Le FLN et l'Italie : quelle histoire ! (III)

La délégation du FLN aux négociations d'Evian. A sa tête Krim Belkacem.
La délégation du FLN aux négociations d'Evian. A sa tête Krim Belkacem.

De 1958 à 1961, la lutte de libération nationale algérienne avait réussi à faire un saut qualitatif, utilisant le territoire italien comme une réelle plate-forme politique et diplomatique tout en s’engageant, devant les autorités du pays d’accueil, de ne mener aucune action pouvant mettre en danger la population ou les intérêts de l’Etat italien.

Tayeb Boulahrouf et Giorgio La Pira

C’est ainsi que le Comité italien pour la Paix en Algérie organisa, en présence de Tayeb Boulahrouf, le 11/12/1961 au Théâtre dei Satire (Rome) une rencontre-débat animée par le sénateur Maurizio Valenzi, Paolo Vittorelli et Dino Del Bo. Celui-ci fut un militant antifasciste et un proche du Président Gronchi. Quelques jours après, se tenait dans la même salle une conférence de Jean-Paul Sartre intitulée "Démocratie française et le problème algérien", animée par Ferruccio Parri aux côtés d’Alberto Moravia. A Milan et plus précisément à la Maison de culture de la capitale économique, la résistante antifasciste Rosanda Rosanda prit l’initiative d’organiser une journée de sensibilisation publique sur le drame algérien, action qui sera animée par l’écrivain et historien Giovanni Pirelli. Tayeb Boulahrouf apportera son soutien à ces actions et autres durant les longues années de la révolution. Il le fera aussi et surtout sous forme de soutien informationnel.

De son côté, l’ambassade d’Egypte allait organiser une journée commémorative du déclenchement de LAN, mais le ministère des AE italien avait rejeté l’initiative sous la pression française. N’empêche que dans la sphère politique italienne, la LNA a bouleversé la cartographie politique italienne et Boulahrouf devait jouer à fond avec les relations qu’il avait nouées, en compagnie d’autres militants algériens qu’il est nécessaire de nommer aujourd’hui. Comme Nordine Tidafi qui était déjà en Suisse lorsqu’il prit contact avec Boulahrouf.

L’auteur du recueil de poèmes, Le Toujours de la patrie (P. J. Oswald, Tunis, 1962) et dont la préface est de l’autre militant, Henri Cachin-Kréa, était déjà en Suisse lorsqu’il prend contact avec Boulahrouf. Nordine Tidafi est issu d’une famille de lettrés et de juristes musulman de Hadjout (Blida). Son grand-père Hadj Boukhari Tidafi, enseignait l’arabe coranique, avait transformé sa demeure en une réelle zaouïa pour les enfants qui venaient s’abreuver du savoir ancestral. Ancien caïd, ancien instituteur, il fut oukil et conseiller municipal depuis 1893 jusqu’à son décès survenu le 21/09/1942, à l’âge de 74 ans. Le père de Nordine, Touhami fut magistrat à Mostaganem, défendant les intérêts du petit peuple et avait même établi des correspondances avec le général De Gaulle, durant la Résistance antivichyste. Nordine, tout comme son frère Madjid, a eu cette chance inouïe d’êtres encouragé par son père dans la poursuite des études comme seul moyen de promotion sociale dans le cadre de la colonisation. Après des études de droit, il se consacre au journalisme (en Suisse, et en France). Il sera de tous les grands événements du 1er Congrès des Ecrivains et Artistes Noirs, en 1956, des réseaux Jeanson, à la traversée de la "piste Ho Chi Minh" et aux Congrès panafricains et fut, à l’indépendance, un des avocats défendant les intérêts des banques algériennes en Suisse durant les années 1970. Il sera conseillé juridique à la Présidence de la République algérienne et décédera dans l’humilité en 1990.

