L'équation insoluble !
Que réservent les jours à venir pour l'Algérie ? L'austérité est-elle appelée à durer et à sévir durement, dans le corps de la société ?
Comment les autorités vont-elles s'y prendre désormais, alors que les caisses sont presque vides et les recettes diminuent, à vue d'œil ? Ces dernières disposent-elles, par exemple, d'un plan "B" pour le long terme, à part cette perspective, très hypothétique, de la montée des prix du baril du pétrole ? Ont-elles les moyens de leurs ambitions concernant le plan quinquennal (2014-2019), promis par le Président Bouteflika, pour renforcer, comme on lit dans la brochure de sa candidature, «une croissance forte et soutenue» ? Et si l'inflation continue à ce rythme infernal, les citoyens supporteront-ils, vraiment, pour longtemps le poids de la flambée des prix des produits alimentaires surtout qu'on est aux portes du Ramadhan, un mois propice à toutes les spéculations ?
A vrai dire, le risque d'émeutes du pain n'étant guère éloigné, en Algérie, au regard de la situation critique qu'on vit actuellement. D'autant que les masses sont sur le gril, les épaules grevées par un pouvoir d'achat dérisoire et les officiels fuient leurs responsabilités, en se réfugiant dans le populisme et le déni de la réalité.
Mais qui va payer les pots cassés ? Dans quelles circonstances ? Et à quel prix ? Voilà le problème ! Lorsqu'on entend, par le biais des médias, cette nouvelle, pour le moins, sensationnelle, de la suspension des domiciliations bancaires pour les produits finis, laquelle vise, en principe, la réduction de la facture très salée de l'importation dont 7,8 milliards de dollars sont, comme l'aura bien rappelé le ministre du Commerce Abdelmadjid Tebboune, des produits superflus, puis, moins de deux jours plus tard, une instruction contraire à la première, émane directement du Premier ministre, on s'interroge d'abord s'il y a un centre de décision unique, en haut de la hiérarchie.
Car les sons de cloche semblent s'entrechoquer dans une repoussante cacophonie, au point de mettre dans l'embarras, et les opérateurs et les partenaires économiques. Un très mauvais signe pour une économie de rente, déjà mal en point, pouvant vite dégénérer en perte de confiance des investisseurs locaux et étrangers (climat d'affaires peu rassurant). Le second point d'interrogation qui surgit de cette actualité riche en rebondissements est le suivant : une mesure non concertée ni moins encore étudiée, peut-elle résorber les 17 milliards du déficit commercial creusé, au cours de l'année 2016, seulement ? Presque de l'impossible ! Puis, pourquoi nos décideurs ont-ils attendu, jusqu'au jour d'aujourd'hui, pour se retrousser les manches et se mettre à assainir un secteur économique des plus pollués ? Les rentiers et les barons de l'import-import leur font-ils, à ce point, peur ou ces réticences-là dénotent, uniquement, d'un manque de compétence managériale ? D'aucuns assurent que c'est du "protectionnisme économique" afin de booster une production locale, au stade léthargique, d'autres, par contre, sont formels sur le fait que des cercles officieux tentent un coup monté ou une manœuvre politicienne, sans aucune dimension stratégique, contre les lobbies qui gangrènent ce créneau de l'importation, sur fond de guéguerre de clans et d'échéances électorales.
Kamal Guerroua
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merci bien pour les informations
A vrai dire, le risque d'émeutes du pain n'étant guère éloigné, en Algérie