Entretien avec Hafid Derradji (I) : "Le pouvoir a sacrifié Raouraoua"
C’est avec sa franchise habituelle que Hafid Derradji nous a accordé une entrevue dans laquelle il parle de l’actualité sportive et politique du pays. Sans détour, ni concession, cet enfant d'El Harrach, ancien directeur adjoint de l’ENTV et actuel commentateur vedette de la chaîne sportive Bein Sport, nous dit tout le "bien" qu’il pense du clan présidentiel qu’il aime appeler affectueusement "la Bande".
Malgré son exclusion du champ médiatique audiovisuel algérien, Hafid Derradji continue à dénoncer sur les réseaux sociaux les pratiques mafieuses du pouvoir en place. Dans cet entretien, il revient sur les derniers événements sportifs, la chute d’Issa Hayatou, la déchéance de son ami Mohammed Raouraoua, sur le double plan national et africain. Il revient également sur le "lynchage" dont a été victime le président de la FAF qui a été, selon lui, sacrifié par les autorités algériennes.
Ce commentateur sportif très apprécié par les Algériens nous parle également de ses désillusions, mais aussi de son optimisme, malgré tout, pour l’avenir du pays.
Il dit croire dans la jeunesse algérienne, dans sa fougue, son jugement. Un entretien riche en émotion, franc et plein d’enseignements.
Le Matindz : Issa Hayatou vient de perdre la présidence de la confédération Africaine de football, en faveur du malgache Ahmad Ahmad cela vous surprend-il ?
Hafidh Derradji : C’est un séisme ! Non seulement au niveau africain, mais au niveau mondial, du fait de l’influence qu’a Issa Hayatou même au niveau de la FIFA. Issa Hayatou a passé près de 30 ans à la tête de la Caf, personne n’attendait sa déchéance. C’est vrai qu’il a 70 ans et qu’il est malade. Il n'a pas fait campagne pour cette élection. Je sais aussi que le président de la FIFA, Gianni Infantino, pour l’avoir interviewé récemment, ne voulait plus du vieux septuagénaire. Il a même fait campagne auprès de différentes fédérations africaines pour son rival. Il voulait un changement, et il l’a obtenu. Il ne faut pas non plus ignorer ce qu’a réalisé le Camerounais pour le football africain, il a fait des bonnes et de moins bonnes choses. Mais je crois qu’en football comme en politique, le changement est toujours bon, j’espère qu’Ahmad Ahmad donnera un nouveau souffle à la CAF.
Mohammed Raouraoua a aussi connu la déchéance, il a été battu sèchement par le président de la Féderation marocaine de football (FRMF) Faouzi Lekjâa, par 41 voix contre 7 et a perdu son siège à l’exécutif de la CAF.
Sincèrement, je ne suis pas surpris, je m’attendais même à cela. Raouraoua a été la victime dans cette histoire : celle d’Issa Hayatou d’abord qui a tout fait pour lui nuire. Ensuite celle du pouvoir algérien (Il n’aime pas ce mot pouvoir, il lui préfère le mot Bande, Ndlr) qui l’a lâché et donné en pâture à la presse pour être lynché par la rue. Lorsque vous n’êtes pas soutenu par votre gouvernement, vous êtes sûr de perdre. À cela s’ajoute le lobbying des Marocains, qui ont investi, depuis quelques années non seulement le monde du sport en général (il insiste sur le mot sport et non-football) mais aussi celui des affaires, des finances et de l’économie Je vais vous dire autre chose : j’ai discuté avec Raouraoua la veille de l’élection, et il m’avait dit qu’il allait perdre. Il le savait, tous les voyants étaient au rouge, on ne peut pas gagner lorsqu’on est lynché chez soi surtout après la CAN 2017. On ne peut pas être élu lorsque les autorités du pays vous lâchent.
Ne croyez-vous que les succès de Raouraoua ont été récupérés par le pouvoir algérien. Il paie un peu le fait d’avoir accepté le rôle du fusible, c’était prévisible non ?
Oui bien sûr. Il a été récupéré lorsque les victoires de l’EN faisaient leur bonheur (les membres de la bande). Quand ils ont vu les derniers résultats et la disqualification prématurée de l’Algérie de la Coupe d’Afrique des nations et de la coupe du monde (mathématiquement, il reste encore des chances) ils l’ont utilisé comme fusible. Vous savez, le pouvoir marche à coup de fusibles, des gros même ont sauté. Le général Toufik, des ministres, des ambassadeurs, des cadres ont servi de fusibles, pourquoi pas Raouraoua ? Ce n’est pas tant de partir qui est problématique, mais c’est la manière avec laquelle il a été chassé : on pouvait lui demander de partir sans l’humilier. On peut se débarrasser de quelqu’un sans pour autant le lyncher. C’est vraiment ingrat !
