Ali Benflis : "Le régime politique en place est lui-même au cœur de toutes ces crises"
Extraits de l'intervention de Ali Benflis, Président de Talaïe El Hourriyet, à l’occasion de la rencontre organisée par le Bureau Territorial du Parti à Bejaia.
Bejaia nous a toujours ouvert grand son cœur et nous a toujours entouré de cette sollicitude dont elle seule a le secret. Mais nos mots ne seront jamais forts pour la remercier et nos cœurs ne sont pas assez grands pour contenir toute la gratitude que nous lui devons. Cette terre bénie sait donner à l’hospitalité et à la générosité leur sens le plus élevé.
Oui lorsque vous comprenez Bejaia et qu’elle vous comprend, elle vous ouvre grand son cœur et vous pouvez y lire les plus belles pages de l’Histoire nationale. Bejaia, c’est l’authenticité et c’est le rayonnement. En plus de deux mille ans d’Histoire, elle a tant donné à l’Algérie sans jamais compter et son nom à lui seul se comprend partout comme celui d’un bastion de la construction de la Nation algérienne éternelle.
Oui, Bejaia c’est l’authenticité et c’est le rayonnement. L’authenticité des valeurs d’ouverture, de tolérance, de liberté, de justice et de solidarité qui trouvent à Bejaia leur enracinement le plus ferme et le plus profond. Et le rayonnement, car Bejaia c’est aussi la diffusion de la connaissance et du savoir ainsi que l’apport aux sciences, à la culture et aux arts. Quel qu’ait été le nom sous lequel elle a été connue à travers les âges, Asselden, Saldae, Al naciriya, Bougie, Bejaia ou Bgayte, la ville de Yemma Gouraya et de ses 99 Walis a marqué l’Histoire de l’Algérie, du Maghreb et de la Méditerranée occidentale.
Son rayonnement politique et militaire n’a eu d’égal que son rayonnement dans l’acquisition et dans la diffusion du savoir et de la connaissance. Sa réputation de terre de résistance de femmes et d’hommes libres vient de très loin, de Takfarinas à Abderrahmane Mira. Bejaia n’a pas eu que six noms. Elle a eu aussi des surnoms parmi les plus élogieux.
Pour la Rome augustinienne, elle a été la «Perle de l’Afrique».
Pour les Beni Hammad, elle a été Madinat Ettarikh» qui rivalisait avec Cordoue, Séville et Grenade et offrait un havre de grande renommée à tous ces savants que la Cadi El Gobrini appelait «les Princes de la science».
Et pour Ibn El Arabi et Ibn Kheldoun, elle était «la petite Mecque», tant était grand son rayonnement spirituel et religieux. Ces surnoms suffisent à eux seuls pour souligner l’empreinte indélébile laissée par Bejaia dans l’Histoire de notre Nation et dans celle de toute la région.
Et si vous voulez parler à Bejaia du sens élevé de la résistance nationale, il y a des noms qui claquent comme claque au vent la bannière de la liberté : Icheriden, Kherrata, Ifri, et Ouzelleguen. Et il y a les hauts faits d’armes dont les monts des Babors , les Portes de Fer et la vallée de la Soummam répercutent l’écho, ceux des exploits du Chérif Boubaghla, de Cheikh Ahaddad, de Cheikh El Mokrani, de Lalla Fatma N’Soumer de Abderrahmane Mira, de Ali Touati, de Ahmed Mansouri, de Amar Maouche, de Ahmed Benabid, de Mohamed Amokrane Behnous, de Malika Gaid et de Hnifa Allik et de tant d’autres héros parmi les plus grands tombés dans la gloire et dans l’honneur pour que se relève et revienne à la vie l’Algérie de toujours.
Il n’y a pas une phase de la construction de notre Nation que Bejaia ait manquée. Il n’y a pas une résistance que notre peuple ait livrée sans Bejaia à son avant-garde. Et il n’y a pas de mouvements d’idées dans notre pays sans Bejaia comme l’un de ses pôles lumineux.
C’est cette Bejaia là que nous aimons ; c’est cette Bejaia là que nous respectons ; et c’est cette Bejaia là qui nous donne l’assurance de compter sur elle pour aller de l’avant.
