Yennayer de l'an 3197 du calendrier amazigh: des guerres libyennes (-1180 a. J.-C) à aujourd'hui
Yennayer est un jour important du calendrier amazigh parce qu'il représente le début de l'année en concomitance avec celui du calendrier chrétien. Et à juste titre, la revendication d'une reconnaissance officielle auprès des Etats maghrébins et de la célébration de cette journée par une partie de la population nord-africaine et saharienne, nous permet de situer le rôle des rites traditionnels des sociétés agraires et pastorales dans la modernité. Pour une large part, les calendriers et autres almanachs reconstituent les rythmes de la vie agro-pastorale. Mais dans l'élan de l'action politique, un certain nombre d'activistes de la culture berbère revendiquent une ancienneté historique de la datation qui remonte à la conquête de l'Egypte par Chechong en 950 avant J.-C. Jusqu'à maintenant, la plupart des chercheurs (1) s'étaient contentés d'un calendrier strictement agro-pastorale sans aucun rapport avec la remontée historique aux temps anciens.
Introduction
Certes, la reconstruction de l'identité amazighe requiert chez beaucoup de chercheurs et autres activistes, une attention particulière sur l'ancienneté du peuplement berbère de l'Afrique du Nord et du Sahara. Une obsession des origines s'est installée comme requiem de l'authencité à prouver. La mise à l'épreuve des origines est devenue le cadre de toute analyse anthropologique. La nouvelle école d'Alger(2) et les assimilés, produisent un nombre important de travaux qui attestent précisément cette identification des origines. L'étendue du domaine et la profondeur de la durée, incitent les chercheurs de cette nouvelle école à développer un certain nombre de thèses innovantes ou compilatoires sur les différentes expressions de la culture berbère. Il s'avère que la tension existentielle des origines poussent ces derniers à revendiquer , une originalité méditerrannéene des populations berbères qui les distingue des autres par la continuité ininterrompue du peuplement depuis 20.000 ans,- voire de 40.000 ans s'il s'avère exact l'établissement d'un continum phylogénétique entre l'Atérien et l'Ibéromaurusien-, et une contribution majeure de la langue berbère dans les échanges socio-économiques avec les populations voisines du Nord et de l'Est de la Méditerranée.
Le Sahara comme il ne représente pas des enjeux noologiques (domination culturelle), il ne fait pas quant à lui, l'objet de débat virulent où les couteaux s'aiguisent ainsi que d'archarnés combats qui opposent les "authencistes" aux "repentis" de la dernière heure. A ce jour, il n'y a pas eu de confrontation intellectuelle avec les adeptes de l'afrocentrisme au sujet de la place de l'Egypte pharaonique dans l'histoire de l'Afrique. Et nous regrettons profondément que la documentation de l'Egypte pharaonique ne soit pas prise en compte par les autorités pour impulser de nouvelles vocations en Amazighologie. par contre, le Sahara regorge de matériaux ethnographiques et archéologiques. En effet, il est un réservoir inconmmesurable de l'authencité amazighe, langue, écriture, traditions culturelles, etc. Et faute d'une historicité féconde, il est considérablement mis à contribution pour établir l'originalité tant recherchée.
