L'Italie va cesser ses importations du gaz algérien par gazoduc en 2019
Dans une déclaration rapportée par le média italien Il Sole 24 Ore localisé à Milan où l’Italie ne renouvellera pas son contrat d’importation de gaz à long terme (par gazoduc) avec l’Algérie par le ministre italien du Développement économique, Carlo Calenda. L'information non démentie par les autorités italiennes. Le Ministre de l’Energie , défendant les intérêts de l'Algérie, dans une déclaration faite à Alg24 en date du 07 avril 2017 ,a répondu pour qui « le ministre italien pose un problème italien en rappelant que les contrats de gaz naturel avec l’Algérie vont arriver à terme …….Il se pose la question de savoir s’ils (contrats gaziers) vont être renouvelés ou pas sur des périodes long terme", poursuit-il…. Cette déclaration vient suite à "l’annonce que l’Algérie veut transformer localement son gaz pour avoir plus de valeur ajoutée et accroître ses ressources en devises , qui préoccuperait la partie italienne.
La récente déclaration du ministre italien du Développement économique, Carlo Calenda, est d’une extrême gravité. Elle pose le problème de la sécurité et de la transition énergétique de l’Algérie
1.- La stratégie future de l’Algérie pour assurer sa sécurité est d’assoir rapidement avec une réorientation de sa politique économique, une économie diversifiée dans le cadre des valeurs internationales, ne devant plus vivre de l’illusion de la rente éternelle des hydrocarbures. L’Algérie doit méditer attentivement la récente déclaration du ministre italien du Développement économique, Carlo Calenda. Elle est d’une extrême gravité. L'Algérie selon lui ne pouvant à l’avenir honorer ses engagements internationaux en livraison de gaz du fait de la forte consommation intérieure.
Ce dernier annonce que le contrat gazier signé entre l’Algérie et l’Italie (par gazoduc) qui prendra fin en 2019 ne sera pas renouvelé. L’Italie prévoit un déficit de 14 milliards de mètres cubes d’approvisionnement de l’Italie en gaz d’ici 2019-2020 qu’elle comblera par un contrat à long terme avec les Pays-Bas en 2020, puis avec la Norvège en 2026. Il y aura lieu de tenir compte également de la concurrence de la Russie, l’entrée de l’Iran, bientôt de la Libye, du récent accord Europe–Israël pour l’acheminement d’importants volumes de gaz à travers la construction d’un nouveau oléoduc. Et que deviendront les contrats à terme qui expireront pour l’Algérie entre 2018/2019 avec les autres partenaires au moment avec l’accroissement des marchés spot, sachant que plus de 33% des recettes de Sonatrach proviennent du gaz naturel ? D’autant plus que le marché Asie est pratiquement fermé, ne pouvant concurrencer pour l’Asie le Qatar, l’Iran et la Russie, sans compter la percée du pétrole/gaz de schiste américain.
2.- Rappelons qu’au Conseil des ministres de janvier 2015, il a été établi l’Etat des réserves au 31 décmbre 2014 : 2700 milliards de mètres cubes gazeux et 10 milliards de barils de pétrole. L’Algérie à travers des subventions généralisées et mal ciblées est l’un des modèles les plus énergétivores en Afrique et en Méditerranée, avec un taux de croissance qui a atteint ou même dépassé les 14% par an pour l’électricité.