Une des chevilles ouvrières de ce nous nommerons, "le Groupe Boulahrouf", N. Tidafi sera un des artisans de la participation algérienne dans l’action culturelle internationale durant les années 1958 et 1961, une action qui réunira Jean Amrouche, Henri Cachin-Kréa et Frantz Fanon. Le 1er Congrès des écrivains et artistes noirs de Paris qui se tint à la Sorbonne, du 19 au 22/09/1956 où Fanon intervient à travers une conférence sous le titre "Racisme et culture". A Paris, Fanon avait été chargé par Boussouf et Krim Belkacem d’entrer en contact avec des personnalités africaines pour le soutien au combat national. De même pour le 2e Congrès des cultures africaines qui se tient à Rome, du 26 mars au 1er avril 1959.

Mais c’est bien le cas Giorgio La Pira (GLP) qui retient notre attention, du fait que cette personnalité politique italienne soit mal connue en Algérie. Né à Pozzallo en Sicile, en 1904, GLP entame après le bac des études de Droit et de jurisprudence. En 1925, il s’engage spirituellement après avoir été un anticlérical notoire, dans l’ordre des Dominicains. Il quittera alors la Sicile natale pour l’université de Florence où il est diplômé en Droit romain dès juillet 1926. En 1936, il décide de demeurer dans le couvant dominicain de San Marco, tout en restant sur ses positions laïques. GLP est connu pour être un fervent adversaire du fascisme dès 1928, et entre 1939 – 1940, il participe aux réunions clandestines des antifascistes à Milan avec notamment, Giuseppe Dossetti, un partisan communiste, Giuseppe Lazzati (qui sera dès 1968, recteur de l’université catholique de Milan) et Amintore Fanfani, historien, économiste et plusieurs fois Président du conseil italien. En 1939, GLP fonde à Florence, la revue antifasciste Principi (Les Principes) et qui défendra la liberté individuelle et la valeur de la personne humaine. A l’hiver 1942, il écrira sur le thème de la valeur humaine : "L’Homme n’est pas fait pour l’Etat, mais l’Etat est une construction juridique, ayant des fondements naturels, faite au service de l’Homme". Tout comme il écrira dans le dernier numéro censuré de sa revue militante, que "si je suis vraiment un être humain, je ne peux pas être solidaire de systèmes politiques qui nient la valeur de la personne humaine". A la chute de Mussolini, GLP aura l’occasion de défendre ses convictions et à mettre sur pied sa nouvelle architecture de l’Etat italien qui se résume à travers sa devise qui stipule, non pas l’homme et la société qui sont au service de l’Etat, mais bien ce dernier et la société qui sont au service de l’Homme.

En 1939, GLP fonde à Florence, la revue antifasciste et antiraciste, Principi (Les Principes) et qui défendra la liberté individuelle et la valeur de la personne humaine. A l’hiver 1942, il écrira sur le thème de la valeur humaine "L’Homme n’est pas fait pour l’Etat, mais l’Etat est une construction juridique, ayant des fondements naturels, faite au service de l’Homme". Tout comme il écrira dans le dernier numéro censuré de sa revue militante, que «Si je suis vraiment un être humain, je ne peux pas être solidaire de système politique qui nient la valeur de la personne humaine». à la chute de Mussolini, GLP aura l’occasion de défendre ses convictions et à mettre sur pied sa nouvelle architecture de l’Etat italien qui se résume à travers sa devise qui stipule, non pas l’homme et la société qui sont au service de l’Etat, mais bien ce dernier et la société qui sont au service de l’Homme.

Mais GLP, qui affirmait, depuis l'été 1945, que le monde a réellement changé et que la guerre nucléaire n'a rien d'une guerre "classique", mais celle de la fin de l'histoire et de l'humanité qui se devait de remettre au service de son action politique sa philosophie de la "théologie de l'histoire".

"Nous avançons désormais entre deux frontières, deux extrêmes: d'un côté, la frontière de la destruction du genre humain; de l'autre, celle de la paix" (6).