J’ai toujours su, personnellement, que je pouvais compter sur Bejaia, et l’image, la plus impérissable que je garde dans ma mémoire est celle du souffle puissant qu’elle a donné à ma campagne lors des dernières présidentielles. La cause politique que je défendais, et que je défends toujours a trouvé ici un écho puissant comme elle l’a trouvé à travers tout le pays.
J’étais, alors, venu vous décrire l’Algérie dont je rêvais et nous nous sommes aperçus que nous partagions le même rêve. J’étais venu alors vous parler de l’Algérie qui souffre du sort malheureux qui lui a été réservé et nous nous sommes aperçus que nous souffrions ensemble et tout autant pour elle. J’étais venu, alors, tenter de vous convaincre que le pays avait un besoin vital de changement et de renouveau et nous nous sommes aperçus que nous partagions au plus profond de nous-mêmes la même conviction ; la conviction que l’Algérie n’est pas condamnée à l’inertie et à la stagnation ; la conviction que l’Algérie inerte et stagnante n’a plus de projet national, n’a plus d’ambition et n’a plus d’horizon ; et la conviction que l’Algérie que nous voulons et l’Algérie que nous pouvons bâtir ensemble est l’Algérie qui avance, l’Algérie qui gagne et l’Algérie qui ne s’interdit aucun espoir de progrès, de prospérité et de grandeur.
Il est toujours difficile de parler de politique devant les Bougiotes car, cela est connu partout, ils comptent parmi les plus politisés de nos compatriotes ; il est toujours difficile aussi d’entrer dans un débat d’idées avec les Bougiotes car se sont de grands agitateurs d’idées et l’université de Bejaia en est la meilleure preuve, elle qui abrite régulièrement les plus riches et les plus innovants de ces débats d’idées ; et il est, enfin, toujours difficile de se livrer à des diagnostics politiques ou à proposer des médications politiques sans risquer d’apparaitre aux yeux des Bougiotes comme enfonçant des portes ouvertes.
Mais je vais néanmoins tenter de vous parler de politique en prenant le risque de ne rien vous apprendre que vous ne connaissiez déjà car je sais que rien n’échappe à votre attention ni à votre vigilance dès lors qu’il s’agit du présent et de l’avenir de notre pays.
Dans ce contexte, permettez-moi, Mesdames et Messieurs, de rappeler certaines évidences bien attristantes.
La première de ces évidences est que notre pays a connu dans son passé des crises politiques, économiques ou sociales. Mais jamais il n’a été confronté à une concomitance de toutes ces crises comme il l’est aujourd’hui. C’est la concomitance de ces crises qui fait l’exceptionnelle gravité de la situation actuelle dans la mesure où chaque crise amplifie les autres et où les effets de chaque crise s’ajoutent à ceux des autres.
La deuxième évidence est que lorsque notre pays a eu, par le passé, à faire face à une crise politique, économique et sociale, il y avait en place un Etat, des institutions et des autorités assumant leurs missions nationales et rassurant nos concitoyennes et nos concitoyens quant à leur capacité de mettre le pays en position de riposter à ces crises et de les surmonter. Ce n’est manifestement pas le cas aujourd’hui. Chacune et chacun d’entre vous peut constater que l’existence d’une crise politique est niée, que la crise économique demeure sans même un début de prise en charge sérieuse et de traitement effectif et la crise sociale nous renvoie l’image de gouvernants désorientés, désemparés et saisis de panique et de désarroi devant ses risques imprévisibles.
La troisième évidence est que, par temps ordinaire comme par temps tourmenté, notre pays attend de ses gouvernants une gouvernance effective, une gouvernance performante, une gouvernance visible, une gouvernance audible et une gouvernance compréhensible. Mais la réalité affligeante est que par ces temps de grande crise, on ne voit qu’un Etat affaibli et rendu vulnérable par l’impasse politique totale dont nous sommes témoins. On ne voit que des institutions en déficit de crédibilité et de confiance. Et on ne voit que des gouvernants dans l’incapacité d’indiquer au pays un chemin et de l’éclairer par un projet politique dans lequel chaque algérienne et chaque algérien se sentirait partie prenante ; un projet politique dont chaque algérienne et chaque algérien serait convaincu qu’il porte leurs aspirations et leurs espoirs ; un projet politique qui donnerait à chaque algérienne et à chaque algérien l’envie de le défendre, de consentir les sacrifices qu’il exige et d’en payer le prix quel qu’il soit.
