Les lecteurs : une espèce en voie de disparition en Algérie
A l’indépendance de l’Algérie, le peuple était analphabète ou illettré dans son écrasante majorité. C’était le résultat de la politique coloniale : maintenir un être humain ou un peuple dans l’ignorance est le moyen idéal pour le dominer et l’asservir.
Comme l’accès à l’école publique (coloniale) était très limité pour les indigènes, il y avait peu d’Algériens qui savaient lire en français à l’indépendance du pays en 1962. Il y avait une autre petite proportion de personnes qui avaient appris à lire en arabe dans les écoles coraniques ou dans des pays arabes où ils étaient réfugiés ou exilés. On voit donc que le potentiel de lecteurs était très faible à ce moment-là.
Depuis 1962, beaucoup d’efforts ont été faits pour massifier l’école, notamment à partir des années 1970. Les objectifs affichés par les gouvernements successifs étaient la scolarisation de tous les enfants jusqu’à l’âge de seize ans, au moins, avec la mise en place de "l’école fondamentale". Cela a été suivi, plus tard par une massification de l’université. Cela a-t-il, pour autant, permis l’augmentation du potentiel des lecteurs dans le pays ?
Il n’y a pas d’études statistiques sur la lecture en Algérie pour étudier l’évolution de cette pratique sociale et intellectuelle. Mais on peut faire un constat dans notre environnement quotidien : la fréquentation des librairies et des bibliothèques, la pratique de la lecture par les écoliers, lycéens ou étudiants, la lecture dans les espaces publics comme les transports en commun ou les salles d’attente, etc. Je veux parler évidemment de la pratique de la lecture comme loisir et comme moyen d’augmenter le capital culturel du sujet. La lecture fonctionnelle et la lecture scolaire et universitaire sont des pratiques ponctuelles et nécessaires pour le sujet à un moment donné de sa vie.
I/ Interférences de l’image
Le monde a évolué avec le développement des TIC et on peut voir, et savoir, que de plus en plus de gens utilisent des écrans (ordinateur, tablette, I phone). Mais cette technologie est-elle mise à profit pour lire des ouvrages en ligne ?
Notre société est passée de la tradition orale à la civilisation de l’image sans avoir eu suffisamment de temps pour vivre pleinement la civilisation de l’écrit comme d’autres sociétés. Les demeures ont été envahies de téléviseurs et d’ordinateurs avant que leurs occupants n’aient eu le temps de constituer des bibliothèques. Cela a une importance fondamentale dans la culture et les représentations sociales. Et dans le rapport à la lecture, évidemment. Sans compter la structuration de la pensée.
L’image a précédé l’écrit dans les représentations graphiques. Ainsi, les plus anciennes inscriptions découvertes représentent des formes, comme, par exemple, celles d’animaux. Les alphabets et l’écriture sont relativement récents : c’est l’évolution du cerveau de l’homme vers l’abstraction et la conceptualisation qui a permis cette forme de représentation et la possibilité de la civilisation de l’écrit. Cette dernière a évolué depuis les premières écritures, comme l’écriture cunéiforme, et connaîtra un développement continu tout au long de l’histoire. Mais elle ne connaîtra de véritable essor qu’avec l’invention de l’imprimerie au XVème siècle par l’Allemand Johannes Gutenberg. Certes les Chinois avaient développé l’art d’imprimer des textes dès le IIème siècle (de façon rudimentaire) et l’impression xylographique existait certainement dès le VIIème siècle mais cela ne permettait pas la reproduction massive de textes. Cela n’était possible qu’à partir de l’invention de caractères mobiles avec un alliage de métaux par Gutenberg au milieu du XVème siècle. Depuis, l’apprentissage et l’usage de l’écrit n’ont cessé de se développer en Occident et en Orient, touchant certaines classes sociales dans un premier temps avant de s’étendre aux masses populaires. La lecture est devenue une pratique sociale et culturelle massive et universelle. Tout cela a eu un rôle fondamental dans la formation et le développement des représentations et de la pensée de ces sociétés.