Le calendrier
Dans la préparation du cours(3) nous avons pris en compte le comput de la durée en présentant les unités de temps: le jour, le mois et l'année. La schématisation astronomique expose la variété des années, sidérale, anomalistique, diacoustique et tropique. Puis, nous avons passé en revue les différents calendriers: chaldéen, égyptien, grec et romain. Cette partie a été partiellement amputée. Quant au calendrier musulman qui est lunaire, il commence avec le départ du prophète Mahomet de la Mecque vers Médine (l'Hégire). Il compte douze mois:
Correspondance des noms berbères et arabes dans le calendrier musulman
Tab 1
Nom arabe Nom berbère
1. Mouharram Ta?curt (sud-est- Maroc) babiyannu (Ouargla) cashura'(Djerba)
2. sàfar Imtfer n Ta?curt (sud-est- Maroc) u deffer cacura
3. Rabia al awal Tirwayin (sud-est- Maroc) elmilud
4. Rabia ath-thani Imtfer n terwayin (sud-est- Maroc) u deffer elmilud
5. Joumada al oula Ateffas izwaren (sud-est- Maroc) melghes (Djerba)
6. Joumada ath-thania Ateffas wis-sin (sud-est- Maroc) asgenfu n twessarin "Le reste (l'espoir) de l'ancien" (Ouargla)sh-shaher n Fadma (Djerba)
7. Ràjab Win igurramen (sud-est- Maroc) twessarin "L'ancien"
8. Chaabane Taletyurte (sud-est- Maroc) asgenfu n remdan "Le reste (en attente)" Ramadan (Ouargla)
9. Ramadàn Ram?an (sud-est- Maroc) sh-shaher n uzum' "Le mois de jeûne" (Djerba)
10. shawwàl Iswi (sud-est- Maroc) tfaska tameshkunt "La petite fête" (Djerba)
11. Dhou al qi`da Inger la?yad (sud-est- Maroc)u jar-asneth "Un entre les deux (parties)" (Djerba)
12. Dhou al-hijja Tafaska (sud-est- Maroc)tfaska tameqqart "La grande fête" (Djerba)
Nonbstant la remarque de Jean Servier qui est une reprise par les rédacteurs de l'Ecyclopédie berbère (4), il est largement connu que le calendrier Julien s'est introduit dans le comput de la durée chez les paysans nord-africains sans que l'on sache exactement les modalités pratiques de son application dans les milieux ruraux. Avant de passer au calendrier julien, nous savons qu'il existe une multitude de calendriers en Afrique du Nord sur lesquels nous reviendrons plus loin. Il s'agit plus particulièrement de celui de Touaregs, présenté par M. Gast (5) et celui de Ouargla (6). Par ailleurs, et ce indépendamment de ce qui a été repris par l'encyclopédie berbère, il est établi qu'il existe une nomenclature des mois en berbère hérités de la période médiévale.(7) Nous avons jugé utile d'insérer quelques séquences historiques qui ont contribué à l'aggiornemento du calendrier julien.
Quelques repères historiques:
- Calendrier julien:
Jules César fit intervenir l'astronome grec Sosigène établi à Alexandrie et le prit pour conseiller. Il a été décidé que le futur calendrier ne tiendrait pas compte de la lune et il s'ajusterait le mieux possible à l'année. Le calendrier julien est essentiellement solaire. Ainsi, il a décidé que tous les quatre ans, l'année aurait 366 jours par l'introduction des années bissextiles. Il a été decidé que l'équinoxe du printemps coinciderait désormais avec le 25 du mois de mars. En même temps, César ramena le début de l'année du 1er mars au 1er janvier.
Inexactitude du calendrier julien
Au bout de quatre siècles, le calendrier julien est en retard de trois jours sur les saisons. Autrement dit, la date de passage du soleil à l'équinoxe avance de trois jours tous les quatre ans.
Le concile de Nicée
En l'an 325 après J.-C, le concile de Nicée fixa la date de Paques (calendrier eccclésiastique). Dans l'esprit des et pour les Pères de l'Eglise, la règle édictée devait associer le dimanche de Pâques à la première lune de printemps. Cette année-là, le début du printemps (l'équinoxe de printemps ) tomba le 21 mars. Dans les siècles qui suivirent, le calendrier julien continua naturellement à dériver par rapport à l'équinoxe.
La réforme grégorienne (1582)
La réforme opérée par Grégoire XIII comporte deux parties, l'une édicte les règles générales qui gouvernent l'avenir, l'autre concerne les dispositions destinées à rectifier les erreurs du passé. Pour ramener l'équinoxe au 21 mars, il suffisait de couper 10 jours à l'année 1582. Ce retranchement a été fait par le pape et l'Eglise romaine au mois d'octobre. L'an 1582 n'eut donc que 355 jours. Et dès l'année 1583, le 21 mars, coincida avec l'équinoxe de printemps. La loi destinée à conserver indéfiniment cette coincidence est à connaître. Grégoire XIII décide de soustraire trois jours tous les quatre ans. Il suffit de supprimer le plus régulièrement possible le caractère bissextil de trois ans parmi la centaine que le calendrier julien introduit en quate cents ans. Par conséquence:
- Premièrement: les années continuent d'être bissextiles de quatre en quatre ans.