A quoi sert, le rappel de ces évidences ? Il sert, d’abord, à faire le bilan d’un parcours ; il sert aussi à mesurer l’écart des promesses et ce qu’il en est advenu ; il permet, enfin, de savoir où nous en sommes pour savoir où aller.
L’on nous avait promis le respect des libertés et des droits mais les libertés et les droits restent encore très peu respectés.
L’on nous avait promis la réhabilitation de la citoyenneté pleine et entière mais cette citoyenneté pleine et entière demeure le privilège d’une minorité écrasante alors que la majorité écrasée en est démunie. Dans l’Algérie du XXI ème siècle il y a toujours une citoyenneté absolue et une citoyenneté relative, une infra- citoyenneté et une supra- citoyenneté, une citoyenneté limitée et une citoyenneté sans limites.
L’on nous avait promis la démocratie et l’Etat de droit mais dans l’Algérie d’aujourd’hui c’est toujours le règne du pouvoir personnel de l’ordre autoritaire et de l’Etat de non droit.
L’on nous avait promis une économie émergente rivalisant avec les autres économies émergentes dans le monde, mais c’est une économie nationale en ruine que nous avons sous nos yeux après dix huit longues années et 800 milliards livrés à un gaspillage, à une gabegie et à une prédation comme notre pays n’en a jamais connu. Le décollage économique et social du pays a manqué une occasion en or qui ne se reproduira pas et qui ne sera rattrapée, plus tard, qu’au prix fort.
L’on nous avait promis une société apaisée, juste, solidaire et fraternelle. Mais jamais la société algérienne n’a subi de chocs comme ceux qu’elle a subis et qu’elle continue à subir : le choc de la dévalorisation du travail et de l’effort, le choc de la course à l’argent facile, le choc des égoïsmes, le choc du repli sur soi, le choc de la corruption, le choc du népotisme et le choc du régionalisme dans son image la plus archaïque et la plus révoltante.
Voilà comment en cette seconde décennie du XXI ème siècle qui s’achève, après quatre mandats successifs voulus par le régime politique en place et après avoir disposé en 10 ans de ressources financières plus de trois fois supérieures à celles accumulées depuis l’indépendance du pays , l’Algérie se retrouve dans une impasse politique totale, face a une crise économique exceptionnellement grave et face à une crise sociale aux conséquences difficilement prévisibles.
Le régime politique en place n’aime pas du tout que l’on parle d’impasse politique totale. Ceux qui osent en parler sont considérés par lui, aux mieux comme des nihilistes et des négationnistes et, au pire, comme des relais de mains étrangères. Pour le régime politique en place l’Algérie va bien et même très bien. Pour lui l’Algérie est dans une situation normale, tout à fait normale. Et pour lui, il n’y a rien de préoccupant ou d’inquiétant à propos du présent et de l’avenir du pays. Le régime politique en place est dans le déni des réalités ; il est dans la diversion ; il est dans la fuite en avant.
L’Algérie que le discours politique officiel nous décrit n’est pas l’Algérie que nous avons sous nos yeux. L’Algérie que le régime politique en place nous présente, n’est pas l’Algérie où nous vivons. Et l’Algérie que nos gouvernants nous dépeignent comme la terre de réalisations miraculeuses n’est pas l’Algérie qui stagne quand elle ne recule pas ; l’Algérie qui se fait distancer par les autres Nations du monde en suscitant tantôt leurs sarcasmes et tantôt leur apitoiement ; l’Algérie qui manque les occasions les unes après les autres ; et l’Algérie qui souffre et nous amène à souffrir avec elle.
Vous gens de Bejaia comme vos sœurs et vos frères partout dans notre pays, voyez, savez et ressentez que l’Algérie est dans une impasse politique totale globale.
Comment pourrait-il en être autrement ?
Aucune institution élue frauduleusement n’a l’indispensable légitimité populaire. Aucune institution élue frauduleusement n’a le caractère représentatif qu’elle devrait avoir. Aucune institution élue frauduleusement n’a la crédibilité nécessaire pour exercer son autorité de manière irrécusable. Aucune institution élue frauduleusement ne bénéficie de la confiance citoyenne sans laquelle il ne peut y avoir de rassemblement ou de mobilisation des capacités et des ressources nationales.