L’avènement de la civilisation de l’image a bouleversé la pensée humaine et influé sur les représentations sociales. La culture humaine nourrie par l’écriture diffère de celle nourrie par la l’image. Dans la première, l’écriture et un médiateur : c’est le lecteur qui imagine en lisant. Dans la seconde, le cerveau du spectateur n’est pas sollicité pour imaginer mais juste pour voir ce qui a été imaginé pour lui ; il est dans une posture passive (et la manipulation est plus aisée dans ces conditions psychologiques). L’individu n’est même pas armé pour décoder les flots d’images qui envahissent son quotidien et son environnement. La lecture de l’image s’apprend comme celle du discours. Mais cela ne s’apprend pas dans l’école algérienne.
L’évolution du monde a fait que des pratiques socioculturelles nouvelles apparaissent et prennent place à côté de celles qui existaient auparavant. Malheureusement, certaines pratiques disparaissent, ce qui représente une perte pour l’humanité ; cela influe aussi sur l’évolution de la pensée et des représentations des sociétés qui les perdent. L’écriture et l’image ne sont pas interchangeables : elles développent des compétences intellectuelles différentes qui peuvent être complémentaires. Elles peuvent coexister de façon bénéfique pour l’humanité et les sociétés qui la composent. Les TIC peuvent être non seulement au service de la pratique de la lecture mais aussi un moyen de son développement. Au niveau de l’individu, c’est une question d’organisation, de formation et de motivation pour profiter au mieux de cette évolution.
II/ Politique, idéologie et lecture
Depuis son indépendance, l’Algérie n’a pas connu de gouvernance démocratique. Les gouvernements autocratiques successifs ont connu des alternances claniques dans le même régime politique qui a vu son idéologie changer sans évoluer vers la liberté et la démocratie. Comme c’est le propre des régimes totalitaires de brider la liberté d’expression, le livre souffre de problèmes divers. Jusqu’à la fin des années 1980, il existait au niveau du ministère de l’information et de la culture un service de la censure. Ces censeurs étaient officiellement chargés de décider de ce qui ne devait pas être lu par le peuple. Il y avait donc des Algériens qui savaient ce qui était bon à lire pour leurs concitoyens considérés comme immatures. Leur souci était évidemment la protection du régime.
Pour ce qui est du cinéma, les choses étaient claires. Le titre VII de l’ordonnance n° 68-612 du 15 novembre 1968, qui réglementait l'art et l'industrie cinématographiques, était : "De la censure cinématographique".
L’article 38 de cette ordonnance énonce qu’"Il est institué une commission nationale de censure qui se prononce sue le bien-fondé des réclamations et connaît en dernier ressort, des décisions de censure prises et ce, à la demande de tout intéressé, dans le mois qui suit la notification de la décision".
L’article suivant (39) détaille la composante de la commission : le premier membre cité est "un représentant du ministère de la Défense", ce qui n’est pas étonnant dans un tel projet d’une dictature militaire.
Jusqu’à la fin des années 1980, la SNED (Société Nationale d’Edition et de Diffusion) avait le monopole de l’importation du livre et, quasiment, celui de son édition. Il n’y avait que la librairie du Parti (FLN) à Alger qui n’était pas soumise à ce monopole. Cela facilitait le contrôle du livre en circulation. Un bémol : le prix du livre était soutenu.
L’absence de bibliothèques de proximité (bibliothèques communales ou de quartier, bibliobus, etc.) était un autre facteur qui défavorisait le développement de la lecture.
Ces difficultés n’ont pas empêché la constitution et le développement d’un lectorat relativement (vu le contexte historique et politique) important. Au début des années 1990, la presse privée naissante tirait à des centaines de milliers d’exemplaires. Pour pallier l’absence de bibliothèques, des réseaux d’amis lecteurs se constituaient pour échanger des livres. On pouvait voir des gens lire dans les transports ou les salles d’attente alors qu’aujourd’hui ce type de lecteur est rarissime.