- Deuxièment: le années séculaires cessent de l'être et deviennent communes, sauf, celles dont le nombre de siècles est divisible par quatre.
Inexactitude du calendrier gregorien
La correction faite est de 75 jours par siècle.
L'année julienne est de 365,25 jours.
L'année grégorienne est de 365,2425 jours.
L'année tropique est de 365,2422 jours.
L'année grégorienne est encore trop longue de 0.003 jour. En dix mille ans, le calendrier compte trois jours de plus et l'équinoxe tombera le 18 mars.
Le calendrier agraire des paysans maghrébins
Nous allons exposer les principaux traits du calendrier agraire de l'Afrique du Nord et du Sahara. Faute d'une connaissance précise sur les calendriers anciens, l'article de la moins savante Wikipédia nous informe des connaissances (les calendriers anciens et origine) lacunaires de l'ancienneté du calendrier berbère. D'autant plus que l'affirmation de Jean Servier est reprise par beaucoup de commentateurs pour attribuer une origine arabo-copte. Et précisément, aucune étude n'a été faite sur la documentation de la période charnière de la fin de l'antiquité tardive qui a bien été étudiée dans d'autres domaines, par Y. Moderan. L'historiographie christiano-byzantine doit sûrement être la source principale non précisée par J. Servier. Dans cette concordance de l'ensemble des vues de cette période, J. Hureiki en a abusé du même ressort historique pour donner une origine mythologique (culturaliste?) aux Touaregs. A la différence de l'historien français, ce dernier s'est intéressé à la question du comput du temps chez les Touaregs. Et encore plus loin dans le temps, nous pouvons retrouver des indices qui ont rythmé les proto-Berbères.
A titre indicatif, le calcul du temps d'ensoleillement des abris préhistoriques peut indiquer l'alternance de jours et des nuits qui a ryrhmé la vie de ces populations.(8) Dans la présentation en annexe de l'ouvrage de C. Roubet, B.Ferré a essayé d'évaluer la durée d'ensoleillement pour comprendre les conditions de vie dans ces lieux depuis VII mille ans. Nonbstant l'actualité sur l'origine "orientale" des Capsiens qui fait débat, on constate une juxtaposition des modes de vie et de culture sur toute l'étendue de l'Afrique du Nord et du Sahara. Cela suppose une pluralité de modes des états sociaux-économiques des populations de la protohistoire et de l'histoire concomitante. Donc, on peut envisager certaines populations qui répondent aux critères de la protohistoire et d'autres qui sont de plein pied dans l'histoire comme celles qui cotoient les Egyptiens antiques.
Pour revenir au mode de calcul initié par B. Ferré, il s'agit:
- de relations trigonométriques relatives aux triangles des sphères,
- de la correspondance existante entre le jour de l'année et la déclinaison du soleil,
- le "midi solaire local" atteint lorsque le soleil est à son point le plus haut,
- la correction bien définie, fonction de la longitude du lieu et de la date.
Par ailleurs, les préhistoriens s'intéressent aussi aux horloges et autres computs du temps de la préhistoire. Dans l'ouvrage collectif, quelque auteurs se sont mis à la tâche pour nous parler du temps de la préhistoire.(9)
En suivant l'encyclopédie berbère, il s'avère que la population nord-africaine et saharienne utilise quatre calendriers. Le calendrier julien pour l'agriculture, le caledrier hégirienne (lunaire) pour les fêtes religieuses, le calendrier grégorien pour l'administration et le calendrier ancien des mansions stellaires cité par M. Gast, qui reste mal connu.
Du fait d'une connaissance devenue très commune des calendriers hégirien et grégorien, nous allons nous pencher sur celui utilisé par les fellah maghrébins qui a un rapport direct avec le calendrier julien. Il se peut qu'il recèle des résidus de l'ancien calendrier que ne connaissons pas. Nous avons en notre disposition les études suivantes consacrées au calendrier des activités agricoles.