Un Etat de droit fort et respecté ne peut se bâtir avec des institutions qui se distinguent par un tel manque de légitimité, de représentativité, de crédibilité et de confiance.
Oui, notre Etat national, le bien le plus précieux de notre communauté nationale, a été mis dans un état de faiblesse et de vulnérabilité par le régime politique en place. Ce régime n’assure pas au pays la gouvernance dynamique, innovante et performante dont il a besoin et qu’il mérite. Ce régime n’ouvre pas des voies mais conduit à des impasses. Il n’a pas un projet national mais un projet de survie.
Comment parler sérieusement d’un pays gouverné comme il se doit lorsque le Conseil des Ministres ne se réunis plus que quatre fois par an en moyenne ? Comment parler sérieusement d’un pays gouverné comme il se doit lorsque pas moins d’une quinzaine de mesures ou de décisions gouvernementales ont été annoncées puis annulées ou gelées en l’espace de trois mois ? Comment parler sérieusement d’un pays gouverné lorsque le Parlement n’adopte qu’une cinquantaine de lois durant toute une mandature, c'est-à-dire en cinq ans, battant ainsi un record mondial en matière de non rentabilité législative ? Comment parler sérieusement d’un pays gouverné comme il se doit lorsque l’administration publique est livrée à elle-même sans personne pour l’orienter, pour la guider et pour l’instruire ?
Que ceux qui doutent encore de l’existence de cette impasse politique viennent à Bejaia pour contester sa réalité par eux-mêmes.
Il y a deux mois, Bejaia la paisible, Bejaia la laborieuse et Bejaia qui édifie et construit a été victime d’une vague de violence.
Dans tous les pays du monde, la réaction des autorités politiques aurait été immédiate, décisive et à la mesure de la gravité de la situation.
Mais que s’est-il passé chez nous ? Bejaia est restée livrée à elle-même ; c’est seule qu’elle a fait face à l’épreuve ; c’est seule qu’elle a pansé ses blessures ; et c’est seule qu’elle s’est relevée pour reprendre le cours de sa vie.
La solidarité de l’Etat lui a-t-elle été témoignée? Un premier Ministre est-il venu s’inquiéter de son sort et la rassurer ? Un Ministre est-il venu pour prendre les mesures qui s’imposaient ?
Non, il n’y a rien eu de tout cela. Nos gouvernants s’en sont tenus à leur vieille culture politique, à leur vieille mentalité politique et à leurs vieux reflexes politiques.
Comme d’habitude, certains se sont empressés de voir dans l’épreuve tragique de Bejaia des mains étrangères aidées de mains intérieures. D’autres, versant dans la surenchère, ont cru avoir identifié des sources d’un prétendu complot international dans certaines capitales européennes et même en Israël.
Voilà l’image la plus expressive de l’impasse politique, de l’absence de gouvernance sérieuse, et de l’Etat que ceux qui sont censés le servir sont les premiers à le discréditer non seulement aux yeux de Bejaia la meurtrie mais aux yeux de l’Algérie toute entière.
Mesdames et Messieurs,
Le système politique national est en état de crise avéré. C’est ce que j’appelle personnellement la crise mère, c'est-à-dire la mère de toutes les autres crises auxquelles notre pays est confronté. C’est de cette crise mère que découle l’impasse politique que je viens de décrire à grands traits. Et c’est de cette même crise mère que découlent la crise économique et la crise sociale dont l’impasse politique amplifie les chocs et rend plus difficiles leur prise en charge et leur traitement.
Lorsque l’argent coulait à flots, les problèmes ne faisaient pas peur au régime politique en place car il pensait que tout s’achète et tout se vend. Alors il lui suffisait de payer pour le règlement des problèmes. Il achetait les consciences ; il achetait des clientèles ; il achetait la paix sociale ; il noyait le moindre trouble, le moindre mécontentement et la moindre protestation sous un flot d’argent. En somme, il achetait sa tranquillité et sa durée et peu lui importait le prix.
Aujourd’hui l’argent ne coule plus à flots et la crise politique, la crise économique et la crise sociale assaillent le pays de toute part. Mais le régime politique en place n’est plus en mesure de payer pour le règlement des problèmes.
Dès lors, le régime politique en place a retrouvé sa nature ; il a retrouvé ses vieux réflexes ; et il a renoué avec sa vieille mentalité politique et sa vieille culture politique.
