Le huit mars, ma journée, dis-tu ?
Non, merci, je te l'offre et je te la donne. Je ne suis pas sur cette terre pour demander l'aumône, je ne suis pas ta bonne et je suis loin d'être une conne. Dorénavant, je m'explose, je m'impose et je lutterai sans répit pour ma cause. Je te fais fi, je ne ferai plus ce qui te plaît, je ne cacherai plus mes plaies. Je ne serai plus un morceau dans ton lit. Je brise toutes les chaînes qui me lient les pieds et les mains. Je ne demanderai plus jamais ta pitié. Ton injustice sur les toits je vais la crier. Et des trois cent soixante-cinq jours de l'année, je ferai mes journées.
Je t'ai offert tout ce que j'ai de plus cher: Mon entêté, ma liberté, j'ai effacé mon nom devant le tien, j'ai chéri les tiens, j'ai renié les miens, j'étais tout le temps ton soutien et je suis devenue ton bien. Je me suis soumise à tes lois et l'interprétation de ta foi. J'ai tout fait, mais tu n'es jamais satisfait. Tu veux me biffer, m'étouffer et me camoufler. Cette fois, j'ai fait un constat et je te dis: basta ! Tu n'es pas l'alpha et l'oméga. Tu ne me feras jamais avancer d'un iota qui que tu sois, que tu adores la pietà ou que tu respectes Fatima-Zohra. À présent, je sais que tu ne m'apprécies que dans tes draps.
Je n'évoquerai plus jamais les héroïnes qui ont marqué notre histoire, je ne citerai plus celles qui ont dissipé le noir et qui ont fait notre gloire, je ne dirai plus que je suis leur hoir pour avoir le statut de citoyenne. Je ne suis nullement bois ni un être froid, dorénavant tu entendras ma voix, je ne serai plus ta proie, tu ne m'imposeras plus ta voie. Tu n'es pas mon roi. J'ai le droit au choix, j'ai le droit à la joie, je suis une citoyenne à part entière comme toi.
Sur mon espace, tu as fait main basse, même durant tes prières et tes messes, tu ne cesses de regarder mes fesses, quelle petitesse ! Non, je ne fais pas partie de ta richesse. Sans passer par les urines, tu es devenu mon maître diurne et nocturne. Tu as refusé d'être mon frère. Sur cette terre, tu t'es proclamé Jupiter juste pour me faire taire. Cette fois, je te le dis les yeux dans les yeux: si tu es Dieu, je ferai partie des mécréants et si tu es l'ange séducteur, je croirai au seigneur. Je piétine ma peur, je retrouve mes couleurs, je suis de la famille des roses et des fleurs.
Tes absurdités illimitées ont tué en toi l'humanité. Au nom de Dieu, tu veux me voiler, au nom de tes impulsions, tu désires me violer, par ton égoïsme, mon héritage, tu veux me le voler, mais dans tes rêves, c'est avec moi que tu veux voler. Tu utilises l'être suprême et les coutumes pour que tu me supprimes, mais sur mon charme, tu rimes et tu perds tes plumes.
À cause de ton vice, ton honneur, tu l'as mis entre mes cuisses. Pour le préserver, tu veux me tenir en laisse comme une lice. Puisque vers la folie, tu glisses, cette fois sur cette malice, je pisse.
Ô. Narcisse ! J'ai trop caché et nettoyé tes immondices. Ce sacrifice, je le cesse, je ne subirai plus tes supplices et tes préjudices. Désormais, je ne serai plus qu'une lectrice, mais une coautrice. Détache tes yeux de mon clitoris ! Je ne suis pas seulement une génitrice, mais une innovatrice, une productrice, une constructrice…, je possède l'intelligence et la finesse.
Non, je ne te déclare pas la guerre, tu es mon mari, mon père, mon frère et la chair de ma chair, mais il faut que tu voies clair et que tu calmes tes nerfs et que tu déposes ton fer. Arrête cette descente aux enfers ! La vie passe comme un éclair, avant qu'on nous couvre de suaire, respirons le pur air, occupons-nous de nos affaires et laissons le Seigneur faire son affaire. Oublions les sordides coutumes d'hier. Faisons l'amour et pas la guerre. Je ne te demande ni la lune ni la muraille de Chine, je refuse juste de courber l'échine et d'être associée aux djinns. Fuyons l'abîme, osons les cimes et les collines, déracinons la routine, montrons nos dents à la place des canines. Si je mets une jupe ou un Jeans, si je chausse les bottines, si je montre ma taille large ou fine, je ne suis guère une femme de mœurs légères, je le fais juste pour te plaire. Si je laisse au vent mes cheveux, si je maquille mes lèvres, mes joues et mes yeux, je ne suis pas sur la voie du démon, Monsieur l'envieux.
Si tu acceptes de sortir du noir, le bonheur avec toi, je veux le boire, notre maison du douar deviendra manoir, mais si tu choisis de rester couard et de croire les effaceurs de la joie et de l'espoir, je prends un autre couloir, celui de la lumière et du savoir, je sauterai sur tous les boutoirs pour arracher la chère victoire.
Homme égaré ! Je refuse ton respect lorsque je serai mimi, lorsque le temps m'aura fanée, quand j'aurai perdu mon charme et ma beauté, car ce jour ce n'est plus de l'amour, mais de la pitié.
Rachid Mouaci
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