"L'officialisation de tamazight est formelle"
Dans cette déclaration signée d'un ensemble de militants de la cause amazighe et de la société civile, il est fait un étant sans concession de la revendication identitaire en cette date anniversaire du printemps berbère de 1980.
Près de quarante ans après le printemps berbère et une année après l’effet d’annonce de l’officialisation de notre langue maternelle, tamazight, longtemps brimée et ostracisée, demeure une cible privilégiée des agressions du Pouvoir totalitaire arabo-islamique et de ses relais politico-idéologiques. Son élévation à la dignité de langue officielle, fruit d’âpres et longues luttes depuis les années 1940, est plus formelle que réelle tant il est vrai que l’administration dispose de moyens tantôt abrupts et tantôt subtils pour rendre son officialisation inopérante.
Aujourd’hui, l’effectivité de son officialisation se heurte à de nombreux obstacles.dans un contexte social pollué par des ambitions de pouvoir et de fortune parmi ceux qui sont sensés en faire une priorité dans leur combat. En outre, une certaine opinion soumise à la pensée dominante et vidée de tout sens de discernement tente d’accréditer l’idée que l’officialisation de tamazight est effective afin de dévitaliser sournoisement le combat qui l'a portée et stériliser du coup, les luttes présentes et futures pour l’effectivité de son officialisation.
Tout comme cette cause, qui a nécessité sacrifices et luttes incessantes, le combat démocratique indissociable des luttes pour la réhabilitation de Tamaight, est dévoyé et réduit à des simulacres électoraux qui sont boudés par les citoyens. Les deux causes ont plus que jamais partie liée pour se soustraire au formalisme politique et institutionnel.
L’officialisation de tamazight est considérée par le régime, qui semble se retrancher dans une concession de forme, comme un pis-aller. Faut-il rappeler que le mot arabe a été asséné cinq (5) fois dans l’article 3 de la nouvelle constitution, alors que l’article 4 qui traite de l’officialisation de tamazight est conçu pour maintenir celle-ci dans un statut de dialectes multiples. Cette inégalité de traitement entre les deux langues nous interpelle en tant que démocrates. Prépare-t-elle les esprits au renoncement à l’officialisation de tamazight ? A ce jour, cette dernière ne dispose pas des moyens adéquats de son épanouissement et de son développement scolaire, pédagogique et administratif.
Aujourd’hui, la mobilisation est plus que jamais d’actualité pour la défense tout à la fois de tamazight (langue, identité et civilisation), des valeurs démocratiques et des droits humains universels afin de les faire triompher face aux pratiques autoritaires du régime. Ce dernier s’est emparé très tôt de notre pays et n'a cessé de "démocratiser" la corruption de la société, de l’éducation et des médias, à défaut de démocratiser le pouvoir politique et la société.
Ce triple et même combat exige de nous une lucidité et une détermination à la hauteur des enjeux politiques et des attentes des citoyens. Les élites du pays en général, de la Kabylie en particulier, au regard de son rôle historique dans la maturation de l’idée amazighe, doivent s’impliquer davantage dans les luttes de terrain, loin des kermesses électorales qui valident des institutions au service des politiques anti-nationales sur le plan économique culturel et social. Notre devoir est de reprendre l’initiative en faisant de notre identité amazigh et citoyenne un crédo et un étendard jusqu’à la victoire.
Devant la gravité de la situation nationale, régionale et internationale, il est urgent que les élites politiques, intellectuelles et artistiques fécondent un nouveau projet pour l’Algérie et, au-delà, à Tamazgha. Du reste, c’est ce triple contexte qui favorise les poursuites judiciaires injustes contre des militants démocrates, au premier rang desquels figurent le Dr Fekhar et ses camarades du M’zab. La conscience démocratique réclame leur libération sans délai et sans conditions.
Le 20 avril 1980 fut un premier tournant dans la lutte démocratique et identitaire, il faut lui redonner pleinement son sens dans les luttes présentes et à venir.
Alger, le 20 Avril 2017.
Signataires :
Rachid Aït-Ouakli, Mohand Naït-Abdellah, Mokrane Gacem, Tahar Khalfoune, Ali Aït-Djoudi, Nacéra Déhimi, Saïd Boukhari, Sadek Hadjou, Cid Kacioui, Amar Taleb, Hacène Loucif, Youcef Hebib, Mohand Bakir, Dalila Bando, Boukhalfa Ben Mamar, Saïd Aknine, Nacer Bouzidi, Tahar Si-Serir, Saïd Ould Oulhadj, Nacer Irid / Salem Azzouk, Arezki Mamart, Akli Drouaz, Mohamed Gaya, Hamid Arab.
Commentaires (8) | Réagir ?
Les berberes parlaient un certains nombre de patois puis ils ont adopté le punique la langue de Carthage: « Saint Augustin nous révèle que, de son temps, le punique était très répandu dans les campagnes... » ; quand les romains sont venu c'est le latin qui dominera: "« Apulée de Madaure, Afulay en berbère, était citoyen romains d’origine berbère. Il se désignait lui-même comme mi-Numidien et mi-Gétule. Il écrivait aussi en Latin » comme saint Augustin qui était « un maitre de la langue et la culture latine » ; puis se fut le tour de la langue arabe qui se maintient a ce jour; on aimerait bien voir arriver le tour du berbere mais du moment que vous ne faites rien pour, vous vous contentez de dénigrer l'arabe et demander des décrets a un régime de félons....
@Noureddine Nimenoune
Je ne sais qui sont ces Berberes dont tu nous parles. Quand aux Kabyles il ne denigrent rien du tout, ils revendiquent leur langue a l'ecole, dans les institutions, les medias et a l'universite! Foutez la paix aux Kabyles : arretez de les assassiner, les torturer, leur ramener des salafistes dans la region, de detruire leurs forets et littorals, de transplanter des gens dans la region pour detruire l'harmonie linguisite du pays Kabyle, arretez d'arabiser leurs gosses, arretez l'ecole wahabiste et annonnante, ... dois je continuer ?
ON devrait s'inspirer du combat de mass Yaha Abdelhafid qui s'est investit corps et ame, toute sa vie, sur le terrain, malgré la perte de ses frères, parents et tous ses compagnons de combat.
Il nous légué un exemple de persévérance, constance et fidelité a soi même et à l