La nature de ce régime politique en place, ses vieux réflexes, sa vieille mentalité politique et sa vieille culture politique ont un nom : la répression.
L’escalade répressive dont nous sommes tous témoins actuellement ne s’explique pas autrement. C’est un régime politique dos au mur, c’est un régime politique en état de désarroi et c’est un régime politique désemparé qui donne libre cours aux dérives répressives. Il doute de tout ; il voit des complots partout ; il se sent cerné par des ennemis intérieurs et extérieurs de tous les côtés ; la moindre critique et la moindre divergence sèment la panique dans ses rangs.
Et c’est ainsi que les limites de l’absurde sont atteintes.
Comment la liberté d’opinion et la liberté d’expression peuvent-elles être foulées aux pieds au point d’interdire une conférence littéraire de l’écrivain Larbi Ahyoum en Janvier dernier ?
Comment peut-on penser au XXI ème siècle qu’il est encore possible d’interdire une conférence académique comme cela a été le cas avec le docteur Younès Akli à Aokas au début de ce mois de Mars ?
Un régime politique en pleine confiance et sûr de lui-même ne se serait pas permis de telles mesures choquantes et inadmissibles.
Ce régime politique n’apprend rien des leçons du passé. Il commet les mêmes fautes et répète les mêmes erreurs qui ont tant coûté à notre Nation.
Mais nos hommes de lettres et nos académiciens ne sont pas les seuls dans cette tourmente répressive qui s’abat actuellement sur notre pays.
Il y a les syndicalistes qui se battent pour le pluralisme syndical et qui sont harcelés, réprimés et marginalisés ou exclus. Je les salue fraternellement de Bejaia et je leur exprime toute notre solidarité et notre soutien car je crois comme eux que le pluralisme pour lequel ils se battent n’est pas une menace pour le pays, mais bien au contraire, une source d’enrichissement pour la modernisation politique, économique et sociale de notre pays. Le pluralisme sous toutes ses formes n’est pas une menace, c’est un apaisement ; ce n’est pas un appauvrissement mais un enrichissement ; ce n’est pas une faiblesse mais une force. C’est par le pluralisme que se forment la véritable cohésion et la véritable harmonie des sociétés qui innovent, qui créent et qui vont de l’avant.
Il y a aussi les défenseurs des droits de l’Homme qui sont eux aussi dans la ligne de mire du régime politique en place et ne sont pas épargnés par les dérives répressives en cours. De Bejaia, je leur exprime notre appui et je leur dis que leur cause est partie intégrante de la nôtre car les droits de l’Homme sont le premier pilier de la modernisation politique à laquelle notre pays aspire et qu’il attend toujours malgré la longueur de l’attente.
Il y a également les médias indépendants mis sous haute surveillance et sur lesquels s’accentuent les pressions, les intimidations et les menaces. Ceux qui se battent pour la liberté d’expression, la liberté de la presse et le droit à l’information sont aussi des combattants de la liberté. Dans ce combat si juste et si légitime, ils se sont acquittés et s’acquittent toujours d’un lourd tribut qui mérite notre admiration et notre hommage.
Il y a enfin l’élite de la Nation pour aujourd’hui et pour demain, ces professeurs, ces médecins, ces étudiants qui se battent pour leur droit et pour la réhabilitation de l’université algérienne dont ils ne supportent plus la dégradation et l’affaissement.
Un régime politique qui tolère que soient malmenées ou violentées les élites de la Nation ne peut pas être un régime politique agissant pour le bien commun. Il ne peut pas être un régime politique pour lequel la citoyenneté compte ; et il ne peut pas être un régime politique auquel les droits et les libertés des algériennes et des algériens importent.
Mesdames et Messieurs,
Je viens dire il y a un instant, que le régime politique en place a pris l’habitude de croire que tout s’achète et tout se vend. Mais le règlement de la crise politique, de la crise économique et de la crise sociale n’est pas un produit vendable ou achetable. Le régime politique en place ne peut pas espérer que le traitement de ces crises lui soit livrés clefs en mains.
Le régime politique en place est lui-même au cœur de toutes ces crises et il doit nécessairement changer. Ce changement devra être ordonné, consensuel, graduel et apaisé. Et ce changement est dans la modernisation politique, dans la rénovation économique et dans la réforme sociale. Il n’est pas ailleurs, nulle part ailleurs.
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danke schoon
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