1- Le Calendrier agraire kabyle d'après Henri Genevois et Jean Servier (10)
2- Le calendrier agraire des Ouarglis d'après J.Delheure
3- Le calendrier touareg
3.1- Le calendrier de l'Ahaggar de M. Gast
3.2- Le calendrier de "Tombouctou" de J. Hureiki
3.2- Les mois berbères de N. Van den Boogert
La consultation de ces différentes études nous permet de présenter successivement le rythme des activités des populations du nord-ouest de l'Afrique qui occupent la plaine, les zones montagneuses ou les oasis sahariennes, et celles qui alternent entre les activités agricoles et le nomadisme.
Le calendrier agraire kabyle
Tab 2
Les mois
Latin Arabe Kabyle
Januarius Y-nnay-r (Ye)lnnayer
Februarius Fray-r Furar
Mars Mârs Meghres
Aprilius Abril (Ye) brir (ou: Beryel)
Maius Mayûh Maggu ( ou: Mayyu)
Junius Yunyuh Yunyu ( ou/ Yulyu?)
Julius Yulyuh Yulyuh (z)
Augustus ghust ghust
September St-nb-r Stember ( ou: Snuber)
October Aktuber (K)tuber
Novenber Nun-nb-r Nun(em)ber (ou wamber)
December Dj-nb-r Bu (ou: Du)-gember)
Les noms des mois en fonction des variations linguistiques en Afrique du nord (berbère et arabe)
Tab 3
Mois Chleuh (Sud Marocain) Kabyle (Algérie) Chaoui (Algérie) Berbère de Djerba (Tunisie) Arabe marocain
Janvier innayr (ye)nnayer yennar yennár yennayer
Février xubrayr furar furar furár febrayer
Mars mars me?res me?res mars mars
Avril ibrir (ye)brir brir ibrír abril
Mai mayyuh maggu mayu mayu mayou
Juin yunyu yunyu yunyu yunyu younyou
Juillet yulyu yulyu(z) yulyu yulyu youlyouz
Août ? uct ? uct ? uct ? uct ghoucht
Septembre cutanbir ctember ctember ctamber choutanbir
Octobre k?uber (k)tuber ktober ktúber ouktoubr
Novembre duwanbir nu(ne)mber nu(ne)mber numbír nuwanbir
Décembre dujanbir bu- (du-)jember jamber dujámber dujanbir
Il existe aussi un autre système assimilé qui par ignorance du sens du nom latin, certains ont imaginé qu'il était composé du mot berbère yan (le numéro "un"), on ajoute (a) Yur, Lune/ Mois, et sur cette base on reconstruit toute une série de mois, 1. Yenyur, 2. Sinyur, 3.Krayur, 4. Kuzyur, 5.Semyur, 6. Sedyur, 7.Sayur, 8. Tamyur, 9. Tzayur,10. Mrayur? 11. Yamrayur, 12. Megyur.(11) Notons que le site tizideeduc.e-monsite.com, publie un calendrier agricole kabyle plus détaillé.
Les saisons
Nous adoptons celles de Wikipédia et de H. Genevois parce qu'elles commencent en hiver alors que J. Servier fait l'entame de l'année en Automne. Notons que H. Genevois (p, 12) parle d'un calendrier agraire qui commence en Automne et que les saisons sont en avance de trois semaines sur le calendrier grégorien.
