Mesures de Trump, Brexit anglais, prémisses d’une future guerre ?
Les premières mesures insensées de Trump, le cri d’alarme angoissé de Gorbatchev contre une potentielle guerre mondiale, méritent que l’on essaie de comprendre ce qui arrive à notre pauvre monde. Je ne tomberai pas dans le pêché mignon (ou paresse) de certains analystes qui s’adonnent à des comparaisons historiques alors qu’il suffit de se pencher pour ramasser des infos jonchant nos rues.
Ainsi la sortie de l’Angleterre de l’Union européenne n’est pas du tout une surprise. Rien d’étonnant quand on sait que ce pays n’a pas l’euro pour monnaie et qu’il ne fait pas partie de l'espace Schengen, le socle sur lequel repose cette Union. Son départ est en fait le retour dans le giron américain. Les deux pays entretenant depuis toujours des relations spéciales inscrites dans le marbre d’un traité. Ce sont ces relations spéciales qui ont incité De Gaulle (*) à s’opposer à l’entrée de la Grande Bretagne dans l’union européenne. En bon militaire érudit d’Histoire, il ne voulait pas d’un cheval de Troie participe à l’aventure d’une Europe qui avait suffisamment de problèmes à unifier les six Etats fondateur de l’Union. De Gaulle savait que les relations spéciales avec l’Angleterre servait de torpille aux Américains pour empêcher la naissance d’un empire économique qui peut les concurrencer. Depuis cette époque, l’histoire a rendu son verdict.
L’Angleterre a plus à gagner en prenant le large vers le frère de l’autre côté de l’Atlantique. C’est ainsi que le premier voyage du premier ministre anglais à l’étranger avait pour destination les USA et le premier chef d’Etat reçu par Trmp fut Madame May, the English prime Minister, comme c’est étrange ! En vérité il n’y a rien de surprenant. A son émergence, la mondialisation était la bienvenue. Celle-ci a fait imbriquer les économies des pays dans un vaste ensemble économique dont les bénéficiaires étaient au départ les pays riches. De leurs perchoirs dans les grandes bourses, les financiers qui ont peu à peu pris le pouvoir surveillent le monde devant les écrans de leurs ordinateurs et investissent quand ils sentent la bonne affaire. Et puis un jour ces mêmes pays riches ne pouvant plus suivre le bolide qu’est devenu la mondialisation voient leurs usines se délocaliser dans des pays qui deviennent leurs redoutables concurrents.
Ces bouleversements engendrent des contradictions entrainant des tensions entre pays idolâtres de la même économie de marché. Nous assistons aujourd’hui à la traduction de ces tensions dans le domaine politique. La sortie de l’Angleterre de l’Europe et la politique de Trump sont les réponses de ces pays pour tenter de surmonter les contradictions de leur système économique. Leurs replis à l’intérieur de frontières emmurées sont les signes de leurs difficultés à obéir aux contraintes et règles des traités qui les lient à leurs alliés économiques et politiques. Il est piquant de constater que les champions du libre échange, l’Angleterre lieu de naissance du capitalisme, des économistes qui ont théorisé l’économie de marché, et les USA actuelle forteresse de ce même capitalisme, il est piquant donc de les voir élever des murs pour se protéger. Adams Smith (père de l’économie politique) doit se retourner dans sa tombe.
Aux séismes de la mondialisation économique vinrent s’ajouter de coriaces et dangereux problèmes politico-stratégiques. Avec la chute du mur de Berlin et de l’implosion de l’URSS, l’Occident a cru qu’un boulevard s’ouvrait devant lui pour imposer sa loi et agrandir l’espace de son ‘’monde libre’’. Il intégra une flopée de pays à l’union européenne en faisant fi de nombreux paramètres (développement économique inégal, idée de la nation, valeurs politiques et religieuses qui ne chantent pas la même musique etc). En les intégrant dans son giron économique et dans l’OTAN, l’Occident se rapprocha dangereusement d’une Russie délabrée sous la direction d’Eltsine. L’Ukraine fut la goutte d’eau qui fit déborder le vase. Poutine mit alors le holà à cette politique et en une nuit il redevient maître de la Crimée qui historiquement faisait partie de la Grande Russie.
