18 millions de dollars d'importation de chewing-gums : à qui la faute M. Tebboune ?
Après avoir bradé pendant 18 ans la rente des hydrocarbures dans le tout-importation, le gouvernement semble découvrir les vertus de la rigueur budgétaire. Tout l'art de Tebboune de faire passer l'imprévoyance du gouvernement pour une nouvelle méthode de management.
Abdelmadjid Tebboune ne parle plus de logements, de clés à remettre aux petites gens, mais de produits de première nécessité. C’est dire que l’heure est gravissime. La crise est là.
Nos dirigeants n'ont rien voulu voir venir pendant toutes ces années d'opulence. La preuve ? "Je vous le dis tout va bien", plaide sérieusement Abdelmadjid Tebboune, le perpétuel ministre par intérim du Commerce. Dans un raout rôdé et empreint de déclarations creuses, il veut faire passer les errements des choix économiques du clan pour des erreurs minimes. Sans rire, Abdelmadjid Tebboune jure par ses grands dieux que les mesures de restriction sont "une action gouvernementale réfléchie qui s'inscrit directement dans la sauvegarde de l'intérêt du pays et de son indépendance, à travers le rééquilibrage de la balance commerciale dont le déficit a atteint les 17 milliards de dollars en 2016". Pourquoi attendu que le pays accumule un déficit aussi important pour prendre ces décisions ?
Sans honte, le ministre s’interroge comme pour prendre à témoin une population qui n’a jamais été consultée : "Un pays qui enregistre un déficit commercial de 17 milliards de dollars, a-t-il le droit de laisser les gens importer du chewing-gum pour 18 millions de dollars par an?". A qui la responsabilité M. Tebboune ?
L’enveloppe des produits considérés comme superflus s’est élevée à 7,8 milliards de dollars en 2016. C’est dire que même si la crise était déjà là les importateurs ont continué à dépenser avec le consentement du gouvernement. Autrement à qui revient la responsabilité M. Tebboune ?
Le ministre par intérim fait mine de s’indigner et de découvrir les dégâts : "L’enjeu c'est notre indépendance, si on ne fait pas ça on va aller vers l’endettement". Nous voilà donc avertis : bientôt le fonds de régulation passera dans les bananes et les Algériens vont devoir quémander auprès du FMI.
Ce ne sera pas tout de suite l’émeute pour s'arracher des produits de première nécessité. Nous sommes rassurés. Abdelmadjid Tebboune promet que les produits seront suffisamment disponibles sur le marché et qu’aucune pénurie ne sera enregistrée.
Dernier cran, il nous apprend que le gouvernement vise "globalement à réduire la facture d’importation de 15 milliards de dollars en 2017, en contrôlant notamment les quantités des produits importés, leur prix, et leur origine". On reconnaît ici tout l'art du ministre de nous faire prendre des vessies pour des lanternes. Autrement dit, les restrictions budgétaires pour de la bonne gestion. On a peine à croire qu’avec un tel coup de rabot dans l’enveloppe des importations, les Algériens ne retrouvent pas les bonnes vieilles chaînes pour avoir le café, le sucre ou autre produits. Dans le flot des promesses auxquelles plus personne ne croit, le ministre par intérim soutient que l’Algérie compte mettre en place un système de contrôle des produits. Autre grave aveu du ministre qui nous apprend, sans le vouloir, que jusqu’à présent il n’y avait aucun contrôle sur les importations !
Triste bilan ! Qui l’eût cru ? Après 1000 milliards de dollars dépensés à tout vent et les heures de discours patriotards, le gouvernement s’en va éteindre l’incendie des pénuries qui s’annonce ! L’Algérie de la fierté tant clamée par Bouteflika est aujourd’hui réduite à racler les fonds de tiroir et à promettre n’est pas pour maintenant. Pour qui sait, il faudra s’attendre au contraire des assurances des bonimenteurs.
Yacine K.
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Abdelmadjid Tebboune ne parle plus de logements, de clés à remettre aux petites gens, mais de produits de première nécessité. C’est dire que l’heure est gravissime. La crise est là.