Il était bien conscient des grands défis internationaux qui attendaient la seconde moitié du XXe siècle. Et c'est là,qu'il projettera de mettre sur rails son idée "programmatique" d'"abattre les murs, de construire des ponts entre les peuples", en 1949 jusqu'à son décès en 1977. De même, qu'il était convaincu que la ville de Florence pouvait jouer un rôle historique afin de rassemble les hommes de bonne volonté, puisqu'elle l'a fait en 1439 et réussir à réunir(pour un temps, certes) catholiques et orthodoxes). Florence et son "saint-maire", comme on le dénommait, allaient être mis dans le coeur de la géopolitique méditerranéenne. L'agression tripartite contre l'Egypte en 1956, la question palestinienne et les indépendances des pays du Maghreb sont autant de questions que La Pira estimait que seul un dialogue pouvait rapprocher les uns avec les autres et dissiper les malentendus.

A travers cette idée, GLP entretenait un réseau dense de contacts jusqu'à ce qu'en 1958, il lance l'idée des Colloques de la Méditerranée, autour du dialogue entre les trois familles religieuses (juifs, chrétiens et musulmans) qu'il considère comme une contribution fondamentale à la paix mondiale. Contribution qu'il élargira par la suite à l'Afrique sub-saharienne qui se libérera petit à petit, à partir des années 1960. Quatre colloques sont organisés et un cinquième prévu pour 1965, mais le changement survenu à la tête de la mairie de Florence, mettra fin à cette initiative humaniste.

Les quatre premières rencontres se déroulèrent sous les hospices du Prince héritier du Maroc, futur roi Hassan II, avec comme membres des différentes éditions, le philosophe Martin Buber, Taha Hussein, Jean Amrouche et le président sénégalais Senghor.

Genèse et réactions autour du 1er Colloque méditerranéen

Depuis 1950, les pays du Maghreb sont sous domination internationale de puissances qui voyaient dans cette region une géographie d’hégémonisme face à l’Union Soviétique et à la Chine populaire qui s’est installée en Méditerranée avec sa base de sous-marins de Vlore, en Albanie. La France au Maroc, en Algérie et en Tunisie, l’Espagne eu Maroc, l’Angleterre et les USA, en Libye font de la Mare Nostrum, un lac bien fragile de la paix mondiale, et GLP le savait bien, avec l’émergence du "néo-Atlantisme" chez les décideurs politique italiens, Amintore Fanfani en tête.

Mais le Maghreb est aussi un terrain de rencontres des cultures et civilisations occidentales et orientales, La Pira se mit en œuvre afin de lancer une première rencontre entre les protagonistes du "conflit algérien". En septembre 1958, le GPRA est proclamé au Caire, GLP était à Paris recevant l’appui de De Gaulle pour sa "noble initiative afin de favoriser la stabilité dans la région Méditerranée". Le généralissime français, en fin politique, ne perdait pas de vue que la rencontre de Florence pourrait être une occasion de prise de contact avec les responsables de la "rébellion algérienne" en terre neutre. C’est Jean Lacouture, membre du Comité de rédaction de la revue Etudes Méditerranéennes (EM), (7) qui témoignera plus tard que De Gaulle en dépêchant à Rome le ministre du Travail et des transports, Robert Buron, un invité à ce 1er Congrès, cherchait une occasion de prise de contact politique direct et sans toucher à la sensibilité des ultras de la colonisation.

La réaction ne s’est pas faite attendre, puisque l’ambassadeur de France, Palewski, informa le Quai d’Orsay sur la présence d’un ministre du gouvernement face à une délégation de rebelles. Pour lui, le Colloque en question n’avait d’autres objectifs que "servir les objectifs immédiats de la politique arabe du gouvernement Fanfani", Robert Buron et Roland Pré, présents à Rome, ont été bel et bien invités par La Pira afin de participer à la rencontre de Florence. Et c’est le chargé d’affaires de l’Ambassade de France, Arnaud Walper, qui entre en jeu avec une correspondance bien particulière à l’adresse de La Pira et dans laquelle il précise, que la présence de membres du Gouvernement de Paris ne peut avoir lieu si des Algériens, affilés au FLN, seront présents.

