Corée du Nord : le temps de percer l’abcès ?
Les pressions des États-Unis sur la Corée du Nord pourraient avoir des aspects positifs pour la population de ce pays qui pâtit depuis trop longtemps sous le joug d’un dictateur.
L’envoi d’une armada menée par le porte-avions américain USS Carl Vinson vers la péninsule coréenne pourrait être un atout pour les défenseurs des droits des Nord-Coréens. La pression militaire des capacités navales américaines sur le régime de Pyongyang et la peur qu’elles agissent unilatéralement pourrait amener le dictateur à être plus ouvert envers les Nations Unies. Il y a beaucoup à faire dans ce domaine puisque les citoyens de ce pays sont laissés à eux-mêmes face à une situation inhumaine.
Les atrocités que vivent les Nord-Coréens passent actuellement sous silence. Le Rapporteur spécial sur la situation des droits de l'homme en Corée du Nord, Tomas Quintana, affirmait à Genève le 13 mars pendant la présentation de son premier rapport que le problème nucléaire et la reprise des tests de tirs de missiles balistiques détournaient l'attention de la question des droits de l'homme. La porte-parole du groupe d'Experts indépendants sur l'établissement des responsabilités de la Corée du Nord, Sara Hossain, a appuyé les propos du Rapporteur en affirmant que le système juridique ne permettait pas de condamner les auteurs de violations des droits de l'homme. Elle veut de plus que la Cour pénale internationale ouvre des poursuites sur les violations des droits de l'homme qui y sont commises. Elle verrait même la nécessité d’un tribunal international ad hoc pour poursuive ces violations.
Le rapport publié en février 2014 par l'Organisation des Nations Unies a montré l'étendue des violations des droits de la personne en Corée du Nord. Il décrit le pays comme un régime totalitaire qui a fait des millions de victimes parmi sa propre population. Il y a en Corée du Nord 25 millions d’individus pris au piège dans un endroit ou les droits de la personne et la justice telle que nous la connaissons n’existe pas. Le système hermétiquement refermé sur lui-même domine au moyen de la terreur tous les aspects de la vie de chaque citoyen qui sont punis pour tout écart, comme écouter de la musique ou des films provenant de l'extérieur. En vertu du Songbun, les citoyens y sont catégorisés dès leur naissance. Le système dicte leur catégorie sociale, où ils vivent, leur niveau d'éducation, leurs conditions de vie et les emplois qu'ils pourront occuper. La famine, la torture, les exécutions publiques et les emprisonnements sans procès sont ce qu’ils vivent tous les jours. Le rapport conclut que les atrocités du régime nord-coréen sont de la même gravité que ce qui s’est passé sous le régime nazi en Allemagne.
La dictature de la Corée du Nord ne respecte pas les régimes juridiques internationaux et survies grâce à l’aide de la Chine. Cette dernière y perd d’ailleurs un peu de sa respectabilité internationale. Pour se défendre de cette situation, la Chine qui est de très loin le plus grand partenaire commercial de la Corée du Nord, tente de faire croire que son influence sur son voisin est un mythe. C’est une ruse. Alors qu’elle dit couper ses importations de charbons pour faire croire qu’elle fait pression sur son voisin, elle augmente en même temps ses importations générales de 20 %. Les citoyens qui se sauvent en Chine sont d’ailleurs renvoyés en Corée du Nord. Sa peur de la réunification de la péninsule coréenne, fait supporter à la Chine un régime qui résiste aux pressions et sanctions internationales. Protégée en catimini par la Chine, la dictature qui domine la population de la Corée du Nord n’a donc aucun respect des droits de la personne et résiste aux normes dans ce domaine mis de l’avant par les Nations Unies.
Selon Tomas Quintana, la situation dans quatre camps de prisonniers en Corée du Nord est particulièrement préoccupante. Il n’y existe toujours pas de mesure pour protéger les citoyens de la torture, des travaux forcés et d'exécution sommaire. Le Rapporteur spécial demande avec insistance de renforcer les efforts pour avoir accès à ces camps. Le repositionnement du porte-avions américain USS Carl Vinson à proximité de la péninsule coréenne donne donc une opportunité de faire valoir les préoccupations internationales sur le bien-être de la population qui vit actuellement en Corée du Nord. Si la Chine et les dirigeants de la Corée du Nord pensent que les États-Unis sont prêts à agir unilatéralement, ils pourraient en désespoir de cause s’ouvrir aux Nations Unies. Cette dernière aurait donc une prise sur l’autoritarisme des dirigeants nord-coréens et pourrait aider son peuple.
Michel Gourd
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