47 morts dans un attentat kamikaze à Gao (Mali)
Un kamikaze a tué au moins 47 ex-rebelles et membres de groupes armés pro-gouvernementaux à Gao en se faisant exploser ce mercredi 18 janvier dans leur site de regroupement dans cette ville du nord du Mali, selon une source militaire à l'ONU. Le groupe El Mourabitoun de Mokhtar Belmokhtar a revendiqué dans un communiqué cette sanglante attaque.
L’explosion est survenue à 8h40 (TU) ce mercredi 18 janvier à Gao, la principale ville du nord du Mali. A moins de 500 mètres de l’aéroport, un kamikaze à bord d’un véhicule est entré dans le camp militaire et s'est fait exploser. Les témoins font état d’un «grand bruit». L'information a été confirmée par une source administrative de la ville malienne, sans plus de détails dans l'immédiat.
Au moins 47 personnes ont péri dans cette explosion selon un bilan provisoire du gouvernement. Beaucoup de blessés ont afflué à l’hôpital de Gao gardé par des militaires. Un deuil national de trois jours a été décrété. Le ministre malien de la Défense devrait également se rendre sur les lieux du drame.
Le mode opératoire est connu puisque le pire avait été évité de peu fin novembre. Deux pick-up chargés d'explosifs s'apprêtaient à viser les aéronefs de Barkhane et de la Minusma, une attaque revendiquée par le groupe al-Mourabitoune dirigé alors par Mokhtar Belmokhtar.
Mais cette fois-ci, selon une source à la Minusma, "un kamikaze a attaqué un camp" de regroupement de la Coordination des mouvements de l'Azawad (CMA, ex-rébellion à dominante touareg) et de la Plateforme (groupe progouvernemental) à Gao ainsi que quelques soldats de l’Armée régulière qui étaient dans l’administration du camp. La CMA et la Plateforme "devaient commencer bientôt une patrouille mixte", a ajouté la même source.
Ces patrouilles mixtes doivent se tenir en application de l'accord de paix signé en mai-juin 2015 entre Bamako et ces différents groupes armés. Elles sont censées préfigurer la refonte d'une armée malienne unitaire. Leur mise en place est plus que jamais une priorité, estime Fahad Ag Almahmoud, du Gatia, membre de la Plateforme : «Je pense que la meilleure réponse à tout ceci est la mise en place de patrouilles mixtes et l’application très rapide de l’accord.»
Il confie sa surprise devant une telle attaque, malgré les menaces fréquentes. «Nous avons toujours dit que les groupes armées ont reçu des menaces de la part de groupes terroristes au cas où ils participeraient à de quelconques opérations avec les forces maliennes ou internationales, mais on ne pensait pas que des terroristes allaient entrer à l’intérieur d'un camp comme ça et se faire exploser. On ne s’attendait pas à ça.»
Jusqu'ici, les groupes terroristes s'attaquaient essentiellement aux forces militaires – soldats de l'armée malienne, de la force française Barkhane ou les casques bleus de la Mission des Nations unies. Les combattants des groupes armés du Nord, signataires de l'accord de paix, ne constituaient pas des cibles.
Certes les ex-rebelles du MNLA ont parfois enregistré des combats meurtriers contre les terroristes d'al-Qaïda au Maghreb islamique. Mais le plus souvent, ce sont plutôt les collusions entre les groupes armés signataires de l'accord de paix et les groupes armés terroristes qui sont pointés. Par les groupes signataires eux-mêmes, groupes pro-Bamako et ex-rebelles s'accusant régulièrement les uns les autres ; ou par les forces maliennes et internationales présentes dans le pays, qui déplorent que ces liens leur compliquent parfois la tâche.
L'attaque du camp de Gao est donc inédite à deux égards : d'abord parce qu'elle est la plus meurtrière jamais perpétrée sur le sol malien depuis le début de la crise, ensuite, par le symbole qu'elle représente. En ciblant directement des soldats maliens et des combattants des groupes armés, ex-rebelles comme groupes pro-Bamako, les terroristes jihadistes montrent que plus personne n'est à l'abri.
Avec RFI
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merci pour les informations
Le journal nous aide beaucoup
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