La montée du dragon chinois !
La Chine peut-elle remplacer les USA dans leur rôle de leader de l'ordre mondial ?
Beaucoup d'analystes tendent à le croire en vérité. D'autant que le président D. Trump qui a décidé de revoir les cartes jouées jusque-là par l'Oncle Sam en matière économique (augmentation des droits de douane sur les importations, imposition de taxes antidumping, réduction des impôts pour favoriser l'exportation), met plutôt le cap sur une perspective isolationniste. Sa stratégie n'étant guère basée sur l'optique de la mondialisation prônée par les Chinois mais sur celle du protectionnisme économique. Et puis, un autre cycle de l'histoire de l'économie mondiale peut s'ouvrir avec le retrait de son pays du Traité Commercial Transpacifique (TTP), ordonné trois jours seulement après son investiture à la maison blanche.
Par ailleurs, si le Singapour fut un point d'appui pivotal pour Obama dans sa politique de rééquilibrage des forces de la zone Asie-Pacifique, ce n'est pas du tout le cas de Trump qui délaisse l'Asie et tourne le dos à l'Europe. Autre onde de choc, le président chinois Xi Jinping aurait récemment appelé au Forum économique mondial tenu à Davos (Suisse) à "une nouvelle vague de mondialisation" dans un discours historique décrit par le ministre allemande de la défense comme "impressionnant" et "très stratégique […] pour le dialogue direct et contre le protectionnisme". Des indices poussant les puissances occidentales à agir pour contrecarrer ce dragon chinois qui avance.
On trouve, au demeurant, que depuis le lancement en 1979 de sa politique d'ouverture et de réformes, la Chine n'a cessé d'enregistrer des avancées spectaculaires culminant par "un boom technologique" à la fin des années 1990. Ce qui lui aurait valu le surnom de "la nouvelle Silicon Valley de l'Orient" (moteurs de recherche sophistiqués, outils de messagerie électroniques et de bloggage modernes, portails d'informations et matériel high-tech, etc.).
Ajoutons à cela que sa classe moyenne dont les revenus sont compris entre 9.000 et 34.000 dollars (environ 4% de la population en 2000), atteint près de 70% en 2012. En pleine croissance même s'il a subi, lui aussi, les contrecoups de la crise économique mondiale, l'empire du milieu s'est attelé, dans une démarche active de reconquête du marché mondial, à rejoindre en 2008, soit deux ans après l'échec du cycle de Doha tenu sous l'égide de l'O.M.C, l'accord du partenariat transpacifique initié par le Chili, la Nouvelle-Zélande et le Singapour.
En 2001, il a déjà fait, pour rappel, une entrée inattendue à l'O.M.C, puis, proposé en septembre 2013, la création d'une ceinture économique le long de l'ancienne «route de soie» ayant pour visée la construction, via des réseaux de transports commerciaux terrestres et maritimes, d'un pont de liaison entre l'Asie, l'Europe et l'Afrique. Aussi a-t-il décidé la mise en place de la banque asiatique d'investissement dans les infrastructures (BAII) qui compte 55 pays actionnaires, opérationnelle dès la fin de 2015. Ce qui a été interprété par certains comme une perte graduelle du leadership des USA dans la région et la volonté des Chinois de faire front à la banque mondiale, la banque asiatique du développement (BAsD) chapeautée par le Japon, et la banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD). Autrement dit, la construction d'une «zone de libre-échange dans la zone Asie-Pacifique» (FTAAP) qui intègre les économies des 21 membres de l'organisation de coopération économique Asie-Pacifique (Apec). Serait-ce une ascension éphémère de la Chine ou le début du monde post-américain.
Kamal Guerroua
Commentaires (5) | Réagir ?
Merci
merci