L’idéologie du régime politique a évolué même si le pouvoir n’a fait que se recomposer ; le ministre de la jeunesse et du tourisme de 1962 est président de la république en 2017. Les émeutes d’octobre 1988 ont été suivies d’une ouverture politique avec la naissance du multipartisme mais cela ne sert que d’alibi pour le maintien au pouvoir des clans qui ont dirigé le pays depuis son indépendance. Cette ouverture politique a été rapidement suivie par une "décennie noire" : le terrorisme islamiste et la répression du régime ont fait des dizaines de milliers de morts et de disparus. Le pouvoir en place a gagné la bataille militaire mais les islamistes ont réussi à faire avancer leur idéologie qui investit de plus en plus l’espace politique et public. Le nationalisme islamiste de Boumediène se transforme en islamisme nationaliste. Et la politique du livre en subit les conséquences. Les articles 10 et 11 du décret exécutif n° 03-278 du 23 août 2003 (fixant le cadre réglementaire de diffusion de livres et ouvrages en Algérie) sont édifiants à ce sujet.
"Article 10 : Sont interdites, sur le territoire national, l’introduction et la diffusion de livres et ouvrages édités sous quelque support que ce soit et dont le contenu se caractérise par :
— l’apologie du terrorisme, du crime et du racisme ;
— l’atteinte à l’identité nationale dans sa triple dimension ;
— l’atteinte à l’unité nationale, l’intégrité territoriale et à la sécurité nationale ;
— l’atteinte à la morale et aux bonnes mœurs ;
— la falsification du Saint Coran ;
— l’offense à Dieu et aux prophètes.
Article 11 : Les mêmes interdictions citées à l’article 10 ci-dessus sont applicables aux livres et ouvrages sous tous supports édités et diffusés en Algérie."
Ainsi, le législateur algérien impose à l’Etat de protéger Dieu et les prophètes des écrivains. Dans la culture traditionnelle algérienne, c’est Dieu qui a le rôle de protecteur des hommes et non le contraire.
Ces articles ont pour but d’imposer une chape de plomb : la censure et l’autocensure, notamment en ce qui concerne les questions religieuses (on a vu récemment un jeune auteur de fiction de Tipaza convoqué par la police pour atteinte à la religion). En fait, c’est la légalisation de la censure : il y a toujours des Algériens qui décident de ce qui peut être lu par le peuple qui est donc, légalement, considéré comme mineur ; les lecteurs algériens ne sauraient donc pas juger de la qualité des ouvrages qu’ils pourraient lire. Les gouvernants sont donc parfaitement convaincus de l’état catastrophique du système éducatif qu’ils ont mis en place.
Certes, les TIC diminuent de l’efficacité de la censure, mais cette dernière est là comme une arme de dissuasion. Surtout qu’elle est accompagnée par la pression des islamistes que l’Etat laisse faire.
La politique du développement de la lecture est toujours incohérente et improductive. A titre d’exemple, l’Etat a construit des bibliothèques dans presque toutes les communes mais leur pourvoi en personnel qualifié n’a pas suivi : je ne pense pas que les responsables du ministère de la culture ignorent que la bibliothèque a besoin de ressources humaines pour fonctionner ! On ne s’improvise pas bibliothécaire. Beaucoup de communes se sont défaussées sur les associations pour la gestion et le fonctionnement de leurs bibliothèques faute de moyens humains et financiers.
Le poids de la religion
Les religions monothéistes ne sont pas réputées pour leur incitation à l’ouverture d’esprit et à la liberté d’expression. Leur dogmatisme interdit toute critique. L’histoire est jalonnée de moments où les religions ont usé de violence extrême pour s’imposer aux peuples, pour combattre toute forme d’hérésie ou d’apostasie. Pour perdurer, les religions ont besoin d’enfermer les croyants dans leurs dogmes et de les convaincre du mythe des écritures saintes comme nourriture spirituelle suffisante pour l’être humain. J’ai entendu des centaines de fois des croyants dire avec conviction que «tout est dit dans le coran». Ce stratagème est entretenu par les hommes de religion pour éloigner les croyants, notamment les moins cultivés et les plus vulnérables, de toute tentation de lecture qui leur ouvrirait l’esprit vers des horizons différents et un autre monde. Ce n’est pas là le seul moyen d’empêcher le peuple de se mettre à la lecture car la peur de la «subversion» de l’esprit pousse à la censure au nom de la morale religieuse. Certaines théocraties ou organisations extrémistes vont jusqu’à condamner à mort des auteurs de livres jugés blasphématoires : cela a pour but de terroriser les écrivains pour les amener à l’autocensure.
