La presse allemande voit l’Algérie en "danger de désintégration" !
L’annulation du voyage prévu en Algérie, pour lundi, de la chancelière allemande, Angela Merkel, une heure à peine avant le décollage de son avion, suscite en Allemagne des interrogations sur la capacité de Bouteflika à diriger le pays.
Rien n'est épargné décidément pour l'Algérie ! Si les autorités continuent presque imperturbables à mener les affaires du pays, à l'étranger, les signaux alarmants se multiplient.
Des grands titres allemands, tels que le quotidien Die Welt ou le magazine Der Spiegel n’ont pas hésité à qualifier la situation en Algérie "d’intenable" et "d’explosive". Die Welt s’est même interrogé si "bientôt il n’y aurait des dizaines de milliers de réfugiés en provenance d’Algérie".
Les scénarios catastrophes se font insistants. Loin d'Alger, on est tenté de croire que le régime est vu avec des lunettes grossissantes. Exemple :
"Si le président Bouteflika, malade depuis des années, meurt, le pays pourrait plonger dans le chaos."
Pour Die Welt (litéralement Le Monde), l’un des trois plus grands quotidien allemands (distribué dans 130 pays) :"Si le président Bouteflika, malade depuis des années, meurt, le pays pourrait plonger dans le chaos", prophétise-t-il. Non pas parce qu’il est l’homme de la situation, comme le répètent inlassablement les ministres, mais parce qu’il a créé le vide autour de lui. Le journal pointe plusieurs facteurs qui pourraient être la cause d’une implosion du pays. La corruption, l'oppression, les prix élevés des denrées alimentaires et l'insatisfaction de la population algérienne sont autant de facteurs qui menacent d’embraser la situation. Ce constat jure terriblement avec le dernier message du chef de l'Etat à l'occasion de la journée du chahid dans lequel un tableau idylique de l'Algérie est dressé par les auteurs.
Le quotidien allemand donne la parole à Jeremy Keenan, professeur à l'École des études orientales et africaines, Université de Londres. Ce dernier pense que "c’est seulement une question de temps avant que la situation en Algérie n’explose". Avant d’ajouter : "La corruption et la répression sont immenses et les conditions de vie se détériorent. La seule chose qui manque c’est l'étincelle." Il faut préciser ici que nombre d'analystes algériens ont déjà fait le même constat.
Le chercheur, qui passe en revue l’ensemble des maux sociaux en Algérie, tel que le chômage des jeunes, les mesures d’austérités, l’inflation, et la cherté de la vie, pense que "la situation est semblable à celle de la Tunisie, de la Libye, ou de l’Égypte en 2011". "Ce sont exactement les ingrédients qui ont conduit au renversement des dirigeants en Tunisie, en Libye et en Égypte." Une observation relevée déjà par de nombreux think tank américain.
Sur les colonnes de Die Welt, Jeremy Keenan aborde aussi le conflit clanique pour la succession au sein du pouvoir algérien. Ce journal influent allemand estime que Saïd Bouteflika, frère du président, "est corrompu et pourrait difficilement être le nouveau leader".
En ce qui concerne l’armée algérienne, celle-ci serait dans "un État catastrophique» selon l’académicien anglais qui pointe des problèmes d’insatisfaction et d’administration au sein des troupes armées algériennes. "Les simples soldats sont complétement insatisfaits du mauvais traitements qu’ils subissent et de la mauvaises administration militaire". Pour l’ethnologue britannique, le gouvernement algérien joue sur la peur en sur estimant la présence des djihadistes sur le territoire algérien. «Il y a certainement des djihadistes, mais pas autant que fera un faire croire le gouvernement algérien", concluait-il.
Humiliation diplomatique : "c’est la première fois de son histoire, que le gouvernement algérien a dû annuler la visite d’Etat d’un gouverneur étranger avec un si court préavis."
Le célèbre magazine politique Der Spiegel, dans sa version en ligne fait remarquer que "c’est la première fois de son histoire, que le gouvernement algérien a dû annuler la visite d’Etat d’un gouverneur étranger avec un si court préavis (…) ce qui dénote de la fragile santé du président". Le ministre des Affaires étrangères Frank-Walter Steinmeier, dernier homme politique allemand qui a eu à rencontrer le président algérien, disait d’ailleurs en janvier 2015 qu’il "était très touché par la conversation avec le Bouteflika gravement malade". Il avait l'impression que ce fut "la dernière rencontre avec le chef de l'Etat", tellement qu’il le trouvait mal en point.
Qui gouverne vraiment l’Algérie ? Les regards se tournent souvent vers le frère du président.
"Saïd Bouteflika avait empêché le Premier ministre Sellal de voir le président pendant 46 jours en attente d’une audience"
Tout en pointant la lutte acharnée pour le pouvoir, opposant le général de corps d'armée Gaïd Salah à Saïd Bouteflika, le magazine allemand met l’accent sur les nombreux soupçons de corruption qui pèsent sur le frère du Président, de 20 ans son cadet. "Il a montré sa puissance entre autres en 2013, lorsque le chef de l'Etat était malade pour des mois, Saïd Bouteflika avait empêché le premier ministre Sellal de voir le président pendant 46 jours en attente d’une audience", soutient Der Spiegel, qui ne précise pas les raisons de ce refus. Car il faut préciser que le premier ministre a été jusqu'à présent un soutien fidèle jusqu'à la caricature du chef de l'Etat.
"Le frère du Président est cité dans de nombreuses allégations de corruption qui n’ont fait l’objet d’aucunes poursuites judiciaires". Quant au général Gaïd Salah il serait embusqué pour prendre le pouvoir à "la Sissi", pronostique le magazine politique allemand sans pour autant étayer ses projections.
"L'opposition a déjà mis en garde contre les ambitions du très médiatiuqe Gaïd Salah travaillant sur un coup d'Etat silencieux sur le modèle du dictateur égyptien Abdel Fattah El-Sissi", conclut le célèbre magazine.
La rédaction
Commentaires (18) | Réagir ?
merci
merci
wanissa