Tagrest: Hiver
Jember (Décembre): du 14 décembre au 11 janvier
Yennayer (Janvier) : du 12 janvier au 13 février
Tafsut: Printemps
Meghres ( Mars): du 14 mars au 13 avril
Ibrir ( Avril) du 14 avril au 13 mai
Mayyu (Mai): du 14 mai au 13 juin
Anebdu (Iwillen)
Yunuyu (Juin) : du 14 jui au 13 juillet
Yulyu (Juillet): du 14 juillet au 13 août
Ghust ou Awussu (août) : du 14 août au 13 septembre
Iweggiben (Amewan)
Ctember (Septembre): du 14 septembre au 13 octobre
Tuber (Octobre) du 14 octobre au 13 novembre
Wamber (Novembre) du 14 novembre au 13 décembre
La semaine
Tab 4
Jour A.B et INALCO Composition numérale
Lundi Arim Asinas
Mardi Aram Akras
Mercredi Ahad Akwas
Jeudi Amhad Asemwas
Vendredi Sem Aseydas
Samedi Sed Asamas
Dimanche Acer Aynas
Le calendrier de Ouargla
Jean Le Delheure (12) nous propose une présentation simultanée de deux caledriers qui sont intimement liés chez les Ouarglis. En effet, après avoir passé en revue le calendrier musulman dont les termes sont berbérisés (Ass, Jour-Asseggas, Année) et des rites religieux qui lui sont adjacents, il met un peu plus l'accennt sur ce qu'il appelle l'Année populaire ouarglie (Asseggas n At Wargran). L'année populaire ouarglie se distingue par les rites qui accompagnent les actvités agricoles liées à la production de la datte et accessoirement des cultures maraichères de la palmeraie. Nous retrouvons quelques grandes fêtes berbères dont a parlé J. Servier et H. Genevois: Imzi, la datte qui murit en gardant la couleur verte, Ançra (le feu du soltice d'été) et la Thounbia, la fête du blè, etc.
Le calendrier de l'Ahaggar
M. Gast(13) nous gratifie d'un schéma (p, 1117) pour illustrer le rythme économique des populations de l'Ahaggar. Afin de résumer l'activité économique des habitants de l'Ahaggar, nous allons comparer le calendreir de l'Ahaggar avec ceux des parties plus au Nord. M. Gast nous apprend que les quatres saisons de l'année julienne sont appelées respectivement, Tafsit (le printemps), Eouilène (l'été), Ameouane (l'automne) et Tagrest(l'hiver).
1- Tafsit: c'est l'époque de la floraison et des récoltes d'orge et de blè. Ele commence le 15 forar (sobrair). Ele correspond au 28 Fevrier de l'année 1965 ou le 26 Choual 1385. Elle se termine le 14 maiiou, le 27 mai 1965 ou le 26 mouharem 1385. Le printemps va du 20 mars au 20 juin 1965 selon le calendrier astronomique.
2- Eouilène: saison chaude, durant laquelle les pasteurs savent que l'on peut mourir rapidement de soif dansle désert. Elle débute le 15 maiiou, le 28 mai 1965, 27 mouharem 1385 et finit le 14 rouchchet (Aot), 27 août 1965, 29 rabia al thani 1385. L'été va du 21 juin au 22 septembre 1965.
3- Ameouane: époque de la récolte des dattes, du mil et du sorgho, ainsi que des semailles de l'orge et du blé. Elle commence le 15 rouchchet, 28 août 1965, 1er djoumad al aoual 1385, et finit le
14 ouanber, 27 novembre 1965, 3 chaabane 1385. L'automne commence le 23 septembre et finit le 21 décembre 1965. Tagrest: saison froide durant laquelle la sève ne monte plus dans les végétaux. Elle commence le 15 ouanber, le 28 1964, 4 chaabane 1384 et finit 14 forar, 27 février 1965.
L'hiver commence le 22 décembre 1964 et s'est terminé le 19 mars 1965.
Nous remarquons que la conservation des traditions chez les Touaregs est aussi marquée comme le reste des populations nord-africaine et saharienne situées plus au Nord, d'une copénétrations culturelle, romaine et musulmane. Toutefois, la copénétration culturelle héritée de la romanité est moins accentuée. En effet, ils gardent une certaine singularité du point de vue de la dénomination, du mode de vie et de l'environnement. Nous laissons de coté, tous les aspects rituels qui scandent leur vie de tous les jours.
