non pas la couleur de la peau, encore moins la tribu ou la clique de l'homme, sa religion, mais pour ses compétences et ses rêves, son sérieux, ses idéaux, je me moque qu'il adore Allah, Saint esprit ou YHMH, je me moque qu'il soit athée, de gauche ou de droite, je veux vivre dans un pays libre, les seules valeurs de l'Homme sont ses idées de progrès de justice tout court, de travail, d'amitié et de tolérance, c'est la raison pour laquelle je ne veux pas me battre pour ce pays, pour cette fabrication de la France, avec les autres nous rêvons différemment, nous pensons différemment, je ne suis pas meilleur je suis différent, nous sommes incapable d'accepter ce que eux veulent, c'est trop lourd pour eux ce que nous voulons, nous devons nous séparer, chacun sa route, chacun son chemin, parce qu'il n y a pas de solution, vous avez beau mélangé l'huile et l'eau, ils finissent toujours par se scinder en deux partie distinctes, mes respects a Da Abdennour.

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moh arwal

Thanemirth a y' uchen nagh, oui bien sure,, crions le haut et fort:

Il vaut mieux un petit chez soi en kabylie qu' un grand

Kon De Service

chez Boutef !!

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moh arwal

Maitre, l' Algerie n'est pas proprieté des berberophones arabisés ni terre arabe elle est la terre de nos ancêtres Massinissa et jugurtha c'est l' histoire qui le dit pas moi.

Nous n'allons pas accepté des strapontins dans cet Etat Central Algerien que vous nous avez dessiné car voyez vous, une Algerie dirigée par un Etat central serait chapeautée par des pseudo berberes arabisés ou des arabes pseudo beberophones ne changera rien a la hogra des arabophones vis a vis des regions amazighophones puisqu' ils garderont encore les fonctions regaliennes, c'est a dire la matraque et la kachnikov ainsi que leurs kamiikazes et leurs troupes obscurantistes et envahissantes de salafistes à leur service. Sachant surtout que l elite kabyle est hors algerie chassée par Boutef et Boumedienne et que cette tranche de la société qui est representée presque entirement par des binationaux qui sont vous il le rappeler interdits d l'occuper des hautes fonctions dans l'Etat DZ.

De tout ce que je viens de dire ci dessus il rest évident que nous n'auront aucun pouvoir dans les fonctions regaliennes notre diaspora ne pourra que faire les negriers pour le compte des kds et des bedouins.

Excusez moi. Maitre, mais vous pensez äl'ancienne nous sommes dans l 'ère de la globalisation du numerique dela technologie de pointe beaucoup de kabyles sont chercheurs dans la NASA le CERN etc, la diaspora merite mieux que des postes d'instituteures d'ecole primaire.

Merçi pour offre de service

Nous preferons construire la kabylie independnate

Maitre, les berberes arabophones doivent se definir s'ils sont arabes ou amazighs et s'ils sont arabes qu' ils dégagent au moyen orient vite et le plus vite sera le mieux pour eux.

Nous nacceptons pas les magouilles des arbes même si elle viennent de ces gens qui se dient des algeriens fiers de l'être. L'algörie est une fiction Pour un kabyle qui se respecte il y a thamazight point barre L epouvoir assasin del mouradia a seulement une chose afire modifié la constittution et remetre les choses telles qu elles doivent etre : tAlgerie terre amazighe thamazight langue nationale d et officille de l'Etat dans un artcile de la contitution DZ scellé et non modifiable à la place de l'algerie terre arabe.

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