Robert Buron subit les pressions du Quai d’Orsay qui lui demandait de préciser la position du Gouvernement à l’encontre de l’initiative du maire de Florence. Il lui écrit, en date du 26/11/1958, qu’il devenait "impossible à un quelconque membre du gouvernement français de participer à une initiative qui inviterait officiellement une organisation se prétendant un Gouvernement, que votre pays n’a d’ailleurs pas reconnu, et qui accepte la responsabilité de faits de guerre et de terrorisme contre le mien". (8).

Rassuré avec sagesse par un militant politique humaniste, le ministre français finit par accepter l’invitation de GLP, pour le 1er octobre 1958, à deux jours de l’ouverture du Colloque.

Préoccupé par cette agitation française, GLP désignera le groupe d’organisation du Colloque autour de la revue EM, notamment Pierre Corval et Joe Golan, des catholiques progressistes favorables à l’autodétermination des peuples africains, avec la participation militante du Tunisien Bachir Ben-Yehmad et du Marocain, Mahdi Ben- Barka, alors président de l’Assemblée marocain.

Le Congrès s’ouvre dans l’après-midi du 3/10/1958, pour une durée de trois jours, jusqu’au 6/10/1958. Le premier jour de l’inauguration a vu la présence de la délégation italienne représentée par le Président de la République Gronchi, le Président du Conseil et ministre des Affaires étrangères, A. Fanfani, le sous-secrétaire aux Affaires étrangères, Alberto Folchi, le Directeur général des affaires politiques à la Présidence du Conseil, Carlo Alberto Stranco et l’ancien président du Conseil, Adono Zoli.

Côté organisateurs, il y avait en plus de la rédaction de la revue EM, d’éminents spécialistes du monde oriental, à savoir, Jacques Berque, Charles-André Julien, Louis Massignon du Collège de France, le sénateur Edgar Pisani, Jean Rous, Pierre Corval et le Père jésuite Jean Daniélou. Jean Amrouche était assi entre les représentations des organisateurs, sous l’identité française et dont la mission est de soutenir la question nationale parmi le monde intellectuel français.

La délégation française est composée dans sa totalité entre les 04 et 05/10 du Consul général à Florence, Jean Félix Charvet, du ministre Robert Buron et du gouverneur de l’office minier de la France d’outre-mer, Roland Pré.

La délégation algérienne a pour sa part, dépêchée MM. Boualem Oussedik, Mohamed Cherif- Sahli, Abdelkader Chanderli et Ahmed Boumendjel. Il y a lieu de noter, que Ferhat Abbas, Président du GPRA devait participer au colloque, mais il fut bloqué à l’aéroport de Ciampino (Rome) en provenance du Caire. De même que l’on évoque la présence de TB et de Frantz Fanon sous le nom d’"Omar".

L’incident…

Le 4/10/1958, le Prince héritier du royaume du Maroc Moulay Hassan fut désigné comme président d’honneur du colloque. En prenant la parole, il s’indignât du fait que la délégation Algérienne ne soit pas invitée dès la journée inaugurale d’ouverture du colloque. Au même moment, arrive en salle, Ahmed Boumendjel et la délégation algérienne qui, à sa vue, les représentants français et "israéliens" quittèrent la grande salle du Palazzio Vecchio (Mairie de Florence).