Les mentions stellaires
Nous tenons de cet auteur, des noms des mansions stellaires correspondant à l'almanach agricole de Yahya Ibn Uahya Al-Ansi le yeminite(14) qui se caractérise par l'inexistence de formule religieuse islamique. En effet, ce dernier présente les sept cercles- dont aurait voulu voir la reproduction d'une copie de l'original pour avoir une meilleure idée- qui réprésentent successivement:
1- Jours de l'année agricole
2- Mansions qui indiquent les repères agricoles
3- Ce sont les mansions de l'année solaire
4- Ce sont les dates de l'ère chrétienne qui correpondent avec les mois du calendrier julien appelé "rumi" qui portent des noms en syriaque.
5- Ce sont les dates du calendrier julien qui correspondent avec les mois de la conjonction des Pléiades avec la Lune.
6- les signes du zodiaque au nombre de douze.
7- Cercle de la terre qui a deux mouvements: les mouvements journaliers ( tourne autour d'elle-même) et annuel (tourne autour du soleil).
Le calendrier touareg de "Tombouctou"
J. Hureiki (15) obsédé par le culturalisme chrétien comme s'il est établi qu'une population se définit par une culture incorporée, nous présente ce qui lui semble être un calendrier touareg. A l'entame,ce dernier reconnaît qu'il est impossible d'établir une relation d'équivalence entre trois calendriers juif,musulman et chrétien. Et il dit que le calendrier touareg qui lui a été donné est défini par rapport aux mois islamiques et il remarque que dans ce calendrier lunaire le décompte des mois se fait à partir de la lune, appélés Iyyor (14) en Tamacheq.
- Le premier mois est Tamesesdeq: au dixième jour de ce mois la pirogue de Noé a accosté. Il correspond au mois musulman de Moharem.Tamesedeq corespond également au premier jour de l'année, quise situe à l'apparition de la lune après le mois de Tabaski (Pâques touregue).
- Tourin Sanati comprend deux mois: Tiyyor Tazzaret est le mois de Sefr, Tiyyor Mawloud correspond au mois de Rabi Awwal.
- Azzimen Karat (Gharat) comprend trois mois: Azimazzaren, Asimenmas, Asimen Tagerden;
- Ténenméghart correspond au mois de Rajjab; Djenfou est l'équivalent du mois de Se'bane; Azzoum est l'équivalent au mois de Ramadhan; Tissis Sanatit: deux mois qui correspondent aux deux mois Sewal et Dou Al-Qadat. Tissabar comprend la fête de la Tabaski qui dure trois jours et dont le premier correspond au dixième jour après le premeir quartier de la lune. Il est l'équivalent au mois de Dou Al-Hijjat. L'apparition de la lune après ce mois est le nouvel an ou Tamesedeq.
Les noms des mois des Kel Ahaggar qui décomptent le temps par mois lunaires.(16)
Tab 5
Tamachak Arabe
tallit ta n azoum "mois du jeûne" ramdan
talit ta tasesé "mois du faire boire" feter
tallit n gir mouhden "mois d 'etre les prière" dou elkada
tallit en tafaske "mois du sacrifice religieux de l'aid el kebir" dou elhajja
Ligne de départ de l'année lunaire
tallit en tammessedek "mois de la dîme religieuse musulmane" achoura
tallit settefet "mois ayant été noir" sefer
tallit ereret "mois ayant été jaune" rebia aoul
tallit n douhim oua iezaren "mois du faon de gazelle tout jeune" qui ayant précédé" rebia tani
tallit n douhim oua ilkémen "mois du faon de gazelle tout jeune qui ayant suivi" joumas aoul
tallit en sarat "mois de sarat" joumad tani
tallit en ineslemin "mois des religieuses" rajab ou caban aou
tallit n amezzihel "mois de l'amezzihel" chaban tani
Le calendrier de Djanet, (17)
Tab 6
talit satafet mois noir en présence des kel issuf, junun?
talit talghat mois jaune
tag azum ramadhan
tesese boire ou tetete manger Aid esghair
djermuden mois entre les deux fêtes
amud wantafaske fête du sacrifice
Comparativement au calendrier de J. Hureiki, celui de M.Gast est très imprégné des rites islamiques. Nous retrouvons le même style d'analyse lorsqu'il s'agit des moments de la journée, p, 211.