Une récente étude menée par le ministère de l’Energie fait ressortir que pour les hydrocarbures, le taux de croissance de la consommation est de +5,4% soit 1,2 TEP /an/ habitant ; +8% par an pour les carburants ; +7% par an pour le gaz naturel. Toujours dans ce même registre, les prévisions de la CREG annoncent des besoins internes entre 42 (minimum) et 55 (maximum) milliards de m3 de gaz naturel en 2019. Sonelgaz prévoit, quant à elle, 75 milliards de m3 en 2030. et selon le bilan énergétique 2015, publié par le secteur, la répartition de la consommation d’énergie primaire est la suivante, production totale : 155 millions TEP, dont 63% exportés et 37% consommés sur le marché intérieur (y compris pour la génération électrique). Quant la consommation des ménages et autres, elle aurait atteint 16,5% ; la consommation des transport, 13% et la consommation de l’industrie & BTP : 7,5% alors que dans les pays développés et émergents le ratio de l’économie productive est bien plus important. En Algérie il existe un véritable paradoxe : la consommation résidentielle (riches et pauvres payent le même tarif ; idem pour les carburants et l’eau) représente 60% contre 30% en Europe et la consommation du secteur industriel 10% contre 45% en Europe montrant le dépérissement du tissu industriel, soit moins de 5% du produit intérieur brut
3.- Aussi des actions coordonnées doivent être mises en place dans le cadre d’une vision stratégique de développement tenant compte des nouvelles mutations mondiales. Il s’agira notamment d’améliorer l’efficacité énergétique par d’une nouvelle politique des prix (prix de cession du gaz sur le marché intérieur environ un dixième du prix) occasionnant un gaspillage des ressources qui sont gelés transitoirement pour des raisons sociales. C’est la plus grande réserve pour l’Algérie impliquant de revoir les politiques de l’habitat, du transport et une sensibilisation de la population devant revoir la politique des prix.
A cet effet, une réflexion doit être engagé pour la création d’une chambre nationale de compensation, que toute subventions devra avoir l’aval du parlement pour plus de transparence, chambre devant réaliser un système de péréquation, tant interrégionales que socioprofessionnelles, segmentant les activités afin d’encourager les secteurs structurants et tenant compte du revenu par couches sociales. La seule solution pour continuer à exporter est d’aller vers des énergies alternatives pour couvrir les besoins nationaux dont le développement des énergies renouvelables. Le Programme national de développement des énergies renouvelables en Algérie prévoit une production d'ici à 2030 de 22.000 mégawatts d'électricité de sources renouvelables, destinée au marché intérieur, en plus de 10.000 mégawatts (MW) supplémentaires à exporter. L'objectif est de réduire de plus de 9% la consommation d'énergie fossile à l'horizon en 2030 et d'économiser 240 milliards m3 de gaz naturel, soit 63 milliards de dollars sur 20 ans.
La phase initiale de ce programme a déjà été lancée et, depuis la fin de 2016, le programme national de développement de l’énergie renouvelable est de permettre le développement à grande échelle, des installations renouvelables, grâce à une industrie nationale. Celle-ci comprendra tous les éléments de la chaîne de valeur renouvelable, dont l’ingénierie, l’équipement et la construction, supposant que la mise en œuvre du programme, fasse appel aux investisseurs pour 4.000 MW en technologie solaire afin qu’ils construisent des centrales pour l’énergie renouvelable sur des sites présélectionnés, ce qui facilitera les aspects procéduraux, et permettra d’accroître le rythme de mise en œuvre des études sur la connexion de ces sites au réseau électrique étant en cours pour déterminer la capacité des centrales électriques à installer.
En résumé, des choix stratégique pour assurer la sécurité énergétique du pays et la transition énergétique qui se fera progressivement s’impose en urgence. Car il est incontestable que les gisements fossilifères du pays commencent à ce tarir alors que la consommation énergétique nationale est en croissance importante et va continuer de l’être. Une nouvelle politique tant industrielle, moins énergivores, ces complexes auxquelles on livre le gaz à de pris subventionnés, en plus des exonérations fiscales loin de l’activisme et de l’irréalisme, qu’énergétique et un nouveau management stratégique de Sonatrach s’imposent.
Dr Abderrahmane Mebtoul, Professeur des Universités, expert international
Commentaires (6) | Réagir ?
C'est une bonne opportunité pour que nous pensons à diversifier notre clientèle !
Thank you very nice article