Mais qui brûle les feux-rouges ? Qui klaxonne à tout va ?
"Montrer l’exemple n’est pas la meilleure façon de convaincre, c’est la seule", Ghandi
Le propre d’une lecture, d’une confrontation d’idées, d’un débat, c’est d’enrichir humainement ses récipiendaires, dans l’espoir de voir cette richesse déteindre sur la société tout entière, pour le plus grand bien de l’humain. Mais pour que ce rêve devienne, un jour, peut-être, réalité, il faudrait que nous tirions des leçons salutaires de nos échanges mutuels, en les faisant scrupuleusement nôtres, dans nos rapports quotidiens avec nos semblables. A ce titre, les réseaux sociaux sont une opportunité inouïe.
Sauf qu’en s’y intéressant de près, j’ai eu l’immense "joie et réconfort" de constater que tous les intervenants, moi compris, sommes éminemment vertueux, détenons, presque, la science infuse, et nullement concernés par une quelconque dégénérescence sociétale. A tel point que je me suis posé des questions quant à l’opportunité de ma présente contribution.
Mais si notre société est si vertueuse que ça, alors :
Qui brûle les feux rouges ?
Qui klaxonne à tout va sans raison évidente, sauf la sienne ?
Qui, au pas de sa porte, empiète sur l’espace commun pour se l’accaparer et mettre une porte métallique moche, ou ouvre un magasin d’alimentation générale, en lieu et place de l’une des pièces de son logement, pour les "plus chanceux" qui logeraient au RDC ?
Qui jette les ordures partout et n’importe où ?
Qui exige de l’argent en guise de corruption pour un travail pour lequel l’état le paye ?
Qui n’est pas à l’heure au travail et part avant l’heure, empochant au passage la totalité de son salaire?
Qui ne sait même pas en quelle classe sont scolarisés ses enfants, encore moins les suivre dans leurs études ?
Qui n’honore pas ses engagements moraux et matériels, et pour lequel la parole donnée est un artifice pour berner autrui – kfaza-?
Qui, de par son "rang social", se croit ne devoir aucun respect aux autres ?
Qui ne respecte pas ses voisins ?
Qui achète des modules, et qui les vend, produisant ainsi de piètres universitaires censés guider le pays ?
Qui donne un RDV et ne se soucie pas de la ponctualité ni du devoir de s’excuser ?
Qui dans l’administration, par excès de zèle ou par incompétence, bloque le citoyen dans ses démarches ?
Qui ne donne pas le meilleur de lui-même en tant qu’enseignant, et se contente du peu ?
Qui, pendant que la file d’attente s’allonge inexorablement, est attablé dans un café jouxtant l’administration, abandonnant ainsi son poste de travail ?
Qui se fait délivrer un arrêt de travail par un médecin complice, alors qu’il se porte comme un charme ?
Qui quand il te dit "sans problème" attends-toi à cent problèmes ?
Qui sait tout ?
Qui n’écoute pas ?
Qui a toujours raison ?
Qui s’emporte pour des broutilles ?
Qui est raciste ?
Qui est régionaliste ?
Qui… ? Qui… ? Qui… ?
Cette contribution est une invitation amicale et sincère à nous tous, à nous interroger consciencieusement sur nos plus infimes actes de tous les jours au moment même où nous les exécutons, s’ils s’imprègnent, réellement, des valeurs que nous prétendons défendre.
Une conscience ainsi faite ne peut que porter, à bras-le-corps, le pays vers les cimes du développement.
Abdelkader Mazari
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