Mais quelque part, il a failli, vous ne pouvez quand même pas le nier monsieur Derradji !
J’avais demandé à Raouraoua, très amicalement, de partir juste après l’épopée brésilienne et la qualification historique en huitième de finale de la coupe du monde de 2014. Il voulait lui aussi partir, et était conscient qu’il serait difficile de rééditer l’exploit, mais des gens très haut placés le lui ont interdit. Il a fait des erreurs, d’autres qu’il aurait pu éviter. Il a probablement mal fait des choses, mais je dis que le bilan de Raouraoua a été, dans l'ensemble, positif.
Vous dites des personnes haut placées lui ont interdit de partir ? Qui sont ces personnes ?
Des personnes très haut placées. Je ne peux pas vous dire plus. Par contre, ce que je peux vous dire, c'est que Raouraoua a non seulement évité à l’Algérie par sa qualification au mondial 2010 le printemps arabe, mais a été l’un des facteurs déclencheurs de la révolte en Égypte contre Moubarak. On aurait pu connaître chez nous des troubles similaires si c’était l’Égypte qui était passée. Mais les gens ont vite oublié cela
Les ennemis du succès, la mafia de l’argent. Il leur restait la Fédération algérienne de football et l’Armée à détruire.
Sur votre page Facebook, vous avez écrit que le football algérien était mort avec le départ de Raouraoua, ce n’est pas un peu diminuer de la valeur de Zetchi, seul candidat à avoir présenté sa candidature à la présidence de la FAF?
Je n’ai pas écrit ça par rapport à Zetchi. Je ne le connais pas personnellement et ne peux donc porter un quelconque jugement sur sa personne. J’ai fait juste un constat, par rapport à la manière dont ce sont fait les choses. Je parle de ces gens qui ont infesté tous les secteurs qui connaissent la réussite, les ennemies du succès, la mafia de l’argent. Il leur restait la Fédération algérienne de football et l’Armée à détruire. Là, ils s’attaquent frontalement à une entreprise qui marche (la FAF). Ça ne leur plaît pas. Il faut qu’ils la cassent. (À suivre)
Entretien réalisé par Hebib Khalil
Lire la 2e partie : Entretien avec Hafid Derradji (II) : "J’ai indirectement reçu des menaces"
Commentaires (1) | Réagir ?
mais vraiment, faut avoir un ballon crevé à la place du cerveau pour parler ainsi de raouraoua et vouloir faire croire que raouraoua a fait du bien au foot algérien,
raouraoua a ruiné le foot algérien pour les 30 années a venir, le nouveau président de la FAF payera les pots cassés et détruira son propre projet paradou, il s'est fait piéger en acceptant ce poste, il faisait du bon travail et il était le seul à avoir initié un projet valable pour le foot parmi tous les responsables des clubs de foot algériens, il aurait mieux fait de rester dans son paradis du paradou et faire ce qu'il faut, c'est le seul président de club de foot qui à réussit quelque chose, pour l'équipe nationale le mal est fait et il est chronique c'est fini, les qualifications de 2010 et 2014 sont l'oeuvre des supporters et pas du tout de raouraoua,
raouraoua a nuit au foot algérien pour faire plaisir à ses maitres (les français) qui ne supportaient plus de voir le drapeau algérien dans les rues françaises à chaque victoire de l'EN algériénne,
les disqualifications des précédentes CAN sont des complots,
la défaite contre l'allemagne en 2014 est un complot pour satisfaire les français,
la disqualification prématurée du mondial russe est un complot et un cadeau pour les français,
fixer pour le mondial 2014, les 8éme de finale comme objectif (déjà atteint en 1982 soit 24 ans auparavant) démontre l'incompétence, le machiavélisme et filouterie de raouraoua,
quand veut parler sport, y a Monsieur benyoucef ouadia, le monsieur débarqué de son poste pour faire place à l'opportunisme et à la gabegie, un monsieur qui maitrise son sujet et qui est sincère,
comment se fait il qu'aucune des 25 chaines de télé du secteur privé algérien n'a eu l'idée ou l'audace de recruter un monsieur de la stature de benyoucef ouadia,