Ambiance, ambiance à l'occasion des élections ! À chaque rendez-vous électoral, en effet, la même chanson qui assourdit les oreilles revient en force par les bouches des hauts responsables et par le biais de leurs canaux que personne ne prend au sérieux, notamment l'ENTV et certains journaux et télévisions privés auxquels, on distribue sans retenue la pub au détriment des autres organes de presse qui veulent garder une certaine impartialité. Cette chanson que nous avons apprise par cœur est la suivante : "les élections prochaines seront propres, transparentes et honnêtes et que la commission de la surveillance du scrutin veillera sur son bon déroulement" et tout un tas de blabla et de salade sans fin.

Tout le monde parle de la fraude, mais personne ne détient la preuve de ce qui se passe et se prépare dans les coulisses, mais cette fois, deux anciens hauts responsables de l'État ont cassé le mur du silence en avouant cette fraude massive à laquelle, ils ont participé.

Le premier, c'est M. Mokdad Sifi, cet ancien chef du gouvernement de la République algérienne qui déclara au quotidien arabophone Echourouk, que les élections prochaines seront comme les précédentes, ni propres ni honnêtes, car cet événement est devenu un fond commerce. Monsieur Sifi a reconnu qu'en 1997, lorsqu'il était candidat du RND aux législatives, les résultats des élections nationales et locales étaient d'une fraude scandaleuse "et ce n'est pas que des paroles en l'air, mais une réalité que j'ai vécue", affirme-t-il. Ce Premier ministre sous la présidence de Liamine Zeroual est allé encore plus loin dans ses révélations en affirmant qu'en 1997, le gouvernement d'Ahmed Ouyahia avec la complicité des services du ministère de l'Intérieur, de l'administration et des walis a préparé les listes des candidats du RND et il les a envoyé à Abdelkader Ben Salah qui était président de ce parti juste pour information en le mettant devant le fait accompli sans pouvoir même donner son avis, car la date de la clôture de dépôt des dossiers était très proche.

M. Mokdad Sifi avoue aussi que le résultat du référendum constitutionnel de 1996 est falsifié. Impossible déclare-t-il d'avoir 85% des voix du peuple si n'était pas par la fraude et c'est ce genre de comportements qui l'ont poussé à démissionner du RND, en 1998.

De son côté M. Bachir Frik, ancien Wali d'Oran et d'Annaba a déclaré à Tsa que c'est le général (Mohamed) Betchine qui a créé le RND juste quatre mois avant les élections de 1997, car il n'avait pas confiance dans l'équipe de FLN de l'époque et que des instructions fermes ont été données aux walis, par le biais du ministère de l’Intérieur, afin que les législatives soient remportées par le RND et tout cela sous le gouvernement d'Ahmed Ouyahia.

Cet ancien wali a même donné des détails sur le déroulement de la fraude avec la complicité des chefs de daïra. Il a révélé qu'ils choisissaient les membres des bureaux de vote parmi les gens acquis à l'administration et ce sont ces derniers qui faisaient le bourrage des urnes et le changement des bulletins de vote par ceux du RND à l'époque.

Après ces graves accusations, M. Ahmed Ouyahia poursuivra-t-il en justice ces deux hauts responsables pour diffamation et atteinte à l'intégrité de l'État ou bien les places qu'ils ont occupées au sommet de la république ne laissent pas planer le moindre doute sur leurs déclarations ?

Nous avons posé cette question parce qu'elle est évidente, sinon, nous n'attendons aucune suite, car les autorités nous ont habitués au silence du tombeau sur tous les scandales révélés par la presse et les déclarations des hauts responsables politiques à l'instar des accusations qu'Amar Saâdani a apportées contre le général Toufik sur les sanglants événements de Ghardaïa, les accusations gravissimes du député Tahar Missoum sur la nationalité de Bahaeddine Tliba, vice-président de l'Assemblée nationale populaire, les détournements de Chakib Kahlil et beaucoup d'autres affaires qui sont restées sans suite.

Que fait a justice ? sommes-nous tentés de nous interroger.

Rachid Mouaci