Le développement d’une pratique religieuse islamiste, différente de l’islam traditionnel (ouvert) algérien, est un frein à la lecture pour le plaisir car les extrémistes religieux considèrent cette pratique culturelle comme corruptrice de l’esprit et des mœurs. Seule la lecture du Coran est recommandée, avec les textes relatant la tradition musulmane validés par les ulémas.
III/ La famille et la lecture
La vie sociale de l’Algérien lui prend beaucoup de temps. L’être ne s’appartient quasiment pas, même s’il y a une évolution avec l’exode rural et l’éclatement de la famille élargie. Mais l’exode rural n’a pas tué l’instinct grégaire. Dans les nouveaux quartiers investis par les campagnards et les montagnards, on assiste à une "reconstitution" de la vie antérieure des occupants. Il faut dire qu’il n’y a pas d’urbanisation au sens propre du terme dans ces cités : souvent, on se contente de construire des logements pour accueillir des locataires qui doivent se débrouiller pour le reste. De nouveaux liens sociaux se tissent avec la reproduction du modèle villageois ou campagnard. Dans presque tous les cas, la vie sociale de l’individu est pleine d’obligations et d’échanges familiaux et sociaux : visites familiales, événements festifs ou douloureux, visites de malades et solidarité avec eux, etc. Le sujet d’une société traditionnelle ne dispose pas d’autant de temps libre qu’un individu d’une société qui a adopté un type d’organisation culturelle. Il ne vit pas beaucoup de temps en solitaire. Et comme la lecture est une pratique solitaire, elle pâtit, quelque peu, de ce mode de vie. Mais cela ne justifie pas l’éloignement de la lecture. Il faut savoir gérer son temps au mieux pour dégager un temps pour lire.
A côté de la disponibilité du livre dans l’espace familial et du temps à consacrer à la lecture, il y a la question de la culture familiale qui se pose. Le milieu familial a une influence importante sur la formation du lecteur. Un sujet qui a des parents ou des aînés dans la fratrie qui pratiquent la lecture voit ses chances se multiplier pour acquérir cette pratique. La disponibilité du livre est aussi un facteur incitateur.
La culture familiale peut être aussi négative pour la pratique de la lecture. Lorsque les parents ne portent aucun intérêt à la lecture ou qu’ils découragent leurs enfants pour des raisons psychologiques, philosophiques ou religieuses, ils impactent négativement sur la lecture. Ici, aussi, il n’y a pas de règle établie : des sujets issus de milieux culturellement défavorisés peuvent devenir de grands lecteurs. Ils trouvent des appuis dans d’autres espaces comme l’école.
IV/ L’école et la lecture
L’école est le lieu commun où se déroule l’apprentissage de la lecture. C’est un long processus qui va de l’initiation à la maîtrise de lectures analytiques, et chacun de ceux qui sont soumis à cet apprentissage en ressort avec des compétences qui vont du déchiffrage à la lecture la plus complexe. Cela dépend de la qualité de l’enseignement subi et de la longueur du cursus.
On constate que l’école algérienne produit beaucoup d’illettrisme. Les éléments du système éducatif étant interdépendants, il est difficile d’identifier les causes de ce gâchis : les méthodes, les outils pédagogiques, la formation des enseignants, la législation, les dispositifs imposés par le ministère, etc. Le système est organisé de telle façon que ceux qui fréquentent l’école, élèves et enseignants, ne sont pas motivés par l’instruction et la culture. La seule motivation qui fait que le système tourne est la reconnaissance sociale des résultats scolaires par la certification qui peut donner accès à un emploi. On reconnaît à travers ce fonctionnement une approche conservatrice, au moins dans certains aspects, de cette éducation : former des sujets qui vont rejoindre des cases déjà établies dans l’organisation socioéconomique. C’est un marqueur qui indique les objectifs politiques réels du système éducatif. Pour être docile et soumis, le sujet ne doit pas avoir une culture générale qui lui permettra de développer un esprit critique et une maîtrise de la parole qui est l’instrument le plus redoutable du pouvoir. L’influence importante de la religion, qui bannit l’esprit critique, facilite la tâche des responsables de cette politique.