Les mois berbères tirés des œuvres médiévales, (18)
Tab 7
Nom du mois "Signification"
1 tayyuret temzwarut première lune
2 tayyuret tenggwerat dernière lune
3 yardut ?
4 sinwa ?
5 tasra temzwarut premier gardiennage de troupeau
6 tasra tenggwerat dernier gardiennage de troupeau
7 awdayegh et yemzwaren Les premiers antilopins
8 awdayegh et yenggweran Les derniers antilopins
9 awzimet yemzwaren Les premiers petits de la gazelle
10 awzimet yenggweran Les derniers petits de la gazelle
11 ayssi ?
12 nim ?
A titre privisoire, nous acceptons les néologismes et autres "inventions ethnographiques" fondés sur des documents et autre mémoire vive. Mais, l'éparpillement documentaire et la non précision des sources, nous obligent à rester vigilant sur la possible falsification ou attribution fantaisiste de l'origne des objets de mémoire.
Que dit le calendrier des Berbères? (19)
Mis à part la distinction entre le calendrier et l'almanach, les articles de K. Chekour et de B. Iherkouken n'apportent rien de nouveau ni du point de vue ethnographique par rapport aux travaux existants. Tandis que l'histoire ancienne de l'Afrique du Nord est limitée à quelques approximations. Nous pensons que ces approximations sont très dommageables our l'histoire des Amazighs et que les auteurs en question ne référent pas assez aux travaux J. Yoyotte, P. Grandet et F. Colin.
Conclusion
A ce jour, l'idée d'un ancien calendrier émise par M. Gast (Les mansions stellaires du comput berbère), reste à ma connaissance inélucidée. A la croisée des mois berbères de la période médiévale, Tab 6, et quelques conjectures sur la manière de compter des Guanches, Voir: Tomas Arias Marin de Cuba, Historia de la Siete Islas do Canaria sur Inernet et (Barrios Garcia) ou, il est possible de remonter les informations aux sources byzantines pour vérifier l'origine copte dont parle J. Servier. Parmi les auteurs de cette période, nous retenons les noms de Jean d'Antioche et d'Anastase le carmélite et quelques autres auteurs comme les "agronomes cités par M.Faiz dans son introduction au livre de l'agriculture d'Ibn Awwam,(Traité de la culture des terres, Kitab filahat al ard, Livre d'agriculture romano-byzantine,la traduction de Sarjis Ibn Hilya et l'Agriculture nabatéenne, Kitab al filaha al nabattiya compile par Qthama le babylonien, sur Internet avec la traduction de T.Fahd p, 17, et p,39 , les sources et études), de cette période charnière de l'antiquité tardive.
Toutefois, les spécialiste des questions de l'histoire de l'agronomie oublie de citer le livre de L'agriculture de Magon. Au demeurant, la commémoration de yennayer est légitime eu égard à l'ancestralité amazighe, qu'aucun ne peut niée. Les agendas et almanachs doivent être adaptés à la réalité nationale de chaque pays.
Enfin et en fonction de l'exploitation de la documentation de l'Egypte ancienne, nous pouvons établir une chronologie, qui faute d'autres événements historiques antérieures connus, débute avec les guerres libyennes, c'est à dire, -1180 A.J.-C. Ce sont des événements historiques qui opposent les Libyens aux Egyptiens antiques. Il ne s'agit pas d'une conspiration de mercenaires libyens qui étaient à la solde des pharaons d'Egypte mais d'une guerre entre les nations de la Méditerranée orientale. A la différence de la fondation de la XXIIème dynastie egyptienne par Chechong qui reste quoiqu'on dise une histoire égyptienne, les guerres libyennes prennent une dimension regionale voir internationale dans l'histoire-monde qui s'écrivait au IIème millénaire A.J.-C.
Il résulte qu'en 2017, on est en l'an 3197 au lieu de 2967 qui coincide avec la prise du pouvoir par Chechong qui date de -950 A.J.-C. Et nous pouvons envisager un calendrier préhistorique aux temps des Capsiennes du VII millénaire si nous prenons en compte le mode de calcul de l'ensoleillement des grottes établi par C. Roubet et autres computs du temps chez les hommes préhistoriques.
