Deux juges détricotent le système de financement du Front national
Les juges Claire Thépaut et Renaud Van Ruymbeke, chargés de l'affaire des assistants parlementaires du Front national au Parlement européen, décrivent un système de financement du parti de Marine Le Pen au détriment de cette institution, dans une lettre longuement citée vendredi par Le Monde.
Dans ce courrier du 29 mars, les deux juges demandent la levée de l'immunité parlementaire de la dirigeante d'extrême droite, dont la chef de cabinet est une des deux personnes à ce jour mises en examen dans ce dossier.
Selon ce courrier, cité par Le Monde, les investigations menées à ce stade sur une partie des collaborateurs des 24 députés européens du FN "permettent de constater l'absence totale de tout travail d'assistant parlementaire et au contraire un travail effectif au profit du Front national en France".
Les deux magistrats évoquent également dans leur lettre des documents découverts dans le bureau du trésorier du FN, Wallerand de Saint Just. Ces documents révèlent "la volonté du FN de réaliser de substantielles économies au détriment du Parlement européen par la prise en charge par celui-ci de salariés du parti au titre d'assistants parlementaires", écrivent-ils, selon Le Monde.
Selon Claire Thépaut et Renaud Van Ruymbeke, "des notes manuscrites saisies, attribuées à Wallerand de Saint Just (font) le lien entre le nombre de députés européens FN et un certain nombre de recettes pour le parti".
Les deux juges réitèrent leur volonté d'entendre Marine Le Pen, candidate du FN à l'élection présidentielle, qui affrontera le 7 mai au second tour l'ex-ministre de l'Economie Emmanuel Macron.
Le Monde avait déjà publié en mars un document aux mains de la justice, dans lequel Wallerand de Saint Just s'inquiète d'une hausse des dépenses du FN auprès de Marine Le Pen. Document dont le Front national a contesté l'interprétation qu'en a fait Le Monde.
Le Parlement européen estime désormais à près de cinq millions d'euros le préjudice potentiel qu'il a subi dans cette affaire du 1er avril 2012 au 1er avril 2017.
Par ailleurs on s'en souvient les Le Pen sont aussi touchés par l'affaire du scandale des "Panama Papers". Les données révélées par la presse évoquent "un système offshore sophistiqué" mis en place par des proches de Marine Le Pen. Ainsi, le quotidien du soir, Le Monde a mis au jour un système de dissimulation d’avoirs financiers monté par l’expert-comptable Nicolas Crochet et l’homme d’affaire Frédéric Chatillon, qui fait partie du premier cercle de fidèles de la présidente du Front National.
L'affaire était cousue de fil blanc. Les deux hommes clés du système Le Pen auraient mis en place une chaîne complexe de sociétés-écran. Objectif ? Faire transiter des fonds - soit environs 316.000 euros - de la France vers Singapour, Hong-Kong, les îles Vierges britanniques, avant d’atterrir au Panama sur les registres du cabinet Mossack Fonseca.
Avec Reuters
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