L'extermination de l’outarde : un privilège accordé par Bouteflika aux Émirs du Golfe
La chasse à l’outarde en Algérie, ne se fera plus sans l’accord direct et exclusif du président Bouteflika. C’est ce que croit savoir le journal arabophone d’El khabar par l’intermédiaire de sources "très informés".
L’article révèle que par le passé, outre la présidence, plusieurs organismes (étatique ou non) et individus haut placés, invitaient des personnalités venues du Golf arabique dans le cadre d’actions "diplomatiques" qu’on nomme sournoisement "invitation de courtoisie", dont le but n’est autre que la chasse de cet oiseau endémique menacé d’extinction.
Le privilège de tuer l’outarde, reviendrait désormais aux invités de marque du président de la République qui sont les familles royales des pays du Golfe, leurs ministres et diplomates.
Une espèce pourtant protégée en Algérie !
Pour rappel, l'outarde houbara, ce grand oiseau de la famille des Otididae (outardes), qui vit dans les régions arides en Afrique du Nord, est protégée par des conventions internationales et en Algérie par le décret n°083-509 du 20 août 1983 renforcé par l’arrêté du 17 janvier 1995. Elle est inscrite depuis 2004, sur la «liste rouge» des espèces en voie de disparition, par l’Union International pour la Conservation de la Nature (UICN), et l’a classée "vulnérable". L’outarde houbara est également mentionnée en Annexe I de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES), ainsi qu’en Annexe I de la Convention sur les Espèces Migratrices (CMS) (1). La chasse outrancière de cette espèce par les fauconniers arabes venus du golf a provoqué leur quasi-disparition, non seulement en Algérie, mais dans l’ensemble de l’Afrique du Nord.
Des centres de conservations émiratis ont relâché quelques outardes pour…mieux la chasser :
Outre la chasse de l’outarde à l’état sauvage, dont ils sont friand, les Émir arabes, sous couvert d’actions écologiques de réintroduction, ont poussé leur logique perfide jusqu’à créer des centres d’élevage, dans l’unique but de les relâcher pour ensuite les chasser. C’est ainsi qu’en 2008, une centaine d’outardes, ont été relâchées dans le désert algérien, puis chassées rien que pour le plaisir.
En 2012, pas moins de 1000 outardes qui ont été relâchées, près de Debbouche, à un millier de kilomètres au sud-ouest d'Alger, par le Centre émirati de reproduction d'oiseaux pour la conservation (EBBCC), puis disséminés aussitôt par ces mêmes Émiratis. "Le but final de ce projet est de démultiplier le nombre d'oiseaux afin de pouvoir organiser la chasse pour les Emiratis, car il s'agit d'un folklore dont ils ne peuvent se passer", expliquait à l’époque, à l’AFP, Said Echanti, l'un des responsables du projet.
Les oiseaux sont élevés par l'EEBCC dans un centre de reproduction de la région (la wilaya d'El Bayadh), et sont munis d’émetteurs permettant de les retracer par GPS, pour pouvoir les traquer par la suite.
Un prince saoudien tue 2000 outardes en une seule partie de chasse au Pakistan!
Quelques outardes introduites, ne peuvent renverser la tendance baissière de leurs nombre, sachant qu’en une seule partie, les Émirs chasseurs peuvent en tuer des milliers. La voracité de ces Émir, fait craindre le pire à notre faune nationale.
En 2014, la presse mondiale, alerté par un responsable du ministère des forêts de la province instable du Baloutchistan (sud-ouest du Pakistan), s’était indignée d’apprendre que le prince "Fahd Bin Sultan et son entourage ont utilisé des faucons spécialement dressés pour abattre de petites outardes houbara lors d'une chasse de seulement trois semaines". "Mais le prince a tué à lui seul 1977 oiseaux et les personnes qui l'accompagnaient 123", révélait à l’AFP (2), le responsable des forêts qui a préféré garder l’anonymat par peur de représailles.
Un braconnage sous escorte militaire !
Le plus étrange dans l’affaire est que des témoins, parlent de convois de 4x4 des Émirs arabes, escortés par des véhicules de la gendarmerie algérienne qui préfèrent chasser l’outarde sauvage. En 2012, le braconnage du ministre de l’Intérieur saoudien, Nayef Ben Abdelaziz, dans la région de Biskra, "qui était accompagné d’une délégation d’une cinquantaine de personnes dont des proches, amis et personnalités de la péninsule arabique", avait suscité l’indignation des habitants et de la presse nationale (3).
Alors que la chasse de ces espèces d'oiseaux est interdite au commun des mortels, les invités de marque du président, eux, jouissent d’un passe-droit tout particulier, leur permettant de transgresser les lois en toute impunité. Protection rapprochée, moyens logistiques de repérages, dîner à la belle étoile, guides, cuisiner…etc. Rien n’est jamais de trop pour satisfaire l’appétit vorace des Émirs voyous et de toutes leurs smalas.
Outre l’outarde, plusieurs espèces menacées d’extinction, sont sujettes au braconnage «légal» des invités du président Bouteflika. Il s’agit du guépard de l’Ahaggar, de la gazelle de Dorcas, et même du Fennec, l’emblème de toute une nation. Selon les estimations de l’année 2000 de Birdlife International, une association ornithologique, il ne resterait que 10 000 outardes en Afrique, dont 50 % en Algérie.
Hebib Khalil
(1) L’Outarde Houbara d’Afrique du Nord
(2) Un prince saoudien tue 2000 oiseaux menacés
(3) Algérie: L’outarde chassé par des émirs du Golfe malgré la menace d’extinction
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merci
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