Portrait d’un Algérien boycotteur d’élections
C’est un quidam qu’on croise à chaque coin de rue, rien en lui n’attire l’attention, mais il fait tellement peur aux gouvernants algériens, ces jours-ci, qu’il est désormais traité de tous les noms d’oiseaux de mauvais augure.
Son seul tort est d’avoir décidé de ne pas voter le 4 mai prochain. Convaincu que sa voix n’y sera pour rien dans le décompte final des quotas, il a donc décidé de s’y abstenir, histoire d’avoir la conscience tranquille.
Seulement voilà, sa démarche, qui n’est d’ailleurs ni illégale, ni anticonstitutionnelle, ni encore moins "haram", a cependant courroucé des gens en haut lieu. Le wali d’Alger l’a tout bonnement qualifié de "haraymi". Quant au ministre de la Communication, il a tout simplement appelé les médias à le priver d’antenne et de colonnes de journaux.
Cela se passe comme ça en Algérie. Des Algériens considèrent d’autres Algériens comme immatures politiquement et n’hésitent pas à leur donner publiquement des leçons de morale. Du coup, on se rappelle des gens qui avaient fui le pays dans les années 1990 et qui, aujourd’hui, incitent à aller voter ceux-là mêmes qui avaient voté en 1995 à Zbarbar, le cachet apposé sur leur carte de vote faisant foi.
Le boycotteur se demande, à juste titre, pourquoi toute cette frénésie pour le faire changer d’avis, pour le pousser à aller voter le 4 mai prochain. Il manque de tout, mais personne n’est venu à son aide. Au contraire, des gens ne manquant de rien lui demandent de l’aide pour arrondir les chiffres de la participation.
Le boycotteur se demande aussi, et surtout, pourquoi ceux qui ont volé ou dilapidé les deniers publics sont ignorés, alors que lui est harcelé tous les jours. Finira-t-il par être arrêté et incarcéré ? Rien n’est impossible dans notre pays !
Ahcène Bettahar
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Seulement voilà, sa démarche, qui n’est d’ailleurs ni illégale, ni anticonstitutionnelle, ni encore moins "haram", a cependant courroucé des gens en haut lieu. Le wali d’Alger l’a tout bonnement qualifié de "haraymi". Quant au ministre de la Communication, il a tout simplement appelé les médias à le priver d’antenne et de colonnes de journaux.