Au niveau méthodologique, après l’initiation, c’est la lecture et la compréhension du texte qui constitue l’essentiel de cette activité à l’école. Ce sont les textes courts qui sont privilégiés comme supports pédagogiques avec les objectifs affichés d’accéder à la diversité typologique du discours, à la découverte des différents genres littéraires et de beaucoup d’auteurs. Je ne parle pas de la lecture fonctionnelle. Mais la lecture et l’étude de textes courts forme des lecteurs de textes… courts. La lecture de textes longs, comme la nouvelle ou le roman, peut former à la lecture de ce genre de récits tout en offrant des espaces textuels pour les apprentissages qui se font sur les textes courts proposés dans les manuels scolaires. Ainsi, les élèves étudieront le fonctionnement de la langue, la typologie des textes ou les techniques d’expression dans un texte d’auteur. L’étude se fera ainsi dans un document et un discours authentiques. Et la contextualisation permet de meilleurs apprentissages.
La lecture de textes longs agit sur la pensée de l’être humain de façon différente que celle de courts extraits. Cela favorise une structuration plus profonde de la pensée avec une maîtrise de la complexité intellectuelle ; cela est un apport certain lors du passage à l’écrit, notamment de textes longs. La lecture fortifie aussi la maîtrise du code de l’écrit dans toutes ses dimensions.
Pour faire aimer la lecture, il est nécessaire de mettre en place des dispositifs pédagogiques qui permettront aux élèves de "vivre" les créations littéraires qu’ils lisent au cours de leurs cursus ; un texte littéraire n’est pas un discours ordinaire où l’élève apprend à trouver des informations pratiques comme dans les textes fonctionnels. La lecture de textes littéraires procure du plaisir tout en formant l’esprit. Il faut encourager l’innovation pédagogique car avec les méthodes employées actuellement en Algérie, même les cursus d’études littéraires à l’université ne produisent pas de lecteurs de littérature !
Au niveau matériel, il est indispensable que les établissements scolaires soient dotés de véritables bibliothèques avec des espaces propres et un personnel qualifié. C’est un investissement nécessaire si on veut réellement avoir un développement social de qualité. Il suffit d’en faire une priorité politique pour que cela devienne une priorité budgétaire.
Les nouveaux enseignants sont issus de cette école : ils ne sont pas portés sur la lecture dans leur grande majorité. Il faudrait inventer des dispositifs pour leur faire aimer la lecture pour qu’ils puissent transmettre cette passion et ce plaisir à leurs élèves. Cette lecture ne relève pas d’une technique mais de l’esthétique et de l’émotion.
Conclusion
La situation de la lecture est alarmante en Algérie. La pensée et les représentations sociales se transforment. La régression est visible : ignorance, religiosité, intolérance, violence, censure et autocensure, libertés muselées ou corruption sont autant de signes de cette dévolution.
Avant, il y avait peu de livres et (relativement) beaucoup de lecteurs. Maintenant, il y a beaucoup de livres et peu de lecteurs malgré un potentiel (théorique) important. L’université certifie chaque année des dizaines de milliers d’étudiants qui, en majorité, ne liront plus jamais de livres. Ce qui montre encore la faillite de ce système éducatif.
Pour remédier à cette situation catastrophique, que peut-on attendre d’un gouvernement qui s’irrite devant la tenue d’un café littéraire ?
Si la politique du régime est d’atteindre l’objectif que lui soupçonnait Ferhat Abbas au lendemain de l’indépendance, "former un peuple qui ne pense pas", on peut dire que sa réalisation est en bonne voie.
Nasserdine Aït Ouali
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merci
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