Le père Daniélou et pour ne pas abandonner les travaux du colloque, décline sa prise de parole selon le programme officiel. Le député communiste italien et Vice-Président du Conseil mondial pour la Paix, Velio Spano, pris la parole pour demander, comme le réclame l’opposition, au Gouvernement italien la reconnaissance du droit du peuple algérien à l’indépendance, ce à quoi faisaient allusion les interventions de Ben Barka et Charles-André Julien. Le dernier à intervenir fut Ahmed Boumendjel qui soutiendra le caractère inéluctable de la reconnaissance à l’indépendance de l’Algérie. Son intervention sera reprise par le quotidien communiste L’Unita du 06/10/1958.

En guise de conclusion, l’Italie et la lutte armée nationale algérienne ne pouvaient que réunir les conditions de la réussite d’un combat social et de classes dans les conditions de la colonisation en tant que contradiction fondamentale de l’époque. Dans ce contexte, la mafia avait choisie son camps : celui des groupes fascistes italien et des manipulations des Services secrets de la colonisation française.

A travers la relation politique que la LNA avait tissée dans les sphères de l’Etat et au cœur de la société italienne, les militants algériens avaient-ils réellement mené une quelconque action violente pour se faire entendre ?

Nullement, ceux qui se sont engagés (hommes, femmes, vieillards et enfants) dans un cadre mobilisateur massif autour de la question nationale et coloniale, ne pouvaient trahir l’espoir d’un rêve populaire et ceux des sacrifices de plus de deux millions de martyrs.

Dr. Mohamed-Karim Assouane,

Maitre de conférences. Université d’Alger-2.

La première partie : Le FLN et la mafia italienne : quelle histoire ! (I)

La deuxième partie : Le FLN et la mafia italienne : quelle histoire ! (II)

Notes

1 - Yves Godard, Les Paras dans la ville, Paris, Fayard, 1972. P.390.

2 - Ali Haroun, La 7e Wilaya, Alger, Rahma édition, 1992. P.16.

3 - Les propos ont étés recueillis auprès d’un Ancien officier du Service des Transmissions du MALG. Ancien des Transmissions des AE sous le ministre Bouteflika et qui finit par être le responsable des Trans de l’Ambassade d’Algérie à Dacca (Bengladesh) durant les années 1980.

4 - Le rapport de l'inspecteur du MPF René HUMBERT, 15.8.1959, AF E 2001 (E) 1976/17, vol. 49. Les séjours de F. Abbas en Suisse provoquent de nombreuses interventions des diplomates français.

5 - Idem.

6 - G. La Pira, Il sentiero di Isaia. Scritti e discurso, 1965-1977, (En italien) préfacé par Mikael Gorbatchev, Cultura Nuova Editeur, 3e édition, 1996.

7 - Jean Lacouture, De Gaulle 2. Le politique, 1944-1959, Paris, Seuil, 1985. Pp. 613-614. Cité par Bruna Bagnato L’Italia e la guerra d’Algeria (1954-1962), Soveria Mannelli, Rubettino, 2012, 799 p.

8 - Lettre personnelle de Buron a La Pira. Cité Bruna Bagnato L’Italia e la guerra d’Algeria (1954-1962) Soveria Mannelli, Rubettino, 2012, 799 p.

Sources

BAGNATO. Bruna, L’Italia e la guerra d’Algeria (1954-1962), Soveria Mannelli, Rubettino, 2012, 799 p.

BAGNATO. Bruna, «La Pira, De Gaulle e il primo Colloquio mediterraneo di Firenze», in Giorgio La Pirae la Francia. Tem e percorsi di ricerca. Da Maritain a De Gaulle, (en italien, sous la Direction de Pier Luigi Ballini), Firenze, 2005, pp. 99-134.

DJERBAL. Daho, L’Organisation Spéciale de la Fédération de France du FLN. Histoire de la lutte armée en France (1956-1962), Alger, Chihab éditions, 2012.

TEGUIA. Mohamed, L’Algérie en guerre, Alger, OPU, 1990.

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msilaDSP DSP

MERCI

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msilaDSP DSP

merci

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