F. Hamitouche
Notes:
1- A. F. Sayad L'agenda berbère, "Tibbur Useggaws", Editions L'Harmattan, Paris, 1982.
H. Genevois, Le calendrier agraire et sa composition, FDB I,no 125, Paris, 1975.
- le rituel agraire, FDB III, no 127, Paris, 1975
J. Servier, Tradition et civilisation berbères, les portes de l'année, Edition du Rocher, Monaco, 1985
2- C'est le nom qui nous donnons à l'école d'archéologie préhistorique maghrébine qui a succedé à celle de L. Balout , le fondateur de la première école et dont G. Camps puis M. Mammeri ont assumé la fonction transitive. Voir notre Syndrome de l'Histoire, l'archéologie historique, S. Chaker, S. Hachi et M. Hachid.
3- Cours donné à l'Ecole d'anthropologie de Paris, Amphithéâtre de la faculté de Medecine, Paris 1992.
4- Encyclopédie berbère no 11, Calendrier ,Nous lisons ce qui suit:" De son côté, J. Servier s'est longuement penché sur les questuons relatives à la mesure du temps et les rythmes des fellahs d'Algérie. Il distingue dan sles tradiitons deux types de calendriers, l'un très ancien dont les repères sont déterminés par l'état de la végétation et les révolutions de la lune, agrémentés de traditions astonomiques plus au moins bien comprises et généralement déformées. L'autre, d'origine plus récente, est le calendrier julien qui fut adopté par tous les cultivateurs du Nord de l'Afrique car il offrait un cadre commode dans lequel s'inscrivaient les grandes étapes du cycle annuel de la végétation. Ce calendrier a conservé, déformés par les parlers locaux, les noms latins des mois, mais contrairement au calendrier romain, ces mois sont divisés en mansions stellaires qui portent, en revanche, des noms arabes." Puis le commentateur ne s'empeche pas d'affirmer que: " J. Servier pense que ce calendrier n'aurait été introduit dans sa forme actuelle qu'après la conquête arabe et lui trouve une origine copte plutôt que d'y voir une persistance du calendrier romain, dont on aurait oublié les subdivisions en calendes, ides et nones."
5- M. Gast, Calendrier agraire de l'Ahaggar, EB no 11.
6- J. Delheure, Calendrier agraire de Ouargla, Mzab EB no 11
7- N. Van den Boogert, The names of months in medieval berber, Mémorial Werner Vycichl, L'Harmattan, Paris, 2002.
8- C. Roubet,Economie pastorale préagricole en Algérie orientale: le néolithique de tradition capsienne, Exemple l'Aurès, Editions du CNRS, Paris, 1979.
9- Le temps de la préhistoire,Tome 1, Archéologie comparée et premier calcul du temps, SPF, Paris, 1989.
10- Nous renvoyons les lecteurs aux ouvrages des deux auteurs cités dans lesquels, ils décrivent en détails, les différents rites agraires qui rythment la vie sociale.
11- R. Achab, La néologie lexicale berbère, 1945-1995,P, 270, Editions Peeters, Louvain, Paris, 1996.
12-J. Delheure, Vivre et Mourir à Ouargla, Editions, Selaf, Paris, 1988.
- Calendrier agraire de Ouargla (Mzab), E.B no 11.
13- M. Gast, le calendrier agraire de l'Ahaggar, E.B no 11.
14-M. Gast, L'almanach agricole yéminite de Yahya Ibn Yahya Al-Ansi, Mélanges offerts à L. Bernot.
15- J. Hureiki, Essai sur les origines des Touaregs, Edtitions Karthala, Paris, 2003.
16- M. Gast, les mesures de l'Ahaggar, TIRS XXI, Alger, 1962
16- Wikipédia, les noms des mois.
17- V. Batesti, Les échelles temporelles des oasis du djerid tunisien, Anthropos, Freiburg 2000, p 424
18- Van den Bogaert,
19- J. P. Marconot, K. Chekour et B. Iherkouken, le calendrier des Berbères, Fler, Montpellier, 2004.
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danke schoon