La chanteuse Aldjia en concert le 25 février à Montréal
En 1956 Force K ou l’opération Oiseau bleu fut le nom, de code d’une opération lancée, en Kabylie par les services secrets Français. Elle a été constituée dans le but de créer un contre-maquis clandestin pour discréditer le FLN. En fin de compte c’est à l’avantage de ce dernier qu’a tourné l’affaire, puisque les hommes recrutés étaient des agents sûrs de Krim Belkacem. C’était un coup de génie de ce dernier. Les services secrets français n’ont pas digéré une telle humiliation. Ils contre-attaquent avec la " Bleuite", ou le "complot bleu". Une opération d'infiltration et d'intoxication à grande échelle. En conséquence des dizaines de villages kabyles ont été détruits causant un grand nombre de morts et de blessés.
C’est dans un tel climat de terreur qu’est née la chanteuse Aldjia. Exactement le 2 mai 1956 à Tagemunt Oukarouch dans la localité des At Dwala en Haute Kabylie.
En 1967, elle part avec sa mère et ses autres frères et sœurs rejoindre son père, émigré en France. "Je suis arrivée en France à l’âge de 11 ans et j’étais malheureuse de quitter ma Kabylie et mon milieu traditionnel. J’ai eu du mal à m’adapter, se rappelle-t-elle.
L’arrachement de sa terre natale était pénible. Ce qui explique son amour pour la culture kabyle et son intérêt particulier pour la chanson. C’est une sorte de thérapie pour elle. Ainsi dans les années 70, ayant l’art et la joie de chanter dans l’âme, Aldjia a fait un bref passage par la mode et ensuite elle décide de passer à la chanson. C’est avec les filles Djurdjura qu’Aldjia a fait ses débuts en accompagnant le mythique groupe sur scène à quelques reprises. Notamment avec les chansons Muh n muh de Mohia, la smaḥ, alezlez yekaten, fsi neɣ ak-sɣerseɣ.
Elle a ensuite fait des duos avec de grands noms de la chanson kabyle. Quand Lounis Ait Menguellet a enregistré les années d’or en 1988, Aldjia l’a accompagné avec "Uɣal-d ay uḍrif" et "A Lunis acuɣer ikrez unyir-ik". Cependant, c’est avec Ait Meslayene et Fahem Mohand Said qu’elle a fait le plus de duos. Par exemple avec ce dernier elle a chanté "Ruba n Ccac" en 1982. Une chanson qui a eu un grand succès et vite adoptée par le public. Il en est de même avec "Yersa-d tacacit" de Ait Meslayene. L’album qui contient cette chanson est considéré par la critique musicale comme une des meilleures productions artistiques du regretté Ait Meslayene, avec entre autres "Ɛami d Xali", "Yema d Baba", "Kwider d Yidir", "Ruḥ ay aɛziz", "Yemma", ...
Depuis "Ruba n Ccac" et "Yersa-d tacacit", Aldjia n’a cessé d’enrichir son répertoire et de produire ses propres albums dont "Siwlas ay afrux" (1987), "Axir-aɣ baru" (1989), "Zzin arqaq" (1991), "Aggu aalli" (1996), «Inebgawen» (2004), «Abzim» (2006), «Seqsi ul-iw» (2010), «Iseɣ n teqbaylit» (2015), «Asmekti imezgi» (2016).
Ce dernier est le plus récent album de Aldjia. Il est de grande qualité, en termes de musique et de textes. C’est le «rappel permanent du souvenir». Une reconnaissance au travail et au sacrifice des ainés dont Matoub Lounes, Mohia, Hnifa, Kamel Hammadi, Slimani.
Dans cet album Aldjia consacre une chanson à Mohia pour relater son parcours inégalable en évoquant une multitude de ses œuvres et adaptations de grands auteurs classiques universels, telles que Tacbaylit, Sinistri, Muḥ afenyan, Berwagiya, ... "Ulac-ik telliḍ", un autre titre sur un air musical du regretté Lounes Matoub, ou Aldjia évoque l’immortel rebelle en criant sa douleur devant une telle perte. Dans un autre titre Aldjia a formidablement repris en duo avec Slimani "Ay argaz ruḥ ma ttruḥeḍ", chantée par lui en duo avec la regrettée H’nifa. Les paroles sont, pour rappel, composées par Kamel Hammadi.
Les spectacles d’Aldjia, pour reprendre un journaliste, sont toujours des moments de partage, de joie et de tendresse et surtout de bonheur pour son public familial qui vient apprécier la voix mélodieuse de l’artiste. Avec un riche et éloquent répertoire, elle continue de porter haut et fort à travers ses œuvres, la voie des femmes pour leur émancipation et le combat pour la liberté et la culture de ses aïeux.
Kamal Harani
Rendez-vous donc le 25 février pour un spectacle de qualité avec deux belles voix : Aldjia et Ali Ferhati. Le spectacle, organisé par TOM productions, aura lieu au théâtre le château, sis 6956 Rue Saint-Denis, Montréal (Metro Jean Talon) à 19h. Il est à rappeler que pour chaque billet vendu, 1$ sera versé pour l’école de Tamazight INAS.
Achetez vos billets en ligne via eventbrite.ca ou aux points de vente suivants :
-
Café mon petit village, 6294 Rue Jean-Talon Est, Montréal
-
Boulangerie Trésors sucrés, 3640 Rue Jean-Talon E, Montréal.
A voir :
https://www.youtube.com/watch?v=Swg49viSrW4
https://www.youtube.com/watch?v=_oGGjHzU6iE
https://www.youtube.com/watch?v=vr9mZxOLQwQ
https://www.youtube.com/watch?v=qEyTnKbP4ns
Commentaires (5) | Réagir ?
merci
Nice post, and thanks for sharing this with us