Au Moyen-Orient, l’Occident poursuivait sa politique aveugle en prétendant mettre de l’ordre alors que les volcans de l’histoire ancienne et celle d’aujourd’hui n’étaient pas éteints. Ces interventions aux côtés de l’Irak pour contrer l’Iran et ensuite envahir et dévaster le même Irak pour plaire aux monarchies féodales de la région n’ont pas servi de leçons. Il rajouta une couche en Syrie en soutenant des groupes armées qui obéissent aux mêmes monarchies.
Le cri d’alarme de Gorbatchev n’est pas motivé uniquement par l’accumulation d’armes modernes qui menacent de mort notre planète. La guerre mondiale dont a peur l’ex-chef d’Etat de l’ex-URSS s’explique aussi par une fuite en avant de la puissante Amérique qui ne veut pas perdre son statut de première de la classe. Trump a d’ores et déjà désigné son concurrent sur le plan économique, la Chine. Comme il sait que ce pays n’a jamais courbé l’échine à l’époque de sa faiblesse économique et militaire, ce n’est pas aujourd’hui qu’il va trembler de peur devant les vociférations d’un Trump. Des vociférations qui peuvent impressionner les immigrés et autres citoyens de pays dits musulmans mais laissent de marbre la Chine dont les caisses regorgent de Bons de trésor de la réserve fédérale US. Comme Trump connaît les armes multiples de la riposte Chinoise, il fait les yeux doux à la Russie pour ne pas à avoir affaire à deux géants simultanément. Il pense réussir avec Poutine en utilisant ses capacités de négociateur réputé dans les affaires. Sauf que Poutine est un élève du KGB et grand joueur d’échecs. Il lui fera comprendre que la guerre est une chose sérieuse pour être confiée hier à des militaires, aujourd’hui à des businessmen.
Faut-il prendre au sérieux les bruits de bottes d’une guerre mondiale ? Oui pour deux raisons, on n’est jamais assez prudent avec la guerre, vaste aventure et dangereuse entreprise. Oui car l’idéologie qui nourrit le populisme qui fleurit en Occident peut faire déraper quelque égocentrique qui ne veut pas descendre de son piédestal. Les mesures prises par Trump et celles qui ne vont pas tarder en Angleterre quand madame May signera la sortie de l’UE, vont encore grossir les noirs nuages qui s’accumulent au dessus de nos têtes. Oui il y a danger en la demeure, le chômage et la précarité étendent leurs tentacules, le système ne peut plus utiliser ses recettes habituelles pour dépasser une crise. Quant au plan politique, les acteurs sont nombreux et d’égales forces, ce qui n’est pas forcément un frein à la folie de certains. Il nous reste à nous accrocher aux peuples dans chaque pays pour refroidir la fièvre des fous furieux en liberté…
Et dire que le danger de guerre vient de ceux qui ont bassiné les foules avec le libre échange et la circulation des biens et des hommes. Et ce sont eux qui érigent des murs partout. Espérons que le film "docteur Folammour"(**) de Stanley Kubrick n’est qu’un conte sorti des peurs d’enfance de ce grand cinéaste.
Ali Akika, cinéaste
* De Gaulle s’opposa à l’entrée de la Grande Bretagne en multipliant des chausse- trappes à son entrée. Après sa démission (1969) et sa mort (1970), ce pays devient le 9e membre de l’union européenne en 1973.
** Docteur Folamour’’ (1963/64) raconte l’histoire d’un général américain paranoïaque qui s’isole dans une base militaire et donne l’ordre aux bombardiers atomiques B52 d’aller raser des bases et villes en URSS.
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merci
merci bien pour le site