Faute d'investissements, l'Algérie court vers la fin de sa production pétrolière, selon GRI !
C’est une approche axée principalement sur l’aspect économique et organisationnel du pays qu’expose une étude publiée par Global Risk Insights (GRI) pour montrer l’incapacité du pouvoir algérien à planifier sur du long terme.
Cet influent think Tank américain estime, dans cette étude publiée le 28 février, que "l'Algérie a tardé à faire des réformes énergétiques, ce qui va provoquer de graves troubles sociaux dans l'un des derniers bastions de stabilité en Afrique du Nord".
L'Algérie, qui est l'un des trois premiers exportateurs de pétrole d'Afrique, va elle-même, selon ce rapport, manquer de pétrole dans un avenir proche, pour ses propres besoins internes. La preuve ? la production "du champ de Hassi Messaoud, ainsi que d'autres grands champs matures, a progressivement diminué", fait remarquer Pierre-Olivier Bussières, l’auteur de l’étude. "La production de pétrole et de gaz a commencé à stagner au début des années 2000, alors que la consommation intérieure a augmenté régulièrement", pouvait-on lire dans son analyse.
"Il faudrait 100 milliards de dollars pour moderniser et étendre sa vaste infrastructure énergétique, un montant que l’Algérie n’a pas !"
Le pouvoir algérien, faute de planification et de clairvoyance, n’a pas vu venir une situation pourtant bien prévisible. La situation est telle que l’Algérie ne peut même plus investir dans l’exploitation d’autres gisements faute d’argent et de moyens financiers. "Maintenant, le gouvernement dit que l'Algérie devra injecter plus de 100 milliards de dollars pour moderniser et étendre ses vastes infrastructures énergétiques, en affectant 46 milliards de dollars sur les champs pétroliers existants. Ce qui est plus troublant dans ce plan, c'est que l'Algérie envisage de financer plus de 90% de ce plan", analyse Pierre-Olivier Bussières
Le problème est que de nombreux experts "doutent que ce soit possible même à long terme, compte tenu du déficit économique majeur du pays. Malgré l'urgence de la situation, les initiatives de réforme ont jusqu'à présent été extrêmement tièdes : planification de l'ouverture de nouveaux champs pétrolifère à petite échelle et augmentant la taxe sur la valeur ajoutée", déplore l’analyste d'incidents chez Intelligence Fusion et rédacteur en chef associé d'affairs Canada.
"Le pétrole ne suffira même plus à la demande interne, ce qui provoquera l’effondrement de l’économie algérienne"
L’étude publiée par Global Risk Insights pointe également l’arrêt des investissements dans le domaine des explorations, et la lenteur inexplicable des autorités algériennes à réagir face à cette situation. "Non seulement le pays a cessé d'investir dans de nouvelles activités d'exploration, mais ses revenus énergétiques, qui soutiennent près des deux tiers du budget national, ont diminué régulièrement. Face à une crise sans précédent, l'Algérie a été étonnamment lente à réagir. Maintenant, le pays est confronté à très peu d’options dans le meilleur des cas. À ce rythme, la production pétrolière algérienne ne couvrira rien de plus que sa demande intérieure croissante, entraînant un effondrement économique". Une affirmation déjà soutenue par de nombreux experts algériens qui avaient prévenu il y a quelques années déjà les autorités sur leur choix de développement. Seulement, ces alertes n'ont pas été écoutée par qui de droit.
"Le coût de l'inertie"
Face à la fois à la stagnation de la production et à la chute des prix des produits de base, l'ensemble du modèle économique algérien est effectivement devenu insoutenable. "Ce ralentissement économique montre déjà ses effets, car l'inflation rampante a entraîné une forte hausse des prix des aliments de base. Le poisson frais et les fruits sont devenus trois fois plus chers depuis 2001, selon les statistiques officielles du pays. Les Algériens dépensent environ 40% de leur revenu en nourriture et en boissons. Les grands projets d'infrastructures sont systématiquement retardés et la corruption a augmenté", peut-on lire dans l'analyse.
Pour maintenir le niveau de vie des Algériens il faudrait dépenser 45 milliards de dollars de subventions chaque année, fait remarquer le rapport de GRI. Déjà "le FMI estime que le coût total de la subvention est d'environ 45 milliards de dollars par an". La situation politique, le terrorisme et la maladie du président sont autant de freins pour les investisseurs, qui préfèrent ne pas s’aventurer avec leurs capitaux dans notre pays qualifié par l’étude d’"instable". Ces indicateurs n'incitent pas en effet les créateurs de richesses à venir investir pour faire démarrer la machine économique et permettre ainsi de sortir de la dépendance au pétrole. "Le gouvernement a pris des mesures pour ouvrir son marché aux investisseurs étrangers, reconnaît l'auteur de l'étude, notamment en modifiant sa loi sur les hydrocarbures et en invitant les soumissionnaires à participer aux enchères pour une nouvelle exploitation dans le sud en 2013. Malgré ces efforts, l'incertitude politique et l'activité terroriste dans le sud sont encore un obstacle à l'investissement".
Selon le rapport, "le principal obstacle à l'investissement étranger reste l'exigence nationale d'actionnariat de l'Algérie, qui stipule que la Sonatrach, la société nationale de l'énergie, doit détenir 51% de tous les projets dans le pays. En 2014, seulement 4 des 31 blocs ont été décernés. La vente aux enchères prévue pour la fin de 2015 a été annulée."
Pierre-Olivier Bussières croit, pour conclure, que "le pays doit naviguer sur une ligne très fine entre une réforme efficace et l'effondrement économique".
Hebib Khalil
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merci pour partager cet article
merci bien pour le site